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La libération de dissidents au Vietnam accueillie avec circonspection

HANOI - L'annonce de la prochaine libération de six dissidents politiques et religieux au Vietnam a été accueillie avec joie mais aussi circonspection par la communauté internationale, qui soulignait mardi combien le régime de Hanoï restait rétif à toute liberté d'opinion et d'expression. Plusieurs organisations de défense des droits de l'homme se sont jointes aux Etats-Unis pour réclamer que les six prisonniers politiques dont l'élargissement a été annoncé lundi soient effectivement libres de toute pression policière et judiciaire.

Les autorités vietnamiennes "doivent assurer le droit de liberté d'expression pour tous au Vietnam", a indiqué la directrice-adjointe en Asie d'Amnesty international, Natalie Hill, rappelant que beaucoup d'autres dissidents restaient enfermés. "Nous espérons que (leurs) droits fondamentaux seront respectés et qu'ils pourront vivre librement, sans harcèlement ni intimidation", a-t-elle ajouté. Parmi les 8.325 détenus amnistiés à l'occasion du nouvel an lunaire, dont les célébrations commencent le 8 février, figurent six prisonniers condamnés pour "atteinte à la sécurité nationale". Seuls le prêtre catholique Nguyen Van Ly et le dissident politique Nguyen Dan Que ont été nommément cités par un responsable de la présidence vietnamienne.

Mais le département d'Etat américain a évoqué trois autres noms, ceux de Huynh Van Ba, alias Thich Thien Minh, membre de l'Eglise bouddhiste unifiée du Vietnam (EBUV, interdite), l'activiste Nguyen Dinh Huy et le membre de la secte bouddhiste Hoa Hao, Truong Van Duc. La libération simultanée d'autant de prisonniers politiques est une première au Vietnam. Mais les commentaires mardi témoignaient d'une certaine prudence sur le sort qui leur serait réservé.

"On ne peut qu'espérer qu'ils les laissent tranquilles", indiquait à l'AFP Jared Genser, président de l'organisation américaine Freedom Now. Les cas du Père Ly et de Que "étaient considérés comme des baromètres de la situation", ajoutait-il. "Est-ce que ça veut dire que la situation a changé en une nuit ? La réponse est non (...) mais c'est un pas dans la bonne direction".

Plusieurs observateurs soulignaient par ailleurs combien cette libération était liée aux pressions étrangères. Le Vietnam est régulièrement stigmatisé pour la main mise du Parti communiste sur la presse et l'enfermenent des opposants de tous bords. Le Congrès américain débat actuellement sur d'éventuelles sanctions économiques contre Hanoï, après le classement du Vietnam dans la catégorie des pays les plus préoccupants en matière de liberté religieuse. Le porte-parole du département d'Etat, Richard Boucher, a demandé mardi au Vietnam de permettre aux dissidents libérés et aux autres "d'exprimer leurs opinions politiques librement et de pratiquer leur religion en paix dans une atmosphère de tolérance et de respect mutuel".

A Paris, le Comité Vietnam pour la défense des droits de l'homme, constant opposant au régime communiste, a lui aussi réclamé les "pleins droits civils et politiques" des détenus libérés. Leur libération "ne doit pas être interprétée comme la preuve que tout va bien au Vietnam", a-t-il ajouté dans un communiqué. Un commentaire confirmé par un diplomate étranger en poste à Hanoï. "Selon nos informations, (les détenus libérés) ont dû donner des assurances aux autorités qu'ils feraient profil bas", a-t-il indiqué à l'AFP. "Mais le régime ne va certainement pas leur faire confiance. A part ceux qui sont très vieux, il est sûr qu'ils seront étroitement surveillés".

Agence France Presse - 1er Février 2005.