>Le Vietnam n’en a pas fini avec sa guerre...
Une récente enquête menée par le Network for Peace and Environnement a mis en évidence que, plus de 30 ans après, le pesticide 'agent orange' utilisé par les Américains lors de la guerre du Vietnam continuait à avoir des répercussions sur l'écologie et la santé des Vietnamiens.
L'agent orange est le surnom donné au plus utilisé des herbicides employés par l'armée des Etats-Unis lors de cette guerre. Ces herbicides servaient à défolier les forêts afin d'empêcher le Vietcong de se cacher, à dégager les installations militaires et à détruire les récoltes ennemies. Ces opérations de guerre chimique, qui débutèrent en 1961 avec le feu vert du président John Fitzgerald Kennedy, furent progressivement intensifiées jusqu'à atteindre leur apogée en 1965. Elles diminuèrent ensuite progressivement et finalement cessèrent en 1971, suite à de nombreuses protestations dans le monde et aux Etats-Unis même, de la part de scientifiques, d'un certain nombre de parlementaires et surtout d'anciens combattants américains. Cela étant, la prise de conscience a été tardive puisque selon l'Académie nationale des sciences des Etats-Unis, on estime aujourd'hui que près de 80 millions de litres de ce défoliant ont été déversés pendant le conflit, détruisant 14 % de la superficie forestière et plus de la moitié des forêts de mangroves. Près de 65 % des herbicides utilisés, contenaient de l'acide trichlorophénoxyacétique, contaminé à des degrés divers par une dioxine de type TCDD, une molécule capable d'induire des mutations génétiques.
L’étude menée par Network for Peace and Environnement, sur plusieurs zones du pays, montre que ces résidus de dioxine restent en quantités importantes dans les sols et cours d'eau. De fait, l'environnement et les habitants de ces régions subissent toujours les effets de ce composé toxique, cause, sans doute, des nombreux cas de cancer, d'infirmités et de malformations congénitales des générations ultérieures.
Plus de trente ans après le conflit, les plaies du Vietnam ne sont pas toutes refermées. Selon des statistiques, quelque 4,8 millions de personnes sont exposées à la dioxine et environ 3 millions d'entre elles en sont gravement affectées.
Quelle peine pour les Etats-Unis ? Après beaucoup d’hésitations les autorités ont fini par reconnaître l’existence d’un lien entre l’agent orange et les symptômes dont souffrent les anciens combattants américains : cécité, diabète, cancer de la prostate et des poumons, malformation des bras et des jambes, entre autres. En mai 1984, les firmes en accusation (une trentaine de sociétés et leurs filiales, dont Dow Chemical et Monsanto) ont obtenu un règlement à l’amiable, en versant 180 millions de dollars pour alimenter le fonds de compensation des anciens combattants souffrant de la dioxine. En revanche, aucune des centaines de milliers de victimes vietnamiennes n’a reçu un centime d’indemnisation à ce jour.
Par Cécile Fargue - Univers Nature - 16 Novembre 2005
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