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La liberté religieuse au Vietnam sous haute-surveillance

HANOI - La question des libertés religieuses au Vietnam est sous haute surveillance, en particulier dans les hauts-plateaux du centre du pays, alors que Washington doit statuer d'ici un mois sur d'éventuelles sanctions à l'encontre du régime communiste. Le pays a été classé l'an passé par le Département d'Etat américain sur la liste des nations "les plus préoccupantes" en la matière. Et Washington doit décider au plus tard le 15 mars si Hanoï doit être sanctionnée. Le Vietnam semble, du coup, vouloir multiplier les gestes de bonne volonté.

Juste avant le nouvel an lunaire, plusieurs dissidents ont été libérés dont le célèbre prêtre catholique, Tadeus Nguyen Van Ly, qui était détenu depuis 2001. Simultanément, un geste a été fait en faveur des protestants des hauts-plateaux. Une instruction du Premier ministre Phan Van Khai début février interdit "toute tentative de forcer la population à suivre une religion ou nier (la sienne)". Elle assure que les cultes non officiels verraient leur reconnaissance facilitée et donne la possibilité aux protestants d'organiser des cérémonies religieuses chez eux, à condition qu'ils n'aient aucun contact avec l'ancien mouvement armé FULRO (Front uni de libération des races opprimées). Ce mouvement, aujourd'hui en principe dissout, s'était battu aux côtés des Américains pendant la guerre du Vietnam et a lutté contre le régime communiste jusqu'au début des années 90, avec pour objectif de créer un état indépendant. "Les protestants qui mènent des activités purement religieuses sont autorisés à organiser leurs messes à la maison ou dans des lieux appropriés", a expliqué à l'AFP un responsable des affaires religieuses.

Le texte "vise à séparer les meneurs opérant pour le FULRO et les autres", a-t-il ajouté. Toute pratique religieuse qui n'aurait aucune visée séparatiste serait ainsi autorisée. Un geste important dans un pays accusé de persécuter les protestants, détruire les églises et organiser des séances de renonciation forcée à la foi. "Il y a une volonté de lancer un message politique compte-tenu de la date du 15 mars", relève un observateur étranger. "La question des renonciations forcées à la religion, en particulier, était une des demandes des Américains". "Maintenant, il faut attendre de voir quelle sera la mise en oeuvre concrète de ces belles déclarations", ajoute-t-il.

Appliquée à la lettre, la directive pourrait contribuer à apaiser une partie des tensions dans les hauts-plateaux. Comme en février 2001, des milliers de membres des minorités ethniques et religieuses, essentiellement protestants, avaient manifesté en avril 2004. Ils condamnaient les confiscations de leurs terres ancestrales au profit notamment des producteurs de café de l'ethnie majoritaire kinh. Et réclamaient la fin des persécutions religieuses.

Comme il y a trois ans, les manifestations ont été réprimées, entraînant le départ vers le Cambodge de plusieurs centaines de réfugiés. Si la volonté de Hanoï de calmer le jeu semble jugée crédible par les diplomates étrangers, la réalité est moins claire à l'échelon provincial. "Les instructions du gouvernement ne sont pas toujours appliquées en bas de l'échelle", insiste l'observateur.

Le son de cloche est similaire au sein de la Commission sur la liberté religieuse internationale (USCIRF), un organe consultatif américain qui a milité pour les sanctions contre Hanoï. "Ces instructions sont une tentative du gouvernement vietnamien de régler certaines inquiétudes (...)", s'est-elle félicitée. Mais le texte reste "vague et ouvert à l'interprétation par les officiels locaux et les forces de sécurité (...). Nous devons attendre de voir les actions concrètes qui les accompagnent."

Agence France Presse - 18 Février 2005.