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Un cinéma tourné vers les spectateurs en débat

L'Association des cinéastes vietnamiens (ACV) a inauguré, le 28 juillet à Hanoi, son 6e congrès. L'édification d'un cinéma vietnamien professionnel et tourné vers les spectateurs était au centre du débat.

Comment faire pour que le cinéma national réponde aux attentes des spectateurs ? C'est la question majeure posée au 6e congrès de l'Association des cinéastes vietnamiens (mandat 2005-2010). Celui-ci a été inauguré le 28 juillet à Hanoi, en présence de 500 délégués représentant près de 1.400 membres. Pendant trois jours de travail, ces derniers devront apporter leurs contributions à l'édification du cinéma dans une économie marchande, à la rénovation de toutes les facettes de la profession (mécanisme de gestion et d'expertise des oeuvres, écriture des scénarios, qualité de production...). En particulier, la Loi sur le cinéma sera mise sur la table à cette occasion. Une fois en vigueur, elle favorisera le développement de la technologie de production des films.

En marge de cette conférence, tant d'opinions ont été exprimées par ceux qui s'intéressent à la qualité du cinéma vietnamien. Selon le metteur en scène Vu Ngoc Dang, pour attirer les spectateurs, il faut que les films soient intéressants et répondent à leur goût et leurs attentes. Ce dernier vient de remporter un succès populaire avec Les filles aux jambes fuselées. Son objectif c'est de conquérir les jeunes. Pour le metteur en scène Trân Luc, le succès d'un film dépend non seulement du scénario, mais aussi du budget pour les moyens techniques (son, lumière, montage, trucages...). L'acteur Phuoc Sang est convaincu que pour qu'un film soit attrayant, comédie ou drame, doit apporter aux spectateurs ce qu'ils attendent.

Suggestion : privatisation des studios d'État

Pour le secrétaire général adjoint de l'ACV, Trân Thê Dân, les films doivent non seulement satisfaire les spectateurs, mais aussi les orienter vers la beauté spirituelle et artistique. C'est ce que le cinéma vietnamien doit atteindre. Pour cela, souligne-t-il, les professionnels doivent rapidement remodeler leurs modes de pensée et de travail. D'autre part, l'État devra changer son mécanisme de subvention et de commande de films. Ainsi, "la mise en adjudication des scénarios est nécessaire pour améliorer la situation", a-t-il affirmé. Le metteur en scène Tât Binh, directeur de la compagnie de film de fiction No1 se penche plutôt sur le projet d'actionnariat des studios de films d'État. "Il s'agirait d'une politique rationnelle pour les studios d'États souhaitant s'intégrer à l'économie marchande du pays", dit M.Binh. Si le secrétaire général de l'ACV, Trân Luân Kim, met l'accent sur la formation des ressources humaines, l'acteur Phuoc Sang a suggéré de fonder une association des producteurs et des distributeurs de films pour que ces derniers conjuguent leurs efforts afin de donner au septième art, un bain de jouvence.

Par Thu Hà - Le Courrier du Vietnam - 29 Juillet 2005


Le cinéma vietnamien fait son Dôi moi

L'Association des cinéastes vietnamiens (ACV) doit se réunir le 28 juillet pour son 6e congrès. Une occasion pour jeter un regard rétrospectif sur les réalisations du septième art ces derniers temps.

Le cinéma vietnamien semble avoir surmonté sa crise, apparue à la fin du XXe siècle. Ayant trouvé son second souffle, il devrait se développer dans les temps à venir. Telle est l'opinion générale des cinéastes et aussi des spectateurs. La nouveauté, c'est l'entrée dans le milieu des producteurs de films privés. La politique d'État visant à encourager la socialisation du cinéma a vu, depuis 2-3 ans, la naissance d'une trentaine de studios de film privés. Leurs oeuvres de première main ont connu un certain succès. Cavalières, Cendrillons de la rue, Filles aux jambes fuselées, Si les hommes étaient enceints... tous ces films ont redonné le goût du cinéma national aux spectateurs. Ils ont obtenu des chiffres d'affaires élevés, le rêve de la majorité des films subventionnés par l'État. Cependant les films privés se limitent à un but commercial. Ils manquent encore de valeurs artistiques et humaines.

De nombreux feuilletons de 30, 40 voire 70 épisodes ont également été produits. Certains ont particulièrement touché le public : Terre du Sud , Vagues au fonds du fleuve ou Saison des feuilles mortes. Plusieurs films ont gagné des prix lors des festivals internationaux dont Vie de sable, Temps révolu et Gardien de buffles. Cependant, il existe d'autres films que les spectateurs qualifient de "simple et sans profondeur". Chaque année, sont réalisés quelque 700 films, dont 200 documentaires, 500 films télévisés et 8 à 10 films de fiction. Ces films, qui répondent seulement à 50% des besoins publics, ont néanmoins contribué à améliorer la vie culturelle et spirituelle de la population.

Une nouvelle ère pour le cinéma vietnamien

Selon un membre du conseil du jury national, les conditions déterminantes pour le succès d'un film sont un bon scénario, un metteur en scène qualifié et des acteurs professionnels. Mais actuellement, tous ces facteurs laissent à désirer. Les bons scénarios ne sont pas nombreux. Les metteurs en scène sont limités en quantité. À part quelques connus, les producteurs n'osent pas mettre leurs produits aux mains de jeunes metteurs en scène. Le choix des acteurs pour les films dépend souvent du but commercial. Ainsi, les mannequins et les chanteurs connus sont souvent préférés aux professionnels. L'interprétation des acteurs comporte donc moins d'émotions, si émotions il y a.

Le 6e congrès de l'ACV, qui s'ouvre le 28 juillet, sera une bonne occasion de mettre sur la table tous ces problèmes. "Il marquera un jalon important dans l'histoire de fondation et de développement du cinéma vietnamien: s'intégrer officiellement au mécanisme du marché", a affirmé Trân Thê Dân, secrétaire général adjoint de l'ACV. Une nouvelle ère s'ouvre donc pour le cinéma vietnamien, pleine d'opportunités mais aussi de défis.

Par Thu Hà - Le Courrier du Vietnam - 28 Juillet 2005