Les livres à bas prix, un marché potentiel
Chaque année, les maisons d'édition lancent des programmes de promotion qui font le bonheur des passionnés de lecture.
Récemment, la compagnie de diffusion des livres de Hô Chi Minh-Ville (Fahasa) a vendu ses ouvrages à des prix sacrifiés : de moins 10 % jusqu'à moins 80 %. Avec à la clé un afflux considérable de lecteurs et un chiffre d'affaires colossal de plus de 2,5 milliards de dôngs. Auparavant, d'autres maisons d'édition comme Giao duc, Tre avaient baissé leurs prix et récolté aussi des profits substantiels. À côté de ces campagnes de solde, les amoureux des livres impécunieux et vivant à Hô Chi Minh-Ville ont tout bénéfice à aller fouiner dans les rues Trân Huy Liêu, Trân Nhân Tông ou Diên Biên Phu, près du parc Lê Van Tam. On y vend, outre des ouvrages d'occasion, des livres flambants neufs avec, au minimum, 20 % de rabais.
Pourquoi trouve-t-on des livres à si bon prix ?
À Hanoi, la rue Nguyên Xi, tout près du lac de l'Épée restituée (Hoàn Kiêm), abrite de petites librairies vendant des ouvrages à des prix étonnamment bas : de moins 20 % à moins 30 % pour les romans, contes, oeuvres littéraires d'auteurs nationaux et étrangers, jusqu'à 30-40 % sur des ouvrages scientifiques usuels. C'est au crépuscule que cette petite rue située à l'angle de la poste principale s'anime vraiment. Jusqu'à 23 h, des escouades d'amoureux des livres, de toutes couches sociales, passent au peigne fin les rayonnages, fourragent dans les piles de bouquins posés à même le sol. Le besoin de lecture est réel au Vietnam. Pour y répondre l'important c'est de proposer des livres à des prix accessibles.
Selon le directeur de Fahasa, Pham Minh Thuân, il s'agit d'imprimés qui se vendent sans frais intermédiaires (publicité, diffusion,...). Il y a aussi parmi eux des livres intéressants mais qui s'écoulent mal, faute de publicité. Et puis, il y a des ouvrages édités "sous le manteau", sans frais liés aux droits d'auteur ou à la traduction.
"Cependant, les nouveaux ouvrages, ceux de qualité, ne sont pas soldés", a souligné M. Thuân. Les professionnels de l'édition s'intéressent non seulement aux prix de vente mais aussi aux autres frais comme les droits d'auteur, la publicité, la diffusion. Les ouvrages réalisés par des voies parallèles, de manière frauduleuse, menacent la survie et le prestige des maisons d'édition.
Il semblerait qu'un marché des livres à prix sacrifiés pourrait être viable compte tenu des besoins de la population. À côté des frais obligatoires, d'autres pourraient être revus à la baisse. L'établissement d'ententes entre les maisons d'édition pour diminuer les prix des ouvrages afin qu'ils soient à la portée d'une majorité de lecteurs semble aussi réalisable.
Par Thu Trang - Le Courrier du Vietnam - 20 Septembre 2005
|