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Le Nouvel An vietnamien se prépare sous le signe de la grippe aviaire

Pour la seconde année consécutive, l'épidémie s'abat sur le pays, ruinant une foule de petits paysans et heurtant les mentalités. La filière du poulet est en crise.La grippe aviaire s'abat pour la seconde année consécutive sur l'industrie vietnamienne du poulet, sévèrement touchée par la chute des prix, à quelques jours des festivités du Nouvel An traditionnel (le 3 février), au cours desquelles la volaille est d'habitude un mets de choix. Depuis le 30 décembre, le virus a fait 9 morts.

Et même si aucun cas de contamination par la consommation de viande cuite n'a été identifié, les consommateurs des grandes villes comme Hanoï ou Ho Chi Minh-Ville hésitent de plus en plus à acheter œufs et volailles à une période où les producteurs voient normalement les achats exploser."Ma famille aime le poulet et les œufs mais j'ai arrêté d'en acheter depuis deux semaines", indique Nguyen Thi Thuy, une Hanoïenne de 54 ans. "L'an passé, on a fait un Têt [Nouvel An] sans poulet. Ça pourrait bien être la même chose cette année", explique-t-elle.

Des paysans ruinés

Mais pour l'industrie du poulet - essentiellement familiale - et les commerçants, la perspective d'un deuxième Têt sans poulet est cauchemardesque.Beaucoup ont repeuplé leurs élevages pour essayer de se refaire après l'épidémie de l'an passé. Ils s'apprêtent aujourd'hui à tout perdre de nouveau. De très nombreux paysans sont déjà endettés, voire en faillite.

"Le prix de nos poulets est passé de 20 000 dongs [1 euro] le kilo à 15 000 dongs [75 centimes], bien que la province ne soit pas touchée par la grippe aviaire", souligne Nguyen Van That, 43 ans, un fermier de la province de Bac Ninh (Nord). "On ne peut rien faire, les informations sur la grippe aviaire sont partout, à la télé, à la radio, se lamente-t-il. On ne va pas réussir à recupérer notre investissement parce que je pense que les prix vont continuer à chuter." La situation est pire encore dans le Sud, très touché par le virus H5 N1. "Il n'y pas de poulets au marché, explique un responsable du grand marché Binh Tay de Cholon, le bouillonnant quartier chinois de Ho Chi Minh-Ville. Il y a deux semaines, il y avait deux vendeurs. Ils ont arrêté car personne n'achetait."

Le commerce lui aussi touché

Dans les supermarchés, la situation n'est pas meilleure. Une responsable des ventes d'une chaîne vietnamienne indique avoir déjà plusieurs fois baissé les prix dans ses magasins. "Les prix et les ventes ont baissé de 30 % depuis décembre", assure-t-elle. Les autorités font le maximum pour sauver la filière et envisagent de mettre en place une chaîne de traçabilité, depuis l'élevage jusqu'au conditionnement. "Nous espérons offrir ces produits aux gens avant le Têt, mais ça dépendra des efforts des agences de l'Etat et des compagnies elles-mêmes", a précisé Le Truong Giang, directeur adjoint du département de la santé de Ho Chi Minh-Ville, dans la presse locale. "Si la grippe aviaire prend plus d'ampleur, notre projet sera sûrement affecté", a-t-il pourtant admis.

L'épidémie touche désormais un tiers des 64 provinces du pays, et plus de 600 000 volailles ont été abattues. Mais c'est bien moins que l'an dernier à la même époque, lorsque plus de 3,5 millions d'oiseaux avaient été détruits. "La grippe aviaire touche cette année les petits foyers qui élèvent des poulets, pas les grandes fermes comme l'an passé", indique Bui Quang Anh, le patron du département de la santé animale au ministère de l'agriculture.

Mais les neuf morts inquiètent. L'année du Coq ne s'annonce pas sous les meilleurs auspices. "Un repas sans poulet bouilli n'est pas un repas de Têt, grommelle Hoang Quy Luan, 71 ans. Mais notre vie, bien sûr, est plus précieuse."

Le Monde avec Agence France Presse - 26 Janvier 2006