Impuissante face à l'épizootie de grippe aviaire, Hanoï s'inquiète
HANOI - L'inquiétude gagne le Vietnam quant à son impuissance à juguler l'épizootie de grippe aviaire, plus précoce cette année qu'auparavant, et qui fait craindre au Premier ministre un "désastre national" si les mesures nécessaires ne sont pas mises en oeuvre sur le terrain.
"La lutte contre la grippe aviaire a connu des lenteurs et manque d'efficacité dans plusieurs localités", a déploré dimanche le Premier ministre Phan Van Khai, selon le quotidien du Parti communiste Nhan Dan.
Critiquant sévèrement la mollesse de l'action des pouvoirs locaux et provinciaux, Khai a haussé le ton : "si nous laissons se produire une pandémie humaine, ce sera un grand désastre pour le pays", a-t-il indiqué au cours d'une réunion gouvernementale.
"Les risques d'une telle pandémie sont très élevés si la grippe aviaire n'est pas stoppée à temps dans le pays", a-t-il averti, relevant que l'"épizootie continue de se développer et est de plus en plus grave".
Le pays entame son troisième hiver consécutif face au virus H5N1, qui avait forcé la destruction de 45 millions de volailles au cours de l'hiver 2003-2004 et 2 millions en 2004-2005.
Les autorités espéraient s'être mieux préparées cette fois, comptant beaucoup sur une campagne de vaccination des volailles entamée en septembre. Selon les chiffres officiels, environ la moitié des 220 millions de volailles du pays ont été vaccinées.
Mais le résultat est plus que décevant.
Un million de volailles ont déjà été détruites. Les autorités annoncent quotidiennement la découverte de nouveaux foyers, qui touchent déjà 17 des 64 provinces du pays, dont 13 dans le nord. Soit des chiffres relevés aux alentours de la mi-janvier les années précédentes.
Mise à part une température anormalement froide, aucune explication n'a encore été apportée ni par les autorités vietnamiennes, ni par les experts étrangers, sur les raisons de cette poussée précoce.
La FAO, organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, partenaire d'une campagne de vaccination qui ne fait pas l'unanimité chez tous les experts, a indiqué à l'AFP cette semaine ne pas avoir encore suffisamment d'éléments.
Mais l'inquiétude de Hanoï se nourrit aussi de la difficulté à faire passer le message dans l'ensemble du pays.
Les paysans continuent de manger des volailles malades, les poulets et canards sont toujours transportés sur des motos qui échappent facilement à tout contrôle et l'information peine à remonter lorsque des cas suspects, humains ou animaux, sont identifiés.
Dimanche, le ministre français de la Santé, Xavier Bertrand, était à Hanoï dans le cadre d'un voyage qui le mènera aussi en Chine, pour mesurer "l'état d'esprit, l'état de préparation et l'état des besoins" de la région face à la maladie.
"C'est en réussissant à juguler l'épizootie qu'on diminue les risques de pandémie", a-t-il estimé dans un entretien avec l'AFP.
Le ministre s'est réjouit d'une "prise en compte complète du problème" par les autorités, après une rencontre avec son homologue vietnamienne, Tran Thi Trung Chien.
Mais Mme Chien "a reconnu l'incapacité des autorités à faire passer le message au niveau de la population", a-t-on indiqué dans l'entourage du ministre. "Sur le comportement alimentaire et le transport des volailles, ça ne passe pas".
A ce titre, le Premier ministre vietnamien a réclamé des mesures disciplinaires à l'encontre des responsables des régions où cette lutte a été menée de manière inadéquate.
Agence France Presse - 20 Novembre 2005
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