La grippe aviaire en recul au Vietnam, selon le gouvernement
HANOI - L'épidémie de grippe aviaire a connu des signes de ralentissement ces derniers jours au Vietnam, ont indiqué lundi les autorités vétérinaires, qui affirment vouloir la contrôler d'ici la fin du mois.
La situation s'est visiblement améliorée alors que le Vietnam a plus d'expérience dans la lutte contre une maladie qui ne touche cette fois que des petites fermes, a affirmé Bui Quang Anh, directeur du département de la santé animale du ministère de l'Agriculture.
"L'épidémie a montré des signes de réduction en raison des mesures positives prises par les autorités concernées", a-t-il estimé lors d'un point-presse.
Au total, 13 personnes sont décédées depuis le 30 décembre dans le pays après avoir été contaminées par le virus. La maladie a fait 33 morts au Vietnam et 12 en Thaïlande depuis son apparition en 2003.
Les deux derniers malades hospitalisés dans le pays après avoir été testés positifs au virus H5N1 sont sortis lundi d'un hopital de Hanoï, selon une source médicale de la capitale.
Selon les chiffres officiels, 35 des 64 villes et provinces vietnamiennes ont été contaminées, contre 56 à la même période l'an dernier. Plus de 1,4 million de volailles ont été détruites, soit 10% du nombre enregistré début février 2004.
La production des volailles pourrait reprendre dès le mois prochain si la situation sanitaire le permettait, a ajouté Anh.
Le Vietnam avait assuré en mars 2004 puis en octobre avoir maîtrisé l'épidémie, déclarations à chaque fois accueillies avec scepticisme par les experts étrangers, qui soulignent combien le virus sera difficile à éradiquer.
"Ce qui se passe cette année n'est pas une épidémie, c'est la résurgence endémique d'une maladie qui est là pour rester", a estimé lundi Anton Rychener, représentant de l'agence des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).
"Je n'accorderais pas trop d'attention à cette déclaration", a-t-il ajouté estimant que le Vietnam voulait "rassurer les gens avant le nouvel an" traditionnel, qui débute mercredi.
Bui Quang Anh a indiqué qu'un décret promulgué le 3 février par le Premier ministre Phan Van Khai permettait de contrôler plus strictement la production des canards, considérés comme des réservoirs du virus.
"L'élevage des canards et des cailles, élevés dans les zones inondées, la principale source de transmission de la grippe aviaire, est suspendu dans l'ensemble du pays entre le 9 février et le 30 juin", a-t-il souligné.
Le pays organisera fin février à Ho Chi Minh-Ville (sud) une conférence régionale réunissant tous les acteurs impliqués dans le monde dans la lutte contre le virus.
Agence France Presse - 7 Février 2005.
L'aide étrangère au Vietnam peu efficace selon Vétérinaires sans frontières
HANOI - L'aide de la communauté internationale au Vietnam pour lutter contre la grippe aviaire est peu productive en agissant dans l'urgence, alors que les réformes profondes seules seraient efficaces, estime Patrice Gautier, représentant au Vietnam de Vétérinaires sans frontières (VSF).
Q: Quel est votre regard sur la situation de la grippe aviaire aujourd'hui ?
R: L'analyse des données pourrait indiquer que nous soyons déjà sur la pente descendante. Dans quelques semaines, il faudra identifier les véritables points faibles du système et les combattre pour que l'hiver prochain soit moins touché que l'actuel et le précédent. La communauté internationale ne doit pas se précipiter en envoyant des experts ou des fonds dans l'urgence, comme en 2004.
Q: Comment jugez-vous à cet égard la dernière collecte de fonds des Nations unies ?
R: Elle est surprenante. D'abord, des fonds spécifiquement dédiés à la grippe aviaire sont déjà disponibles et il est peu probable qu'ils puissent être tous utilisés en 2005. D'autre part, des fonds non spécifiques financent déjà des programmes de développement de l'élevage au Vietnam, y compris de renforcement des services vétérinaires ou de recherche sur les maladies animales. La collecte de fonds supplémentaires ne pourrait se justifier que si des activités nouvelles étaient nécessaires. Or, la demande exprimée par la FAO (Agence onusienne pour l'alimentation et l'agriculture) le 3 février dernier concerne des activités déjà financées.
Q: Quelle analyse générale faites-vous du rôle des Nations unies et des grandes institutions dans la gestion de la crise du côté animal ?
R: L'an dernier, l'aide est arrivée trop tard. Un an après, on est en droit de se demander pourquoi, par exemple, la collecte d'informations épidémiologiques n'a pas été renforcée. En tant qu'organisation impliquée sur le long terme dans le pays, on s'attendait d'abord à un bilan. Nous répétons depuis un an que la "bonne organisation des services de santé animale est la première condition préalable à l'application réussie des stratégies, programmes et mesures de santé animale" (extrait des directives internationales). On ne peut raisonnablement pas espérer améliorer la surveillance des maladies et les mesures de contrôle tant que des dysfonctionnements trop gênants persisteront au sein des structures vétérinaires vietnamiennes.
Agence France Presse - 7 Février 2005.
Malgré la grippe aviaire, le poulet à l'honneur au nouvel an vietnamien
HANOI - La grippe aviaire peut bien décimer les élevages de poulets du Vietnam et emporter des vies humaines, il est des traditions auxquelles on ne renonce pas. Pour le têt, le Nouvel An traditionnel, les aïeux disparus se verront comme chaque année offrir une assiette de poulet bouilli.
"L'an passé, l'épidémie de grippe aviaire était encore pire et nous avions quand même mis du poulet dans nos offrandes. Alors pourquoi pas l'année du Coq ?," s'interroge Nguyen Thi Tra, une mère de famille de 52 ans.
Le têt, calqué sur les dates du nouvel an chinois (9 février), est plus qu'un simple passage à la nouvelle année.
Les célébrations rassemblent les familles élargies dans les villages, où on se retrouve dans de grandes libations pour oublier infortunes et colères, célébrer la mémoire des morts et l'avenir des vivants.
Chacun vient brûler quelques bâtons d'encens devant l'autel des aïeux. "Prier les ancêtres est extrêmement important pour les Vietnamiens pendant le têt", explique l'historien Le Van Lan.
"Nous invitons nos ancêtres à revenir en leur offrant deux cannes à sucre, comme un pont entre les deux mondes".
Les parents glissent quelques billets dans une enveloppe rouge pour les enfants. Les Vietnamiens d'outre-mer oublient les vieilles rancoeurs et reviennent les bras chargés de cadeaux.
Depuis des millénaires, le Vietnam fête le nouvel an du calendrier chinois. Le fruit de mille an d'une colonisation achevée au dixième siècle et dont les traces sont omniprésentes dans la culture et la langue du pays.
Et chaque année, le poulet est à l'honneur. Certains expliquent que l'animal dispose des qualités nécessaires pour mériter le respect.
Le Van Lan rappele que le coq est le symbole du dieu du Soleil, dont certains experts vietnamiens affirment avoir trouvé des preuves qu'il faisait l'objet de rites il y a plus de 2.000 ans.
"Ca ne repose sur rien de sérieux", tempère pourtant l'historien français spécialiste du Vietnam Philippe Papin, membre de l'Ecole Pratique des Hautes Etudes (EPHE).
"Il n'existe pas de sources vietnamiennes sur le Vietnam avant le 14ème siècle. Et les textes officiels et diplomatiques chinois avant cette période ne racontent rien ou presque de la vie de tous les jours des Vietnamiens", explique-t-il.
"Je serai plus tenté de penser que le poulet était simplement l'animal le plus répandu dans les campagnes, une petite marque de luxe plus abordable qu'un buffle ou un cochon".
Quoiqu'il en soit, le poulet est incontournable. Et tant pis si la grippe aviaire a fait 13 morts depuis fin décembre, 33 depuis plus d'un an.
Certaines familles plantent une plume de queue de coq dans un pilier de bambou placé à l'entrée de la maison familiale. Elle y reste jusqu'au septième jour de la nouvelle année avec le pouvoir de faire fuir les mauvais esprits.
"Mes parents vont m'offrir un coq et une poule dans ma province natale de Thai Binh", explique Dao Thi Thu, 25, une habitante de Hanoï. "Mon père a protégé ses poulets de toute influence extérieure depuis trois mois, donc ils sont sains", assure-t-elle.
La plupart des citadins achètent les leurs dans les marchés. Les plus inquiets chercheront les certificats de quarantaine délivré par les services vétérinaires.
Nguyen Thi Dung, une comptable de la province d'An Giang, dans le delta du Mékong, rappelle que l'essentiel est de ne pas tuer soi-même le poulet pour éviter toute contamination.
Les ancêtres, après tout, veulent juste une assiette de poulet bouilli.
"Pas besoin de s'inquiéter. Le poulet est toujours le meilleur plat du têt", assure-t-elle.
Agence France Presse - 7 Février 2005.
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