Francophonie : apprendre le français, quelle idée ?
Dès le collège ou à l'université en deuxième langue vivante, les étudiants peuvent apprendre le français. Choisi ou subi, l'apprentissage de cette langue se déroule selon certaines motivations.
Quand ils sont encore à l'école primaire, les élèves lancent des "hello" aux touristes de passage au Vietnam. S'ils ont beau avoir quelques rudiments d'anglais, tous les étudiants ne choissisent pas pour autant la langue de Shakespeare dans leur cursus scolaire. "J'ai commencé le français à l'âge de douze ans, se rappelle Thanh Hang, mes parents m'ont envoyée en classe bilingue." Comme elle, ils sont nombreux à avoir débuté à la rentrée du collège, souvent pour suivre les envies de leurs parents. "On m'a obligé à apprendre le français, confie Minh, 27 ans, moi, je voulais savoir parler russe." Petit à petit, elle commence à apprécier le français et suit l'avis de ses enseignants qui lui conseillent de privilégier cette langue au russe. Minh est désormais professeur de français à l'École supérieure des Langues étrangères de l'Université nationale. D'autres étudiants attendent de ne plus être lycéen pour prendre en deuxième langue le français.
Concilier français et architecture
Cela faisait cinq ans que Nguyên Tuân Anh étudiait l'anglais quand il s'est lancé dans ses premiers cours de français. "Je suis intéressé par l'enseigement supérieur français dans le domaine de l'informatique" précise l'étudiant qui souhaiterait intégrer un IUT (Institut universitaire technique) en France. À 25 ans, Tông Canh Toan vient lui de se mettre au français pour parfaire sa formation d'architecte. "Je pense qu'il existe des liens historiques entre le Vietnam et la France, entre autres au sujet de l'achitecture, et poursuivre mes études dans ce pays ne peut m'être que bénéfique". En attendant une bourse pour partir, il mène un projet d'étude sur la lumière dans l'habitat traditionnel, dans la langue de Molière et écoute de la chanson française. "Mes nouveaux CD ont d'ailleurs donné à mon frère l'envie d'apprendre aussi le français", s'amuse-t-il.
Le français s'apprend aussi au masculin
"On a souvent tendance à penser que les classes de français sont majoritairement féminines, complète le professeur Minh, mais cela est plus une caractéristique des filières littéraires que de cette langue en particulier." Ainsi, si dans ses classes de l'École supérieure des Langues, les garçons se font rares, à l'Institut polytechnique, où elle fait aussi cours, on ne compte que deux filles parmi les 30 francophones. Dans les sections techniques, le français est principalement enseigné en deuxième langue, après l'anglais. "Les étudiants ont souvent à choisir entre le chinois et le français après le lycée. Comme ils connaissent déjà l'anglais, il est plus simple pour eux de poursuivre avec le français plutôt que d'apprendre les signes chinois", précise Minh. Elle remarque aussi que les étudiants francophones bénéficient de meilleures infrastuctures et de plus d'équivalences de diplômes avec le pays dont ils apprennent la langue, que les étudiants anglophones. Dông Thu Phuong a, elle, choisi le français car son grand-père, francophone, était capable de l'aider dans ses études. Après sept ans d'études c'est maintenant à son tour d'aider son aïeul pour la grammaire française. Enfin, My Linh et Nhu Hoa, francophones depuis 8 ans ont une formule implacable pour justifier leur choix : "l'anglais, c'est la langue du commerce, le français, celle de l'amour !"
Par Nicolas Barriquand - Le Courrier du Vietnam - 14 Février 2005
|