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Vietnam-France : La coopération s'élargit

"Historique et exemplaire, le partenariat franco-vietnamien est déjà d'une densité et diversité exceptionnelles", s'exalte l'ambassadeur de France au Vietnam, Jean-François Blarel (photo ci-dessous), en s'adressant au Courrier du Vietnam à l'occasion de la prise de la Bastille.

La coopération multiforme et durable entre le Vietnam et la France a été marquée cette année par plusieurs grands événements : la visite en France du secrétaire général du PVC Nông Duc Manh, l'organisation à Paris, en juin dernier, de Vietnam Expo 2005,... Parmi les divers volets de cette coopération, pourriez-vous, Monsieur l'ambassadeur, nous brosser un tableau des relations économiques et commerciales bilatérales ?

Les relations économiques bilatérales entre la France et le Vietnam sont d'une grande densité. En effet, la France est le premier investisseur étranger non asiatique au Vietnam, avec un stock d'investissements de 2,5 milliards de dollars (soit 5% du stock des investissements étrangers au Vietnam) et plus de 200 entreprises implantées dans des secteurs d'activité variés. Près de 20.000 emplois vietnamiens sont liés aux investissements français au Vietnam. Les investissements les plus emblématiques sont ceux d'EDF (centrale électrique de Phu My), de France Télécom et d'Alcatel dans les équipements detélécommunications, de Lafarge dans le secteur du ciment, de Sanofi-Aventis dans les produits pharmaceutiques, ou du groupe Bourbon dans la grande distribution (Big C). S'y ajoute une forte présence des entreprises françaises sur des projets structurants.

Les secteurs-clefs pour la poursuite du développement des relations économiques bilatérales sont l'énergie (centrales électriques, transport et distribution d'électricité, construction de la raffinerie de Dung Quat, coopération pour l'élaboration de la loi sur l'énergie nucléaire), les transports urbains et ferroviaires, l'aéronautique et le spatial, le domaine aéroportuaire, l'environnement (gestion de l'eau et des déchets de tous types), les télécommunications, le secteur cimentier, les services financiers, la grande distribution, et l'agro-alimentaire.

La France est également le second bailleur de fonds bilatéral au Vietnam, après le Japon, avec un engagement financier de 334 millions d'euros pour 2005. Les engagements financiers pris par la France dans le cadre des prêts bonifiés (soft loans) accordés au Vietnam pour 2005 ont atteint un montant record de 205 millions d'euros, venant s'ajouter à un encours de près de 150 millions d'euros. Cet effort financier exceptionnel reflète le soutien que souhaite apporter la France à deux projets essentiels. Le premier est le projet de transport ferré urbain de Hanoi (engagement de 165 millions d'euros), pour lequel les études financées par la France et effectuées par l'entreprise Systra seront terminées fin août 2005, ouvrant la voie à une décision des autorités vietnamiennes sur l'insertion d'une ligne pilote et le matériel roulant choisi. Le second projet phare pour 2005 réside dans une seconde phase de modernisation des équipements de signalisation et de télécommunications ferroviaires sur la ligne Hanoi-Vinh (engagement de 40 millions d'euros), à la suite du succès de la première phase réalisée par Alstom et Alcatel. Enfin, les échanges commerciaux entre la France et le Vietnam ont été multipliés par huit en dix ans pour atteindre 1,2 milliard d'euros en 2004.

Les produits pharmaceutiques représentent le premier poste des exportations françaises vers le Vietnam, et nous souhaitons bien entendu consolider cette présence des entreprises françaises sur le marché vietnamien dans un domaine crucial pour le bien-être de la population. Les biens d'équipement constituent le second secteur-clef pour nos exportations vers le Vietnam. Cela recouvre la fourniture par la France d'équipements technologiques modernes au tissu productif vietnamien dans des domaines aussi variés que la production et le transport d'énergie, et notamment d'électricité, les cimenteries, les télécommunications et plus généralement les technologies de l'information et de la communication.

Les produits agroalimentaires français, et notamment les vins et spiritueux, connaissent une forte dynamique le sur marché vietnamien. Nous souhaitons qu'elle se poursuive et attendons des autorités vietnamiennes la mise en œuvre de mesures améliorant encore l'accès au marché pour ces produits, notamment dans le cadre de l'accord commercial signé fin 2004 avec l'Union européenne et dont les textes d'application n'ont pas encore été publiés sur ce chapitre précis. La France soutient également l'effort de promotion des produits vietnamiens sur les marchés extérieurs, comme en témoigne l'organisation à Paris à la mi-juin d'un événement "Vietnam Expo 2005" qui a permis la mise en valeur de produits agroalimentaires et d'artisanat traditionnel du Vietnam. Ces échanges sont bien entendu appelés à se développer encore de manière significative, notamment via l'accession du Vietnam à l'OMC (Organisation mondiale du commerce) à laquelle la France accorde son soutien.

Vous étiez présent aux 6es Assises de la coopération de proximité vietnamo-française, organisées mi-juin à Huê. Quel regard portez-vous sur l'évolution de la coopération décentralisée entre les deux pays ?

Depuis 2001, la France s'est efforcée de donner plus de cohérence encore à ses actions et à y associer plus étroitement, lorsqu'elles le souhaitaient, les collectivités territoriales et les organisations non gouvernementales, en structurant son aide autour de cinq axes prioritaires : accompagner la réforme de l'État et le renforcement de l'État de droit, moderniser le système d'éducation et de recherche, accompagner la modernisation de l'économie, participer à la réduction de la pauvreté, promouvoir le transfert de savoir-faire dans le domaine culturel.

La Région Ile de France, l'Université Bordeaux III, les associations telles que Médecins du Monde, CODEV Viêt-Phap, Midi-Pyrénées Santé, et le GRET, furent parmi les pionniers de la coopération de proximité franco-vietnamienne, les uns à Hanoi, les autres dans les provinces : Huê, Lao Cai, Nghê An, Quang Nam, Hai Duong, Phu Tho, Cân Tho. En 2004, on recense 657 projets, dont 400 actifs, qui impliquent ou ont impliqué 567 partenaires français et 441 vietnamiens. Ces projets sont répartis sur 54 des 64 provinces vietnamiennes, 76 % étant concentrés sur les dix premières d'entre elles. Les domaines où les projets sont les plus nombreux sont la santé (23 %), le développement social (17 %), les sciences et techniques (12 %), l'agriculture (12 %). Les moyens d'actions les plus utilisés sont la formation (39 %), l'aide directe (21 %), la recherche (20 %), l'achat d'équipements (16 %). La part qui revient aux ONG représente 30 % des opérateurs, les structures universitaires et les instituts de recherche respectivement 24 et 17 %, et les collectivités locales 8 %.

La sixième édition des Assises de la coopération franco-vietnamienne a souligné l'importance de l'action extérieure des collectivités locales françaises. La loi de 1992, qui permet aux collectivités de conclure des accords sur toute question de compétence mutuelle, avec des partenaires de toute zone géographique et de tout profil économique ou social, à l'exception des Etats, leur donne en effet une grande liberté d'action dans le monde. Cette forme particulière de coopération a d'ores et déjà retenu l'attention de la communauté internationale à qui la place qu'elle pourrait occuper dans les politiques publiques d'aide au développement n'a pas échappé.

Le gouvernement français souhaiterait rechercher avec les collectivités locales une cohérence croissante à l'égard de sa propre politique de coopération. Il attache également de l'importance à l'articulation de son action avec les initiatives de la société civile, qui est désormais une dimension intégrante de la politique étrangère de la France, notamment au Vietnam. Ce sont ces associations qui, apportant une présence plus pérenne et plus proche, assurent le dynamisme et la multiplicité de notre approche. L'importance des financements apportés désormais par les ONG dans l'aide internationale pour le développement a conduit les bailleurs à souhaiter se réunir avec celles-ci dans le cadre du forum de haut niveau (FHN II) sur l'harmonisation et l'efficacité de l'aide de Paris de février 2005. Les ONG y ont été citées parmi les acteurs avec lesquels il est indispensable de dialoguer et de se concerter afin de mieux atteindre les objectifs du millénaires pour le développement (OMD), au même titre que les gouvernements, les collectivités territoriales, et les organisations internationales.

Par la création à Hanoi d'un Centre pour les études en France, il nous semble que les universités françaises portent un vif intérêt aux étudiants vietnamiens. Comment obtenir une bourse du gouvernement français ou suivre une formation dans une université de l'Hexagone figurent souvent parmi les questions que se posent les jeunes vietnamiens qui ont choisi la France pour continuer leurs études. Pourriez-vous donc nous préciser, Monsieur l'ambassadeur, la politique française dans la coopération éducative avec le Vietnam ?

L'enseignement supérieur est un des volets prioritaires de l'action française au Vietnam. Ces coopérations se font sous deux formes : - une action forte et ambitieuse des établissements universitaires français au Vietnam, au travers de plus de 150 accords universitaires avec les établissements d'enseignement supérieur vietnamien, qui visent à développer des formations au Vietnam - une action en vue de favoriser la mobilité des étudiants vietnamiens en France, premier pays européen pour l'accueil des étudiants vietnamiens avec près de 3500 étudiants inscrits dans les établissements d'enseignement supérieur français à la rentrée universitaire 2004 d'autre part.

Au Vietnam, depuis plusieurs années, la France a contribué à la création de centres de formation et à la mise en place de diplômes délocalisés des universités françaises : Centre de formation à la maintenance industrielle (CFMI), programme de formation des ingénieurs d'excellence du Vietnam (PFIEV), Centre franco-vietnamien de formations à la gestion (CFVG). La France a décidé de franchir une nouvelle étape et de développer un nouveau programme d'ampleur dans le domaine de la coopération universitaire, annoncé lors de la visite d'État du président Chirac au Vietnam : la création de pôles universitaires français. Ce projet, fondé sur la signature d'un protocole d'accord entre nos deux pays, accueillera des étudiants dès la rentrée universitaire 2006. Les formations, fortement articulées avec la recherche fondamentale et appliquée, seront dispensées dans les grands domaines scientifiques, tels que les sciences et technologies, les sciences de la vie et les biotechnologies , les Sciences Économiques et de gestion, les Sciences Juridiques et les Sciences Sociales et Humaines.

La France est fière de recevoir chaque année de brillants étudiants vietnamiens dans les établissements d'enseignement supérieur français. Un programme de bourses ambitieux est mis en œuvre chaque année, afin de donner plus de cent nouvelles bourses pour des étudiants vietnamiens qui souhaitent effectuer un master ou une thèse en France. En complément du programme de bourses de l'ambassade, nous intervenons de manière croissante pour mettre en œuvre des programmes en cofinancement avec nos partenaires vietnamiens. En tout, ce sont 519 étudiants qui ont bénéficié d'une bourse de l'ambassade de France en 2004. L'ambassade consacre plus du tiers, 35% exactement, de ses crédits annuels de coopération pour favoriser la mobilité des étudiants vietnamiens en France. La création des Centres pour les Études en France s'inscrit dans une politique volontariste et ambitieuse du gouvernement français pour renforcer l'attractivité de la France pour les étudiants étrangers. Ce nouveau service à destination des étudiants désireux de poursuivre des études supérieures en France permet une simplification des démarches. Les étudiants bénéficient ainsi d'un accompagnement tout au long de la construction de leur projet d'études en France, depuis la recherche d'informations sur les études en France jusqu'à leur départ effectif en France. Dans ce but, un outil moderne, performant, est proposé aux étudiants depuis un mois sous forme d'un site Internet : http://www.cefvietnam.org.

La France souhaite coopérer davantage avec le Vietnam dans l'énergie nucléaire civile et l'assistance française en la matière nous semble une des rares pistes sérieuses. Où en sommes nous ? Côté vietnamien et côté français ? Pourriez-vous nous fournir des informations plus amples sur ce sujet ?

Le Vietnam envisage de mettre en place, à l'horizon 2017-2020, une filière nucléaire civile lui permettant de desserrer la contrainte énergétique que l'on peut anticiper du fait de son développement économique très dynamique. La France fait partie des rares pays dans le monde à disposer d'une expérience de plusieurs décennies dans le domaine de l'énergie nucléaire, et des capacités industrielles et scientifiques correspondantes. Le Vietnam s'est donc naturellement adressé à la France pour le conseiller dans la rédaction de la loi sur l'énergie nucléaire.

C'est donc dans ce cadre qu'un accord de coopération a été signé en mai 2004 entre les deux pays. Depuis lors, plusieurs missions ont eu lieu au Vietnam, la dernière d'entre elles s'étant déroulée en juin 2005. Elle a vu l'organisation de contacts à haut niveau avec l'assemblée nationale, le ministère de l'Industrie et le ministère de la Science et de la Technologie, ainsi que la tenue d'un séminaire consacré aux questions juridiques liées à une filière nucléaire. Nous disposons donc à présent d'une coopération active et concrète dans ce domaine. Elle devrait se poursuivre par l'organisation d'un séminaire à Hanoi, à l'automne prochain, consacré au fonctionnement pratique de la filière nucléaire.

Les relations bilatérales ne cessent de se resserrer. Mais d'après vous, est ce qu'il reste encore des "terrains en friche" ou des domaines où nous pourrions mieux exploiter nos potentialités de coopération ? Quelles sont par ailleurs les priorités françaises dans les relations bilatérales pour les années à venir ? " Historique et exemplaire ", pour reprendre le qualificatif que lui a attribué le président de la République française Jacques Chirac, le partenariat franco-vietnamien est déjà d'une densité et diversité exceptionnelles. Je pense donc que nos efforts doivent plus porter à l'approfondir qu'à l'élargir encore à de nouveaux secteurs. Je prendrai pour exemple la coopération économique où la création d'un Haut Conseil pour la coopération économique franco-vietnamienne vise justement à identifier les secteurs d'intérêt pour nos investisseurs et les éventuels obstacles à ces investissements.

Quant aux priorités françaises dans les relations bilatérales pour les années à venir, elles sont d'abord de maintenir l'excellence du dialogue politique entre nos deux pays. Pour 2006, la France est aussi en train de définir les priorités qui seront assignées à sa coopération avec le Vietnam : celles-ci prendront en compte les priorités que le gouvernement vietnamien fixera pour son prochain plan de développement socio-économique (2006-2010). Ce souci d'harmonisation n'empêchera bien sûr pas une continuité avec les grandes lignes de l'aide française au Vietnam : agriculture, infrastructures, formation et santé, secteurs où la demande des autorités vietnamiennes est déjà forte.

Par Y Vi - Le Courrier du Vietnam - 14 Juillet 2005


Les investisseurs français mettent le cap sur le Vietnam

La France est l'un des partenaires majeurs du Vietnam. Première parmi les investisseurs européens, elle est aussi le 2e bailleur d'aide publique au développement (APD) après le Japon. D'après Fabrice Etienvre, conseiller économique et commercial de l'ambassade de France, et représentant en chef de l'Office économique français à Hanoi, 400 millions de dollars d'APD accordée au Vietnam cette année sera prioritairement réservée au développement de la circulation urbaine. Il s'agira notamment de la construction d'un réseau de tramway moderne à Hanoi et à Hô Chi Minh-Ville, de la modernisation du réseau de chemins de fer et de la protection de l'environnement. La priorité reviendra également à la rénovation du système de signalisation sur la voie ferrée Hanoi-Vinh et à la réalisation des projets sur l'alimentation en eau propre. Mais aussi à la construction des ouvrages de traitement des eaux usées dans les grandes villes du Vietnam, surtout à Hanoi, Hai Phong et Hô Chi Minh-Ville.

De bon augure pour les relations bilatérales

La France constitue le 2e bailleur de fonds d'APD au Vietnam (après le Japon) et le plus important donateur d'aide non remboursable. En ce qui concerne les projets d'investissement direct, le montant total s'est chiffré à 2,5 milliards de dollars versés pour l'essentiel dans les domaines de télécommunications, énergétique et de construction. "En ce moment apparaît une nouvelle vague d'investissements français, provenant des compagnies françaises actuellement opérationnelles au Vietnam. Il s'agit d'un signe encourageant. La société Lafare en est un exemple. Elle est une des nouvelles compagnies au Vietnam. Qualifiée de géant et spécialisée dans les matériaux de construction, elle déploie depuis deux ans plusieurs projets sur le territoire vietnamien, dont celui sur la construction d'une cimenterie. Lafare sera prochainement un investisseur français de premier plan au Vietnam", a estimé Fabrice Etienvre.

Le programme de construction de deux usines électroniques pour la période de 2017-2020, toujours d'après Fabrice Etienvre, était au centre des discussions de la dernière séance de travail entre des investisseurs français et leurs partenaires vietnamiens. Il a également fait part de la visite, prévue en octobre prochain, d'un groupe de 40 à 50 investisseurs français au Vietnam. Ces derniers se renseigneront sur les opportunités de travailler sur place. Il a souligné que le groupe France Télécom a, de concert avec les organismes vietnamiens concernés et d'autres partenaires, dressé une stratégie pour être un régulateur de premier rang au Vietnam dans les PTT. De plus, "la France a joué un rôle positif dans l'accélération de l'itinéraire de la signature de l'accord-cadre à l'adhésion vietnamienne à l'OMC en octobre dernier", a souligné Fabrice Etienvre.

Par Lê Hà - Le Courrier du Vietnam - 14 Juillet 2005