Planning familial : les hommes ne s'impliquent pas assez
Le Vietnam figure parmi les premiers en ce qui concerne l'égalité des sexes, les soins sanitaires aux nouveau-nés et la scolarisation. Pourtant, dans le planning familial, la parité ne semble pas être de rigueur.
Pour le moment, le taux d'utilisateurs de moyens contraceptifs au Vietnam a atteint 75 %, soit une augmentation de 10 % par rapport à 1993. Cependant, seulement un quart des moyens contraceptifs était pratiquable pour les hommes. Dans les programmes de planning familial lancés sucessivement ces dernières années, le taux de participation des hommes ne dépassait pas 10 %.
Traditionnellement, les femmes asiatiques n'ont pas le droit de décider du nombre d'enfants. Cette question dépend de leur mari et de leur belle-famille. Dans les régions rurales, nombreuses sont les femmes contraintes à de fréquentes grossesses étant obligées d'enfanter un garçon à n'importe quel prix pour perpétuer la lignée.
À l'heure actuelle, beaucoup d'hommes ne veulent pas avoir recours aux moyens contraceptifs et sont allés à en empêcher l'utilisation chez leur femme. On recense même plusieurs cas de brutalités conjugales, liés au problème de contraception.
Souvent, les relations sexuelles non protégées sont finies par des grossesses non désirées et l'avortement. En dépit de gros efforts déployés dans le planning familial, le Vietnam fait partie quand même des cinq pays au plus haut taux d'IVG (interruption volontaire de grossesse) dans le monde, soit 1,4 million de cas par an. Malgré que le nombre des avortements ait diminué de moitié par rapport à 1995, le nombre de femmes entre 15 et 49 ans l'ayant déjà pratiqué au moins une fois représente 82,38 %. Le taux de complication après avortement et auprès du même public est très élevé, soit 8 %.
Selon les résultats de plusieurs enquêtes au Vietnam, 3,14 % des couples sont frappés de stérilité, dont 40,8 % d'hommes et 37,4 % de femmes, pour qui la cause serait principalement l'avortement volontaire.
Cette réalité montre que la sensibilisation, l'éducation sexuelle, la qualité des contraceptifs et la prise de conscience des habitants laissent encore à désirer. Malgré une restructuration complète du système, la fourniture de services sanitaires et de planning familial aux femmes s'avère encore insuffisante à cause de la pénurie de cadres compétents dans ce domaine, s'y ajoute un faible niveau professionnel, essentiellement dans les régions lointaines et reculées. Ainsi, il faut élever le niveau de connaissances non seulement des femmes mais aussi des hommes sur l'égalité et la sexualité et mettre l'accent sur la formation ainsi que sur l'investissement matériel en la matière.
Par Huong Linh - Le Courrier du Vietnam - 16 Septembre 2005
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