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Scénario : faible quantité et piètre qualité

L'industrie cinématographique du Vietnam fait face depuis des années à un difficile déséquilibre : les studios de cinéma souhaitent produire des films soignés et 100 % "made in Vietnam", mais ils manquent cruellement de scénarios de qualité.

L'exemple de l'agence Lasta est significatif : fournisseur de films pour l'émission "l'Heure d'or des films vietnamiens" sur la HTV7 de Hô Chi Minh-Ville et confrontée à cette pénurie de scripts de qualité, elle choisit de travailler avec un scénariste hanoien du studio de films de fiction du Vietnam. Mais le résultat fut jugé peu satisfaisant, les différences régionales (langage, goût des spectateurs) provoquant des difficultés chez les acteurs et réalisateurs de Hô Chi Minh-Ville. En guise de solution provisoire, Lasta a désormais décidé d'adapter des scénarios achetés à l'étranger.

Le cas de Lasta n'est pas unique. Plusieurs studios vivent une situation similaire. M&T Pictures a ainsi réalisé des films calqués sur les succès américains. D'autres ont commandé aux scénaristes des adaptations d'œuvres théâtrales populaires. Quant à certains réalisateurs (tels Lê Hoang, Vu Ngoc Dang, Nguyên Quang Dung et Huynh Phuc Diên), ils se sont mis à écrire eux-mêmes des scénarios. Cette situation n'est pas nouvelle. À Hô Chi Minh-Ville, un grand centre du 7e art du pays, l'École supérieure des arts cinématographiques ne forme pas de scénaristes. Au Vietnam, seule l'École des arts scéniques et cinématographiques à Hanoi s'est dotée, il y a quelques années d'une faculté de formation des scénaristes, dont ne sortent que quelques diplômés par an.

Diplômé de la première promotion de l'École des arts scéniques et cinématographiques, Vu Ngoc Dang, réalisateur de Les jeunes filles aux jambes fuselées, remarque que " presque tous les réalisateurs de ma promotion écrivent eux-mêmes leurs scénarios. Ceux qui ne peuvent pas présenter un film, c'est parce qu'ils ne peuvent pas écrire de scénario ".

Trois milliards de dôngs au meilleur scénario

Ces dernières années, quelques scénaristes compétents sont devenus très chers. S'il est talentueux et travailleur, un scénariste peut non seulement bien gagner sa vie, il peut faire fortune. L'un d'eux a reconnu gagner 200 millions de dôngs par an en écrivant une dizaine de scénarios de films télévisés. La plupart des scénaristes au Vietnam sont pourtant des amateurs. Ils sont écrivains, réalisateurs, voire poètes. Il n'est alors pas rare de trouver que les scénarios manquent de professionnalisme. Dénués des détails qui enrichissent les caractères des personnages et des éléments vivants reflétant le réel, les films vietnamiens ne peuvent pas convaincre les spectateurs locaux qui exigent de plus en plus, selon un réalisateur. Pour encourager les scénaristes et créer une concurrence entre les studios, le Département de cinématographie a décidé de verser 3 milliards de dôngs chaque année au meilleur scénario (répondant aux normes sur les valeurs artistiques, idéologiques et humaines et abordant les questions de la vie).

Par Hiêu Duy - Le Courrier du Vietnam - 22 Septembre 2005