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Ea Sola lisse son Vietnam

Tuer l'orientalisme, l'exotisme du "truc asiatique" ! Tel est l'objectif souterrain de la chorégraphe Ea Sola, lorsqu'elle décide de reprendre le collier après cinq ans d'absence des scènes, pour remonter son premier spectacle, Sécheresse et pluie, créé en 1995, noyau dur de son oeuvre et soubassement de sa quête intime. Dans ce "volume 2", créé au Théâtre de la Ville à Paris le 7 novembre et repris en tournée, la chorégraphe, née au Vietnam d'un père vietnamien et d'une mère française, renverse la donne : les seize "dames paysannes" amateurs de la version originelle, âgées de 50 à 70 ans, ayant connu la colonisation et la guerre, laissent le terrain à douze danseurs professionnels du Ballet de Hanoï. La vieillesse de guingois contre la jeunesse impétueuse ; la gaucherie des gestes non travaillés contre la virtuosité sans bavure.

Ce changement entraîne une perte de cette substance identitaire forte qui avait marqué le territoire d'Ea Sola. En 1995, le collectage auprès des dames de gestes agricoles anciens, de danses traditionnelles villageoises, avait déterminé l'intransigeance de son minimalisme rugueux. La grâce brutale de ces femmes arc-boutées sur les photographies de leurs maris disparus dégageait une voie spectaculaire étroite, mais infinie, touchant à l'essence même du geste dansé. Ea Sola débordait la notion de spectacle pour accéder à un rituel universel autour de la souffrance, de la mort, du deuil.

Sur des percussions jouées en direct et des chansons traditionnelles, la nouvelle version campe sur des territoires gestuels contemporains plus repérés, plus fréquentés aussi. Nettement moins exceptionnels. Dotés d'une belle technique, interprètes conscients de leur prestation comme il se doit, les danseurs montent et descendent le plateau à grandes marches rageuses ou petits pas brisés, s'arrachent dans des déflagrations sèches, font semblant de se flinguer comme des gosses. Le rituel s'est évanoui, remplacé par un savoir-faire spectaculaire et distancié.

Rapport nerveux avec le monde

La guerre en revanche, qu'elle soit extérieure ou intérieure, ne cède pas totalement la place à la paix. Hérissés de spasmes, les danseurs explosent en gestes coupants qui hachent l'air menu menu. Avec tantôt des accélérations imprévisibles, tantôt des suspensions proches de l'immobilité, ils disent la tension permanente, racontent leur rapport nerveux avec le monde.

Après dix ans et quatre spectacles, Ea Sola se cogne toujours avec la même vigueur butée à l'absurdité d'une société qui préfère le chaos à la reconnaissance de l'autre. Au milieu des années 1970, alors qu'elle débarquait du Vietnam en guerre où elle avait vécu dans les forêts d'Annam, elle se livrait à des happenings sidérants. A Paris, on la croisait, allongée dans un carrefour, un pain de glace sur le ventre. Parallèlement, elle étudiait le théâtre classique français et participait aux expériences butô du Japonais Min Tanaka.

Avec Sécheresse et pluie, vol. 2, Ea Sola fait le pari du pacifisme, de la non-violence. Ce message-là reste enfermé dans le secret des corps, forteresses prêtes à exploser à tout instant.

Sécheresse et pluie, vol. 2, d'Ea Sola. En tournée à Combs-la-Ville (Seine-et-Marne), le mardi 15 novembre, à 20 h 30, à La Coupole, scène nationale de Sénart, rue Jean-François-Millet (tél. : 01-60-34-53-60) ; à Angoulême (Charente), le jeudi 17 novembre à 20 h 30, au théâtre, avenue des Maréchaux (tél. : 05-45-38-61-62).

Par Rosita Boisseau - Le Monde - 15 Novembre 2005


Spectacle de danse "Sécheresse et pluie" Vol.2 sous les feux de la rampe française

PARIS - Le spectale de danse "Sécheresse et pluies" Vol.2 de la créatrice française originaire du Vietnam Ea Sola Thuy est représenté à Paris durant ce mois de novembre et en d'autres villes de province comme Angoulême et Combs-la-Ville. En choisissant de recréer cette pièce avec douze danseurs du Ballet national de Hanoi et six musiciens, Ea Sola Thuy réalise un travail original de sensibilisation autour de la mémoire de la guerre, de la non-violence, de la glorification des valeurs culturelles et artistiques françaises enrichies de l'identité vietnamienne en France.

De l'image au corps, du mouvement à la voix, l'écriture de la pièce suit une partition de musique traditionnelle. Mais arrangements sonores et projections vidéos évoquent toujours un paysage quelque peu différent. Dans ce volume 2, la chorégraphe interroge le nouveau Vietnam, ce qu'il advient de son identité et de son histoire sous l'influence de la "globarisation". Les moeurs évoluent sous un autre regard, celui de la jeunesse.

La première représentation des spectacles qui s'est déroulée le 7 novembre au Théatre de la Ville de Paris et a été applaudie par le public français passionné de ballet.

Agence Vietnamienne d'Information - 16 Novembre 2005