~ Le Viêt Nam, aujourd'hui. ~
Le portail de l'actualité vietnamienne

Année :      [2005]      [2004]      [2003]      [2002]      [2001]      [2000]      [1999]      [1998]      [1997]

Bandes et disques : La guerre contre le piratage est déclarée

Au Vietnam, les magasins de VCD ou DVD piratés ont pignon sur rue. Frein à l'expression artistique, le piratage menace l'industrie du disque. L'État a donc décidé de renforcer sa lutte.

Ce matin, j'ai décidé de faire une petite halte au magasin Hô Guom Audio de la rue Hàng Bài, à Hanoi. La jeune vendeuse me présente ses rayons. "Ici, les albums de Thanh Lam, Hông Nhung, My Tâm, là des chanteurs étrangers, un peu plus loin des airs pour enfants, des bandes dessinés en CD, VCD et DVD, des cassettes vidéos". Un choix impressionnant. Les prix aussi sont étonnants. Normal, tout ce qu'on propose ici ayant été piraté. Mes trois VCD ne m'ont coûté que 27.000 dôngs. Dérisoire! Hanoi et Hô Chi Minh-Ville sont de grands centres de production de CD, VCD, DVD et cassettes vidéos.

Les grandes maisons de production comme Saigon Audio, Phuong Nam Film, Bên Thanh Audio ou Hô Guom Audio Vidéo lancent chaque année de 15 à 20 programmes de qualité. Elles crient haro sur le piratage. "Nous devons investir de 350 à 400 millions de dôngs à chaque fois. Mais quelques jours après la mise en rayon, même quelques heures après, des copies sont déjà disponibles dans la rue", se plaint Pham Dông Hông, chef de Hô Guom Audio Vidéo. "À l'occasion de l'anniversaire de la libération de la ville, nous avons sorti une collection de 5 CD des 50 meilleures chansons sur Hanoi. Nous y avons travaillé pendant six mois. Mais deux heures après la mise en vente, des copies circulaient déjà. Incroyable!" Le piratage étrangle les maisons de production. Entre les salaires des artistes, les droits de reproduction, les taxes et la location des studios, leurs marges sont faibles. "Nous gagnons environ 1.000 dôngs par VCD vendu. Tandis que les fraudeurs, avec quelques graveurs et disques vierges somme seuls investissements, empochent de 2.000 à 3.000 dôngs !", fulmine M. Hông.

Pour les consommateurs, le piratage est plutôt une aubaine

L'année dernière, le Vietnam a signé la Convention de Berne sur les droits d'auteur. Le pays a donc des obligations à ce niveau. Vu Manh Chu, directeur du département des droits d'auteur, considère le piratage comme un pillage de la propriété intellectuelle. En plus, c'est un frein à l'expression artistique, à la créativité. Ainsi, les compagnies étatiques n'osent plus investir dans des programmes de qualité sachant pertinemment bien que le fruit de leur travail leur sera volé. Évidemment, les consommateurs voient les choses d'un autre oeil. Même s'ils sont conscients de l'impact extrêmement négatif de la contrefaçon sur l'industrie artistique en général, ils ne sont pas près de changer leurs habitudes.

Il pourrait sembler paradoxal que des artistes achètent des disques copiés. Et pourtant ! Ainsi, le chanteur Minh Quân avoue qu'il a acheté des CD piratés. Huy Tuân, un compositeur, est quant à lui, convaincu que la cohabitation avec un marché parallèle est inévitable. Il faut se faire une raison. D'autres ne sont pas de cet avis, notamment les producteurs, qui poussent l'État à prendre des mesures énergiques contre les fraudeurs, par des inspections ou un renforcement de la législation. Il est en effet étonnant que les boutiques qui vendent des disques piratés aient pignon sur rue. Qui les protège ? Ngô Thi Sy, inspectrice au ministère de la Culture et de l'Information, explique que des inspections sont menées régulièrement. Elle assure que son ministère coopère étroitement avec la police. Des milliers de disques sont saisis et écrasés sur le bitume par un rouleau compresseur. Opération coup-de-poing destinée à frapper les consciences. Prochainement, de nouveaux textes viendront renforcer l'arsenal juridique. Et la coopération entre la police, les douanes et les inspecteurs sera aussi accentuée.

En 2004, plus de 31.600 commerces ont été inspectés ; 241 ont été sanctionnés, 170 ont dû mettre la clé sous la porte. Et plus de 1,8 million de disques ont été saisis, dont plus de 2.700 disques pornographiques.

Par Lan Anh - Le Courrier du Vietnam - 2 Février 2005