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L'art du Champa, royaume disparu du Vietnam, au Musée Guimet

Les temples et leurs sculptures étaient enfouis sous la jungle. Redécouverts à la fin du XIXème siècle, dispersés ensuite dans plusieurs musées, ces chefs d'oeuvre de l'art du royaume aujourd'hui disparu du Champa (Vietnam) sont réunis pour la première fois au Musée Guimet à Paris. Un total de 96 sculptures en grès et bronze ou pièces en or et argent, issues de temples en brique souvent détruits, sont présentées dans "Trésors d'art du Vietnam, la sculpture du Champa", une exposition qui s'ouvre mercredi 12 octobre jusqu'au 9 janvier 2006.

Plus des deux tiers des pièces présentées viennent du Vietnam (48 du musée de Da Nang, 15 de Ho Chi Minh-ville, sept du site de My Son dans la province de Quang Nam) auxquelles s'ajoutent 23 oeuvres du Musée Guimet, deux du musée Rietberg de Zürich et une du muséum de Lyon.

L'histoire ancienne de ce royaume, situé dans le centre et le sud du Vietnam actuel, est mal connue, indique Pierre Baptiste, commissaire de l'exposition, avec Thierry Zéphir. "Les premiers Chams sont venus vers le Vème siècle avant notre ère peut-être de la péninsule malaise", dit-il. Après une période d'apogée au Xème siècle, le royaume périclite au XVème avec l'arrivée du Dai Viet (Vietnam). Les Chams sont aujourd'hui une des 54 minorités ethniques du Vietnam, forte de quelque 130.000 personnes vivant essentiellement dans la région de Phan Rang.

Un art indianisé

"Dès le 1er siècle, on constate l'influence de l'Inde, ils adoptent le sanskrit, les moines viennent enseigner la bonne parole bouddhique, les brahmanes apportent l'hindouisme", explique M. Baptiste. "Entre le IIIème et le Vème siècle, ils montrent tous les fondements de la pensée indienne, c'est au Champa que l'on trouve les oeuvres les plus indianisées de l'Asie du sud-est", ajoute-t-il. Ainsi la statuaire, présentée suivant un schéma chronologique, évoque les deux grandes religions indiennes dont le culte était concomittant au Champa. Une stèle du VIIème siècle porte une invocation à Shiva, un linteau du VIIème, remarquablement conservé, montre Vishnu couché sur le serpent Ananta et la naissance de Brahma qui va créer le monde. Un Bouddha du VIII-IXème "Trésor National" prêté par le Vietnam, un Bodhisattva découvert en 1978 par un paysan qui cherchait des briques, évoquent le bouddhisme.

Une salle est consacrée à My Son, un site classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, dont les monuments s'échelonnent entre le Vème et le XIIIème. Des dikpala (gardiens de l'espace) qui protégeaient les points cardinaux, dispersés dans trois musées du Vietnam, sont réunis pour la première fois ici depuis 1903. L'exposition se termine par une salle plongée dans la pénombre "pour évoquer le crépuscule des chams au XVème", dit M. Baptiste. "Les sites sont abandonnés, de même que la représentation anthropomorphe des dieux ou des rois divinisés, et la tradition classique d'écriture en sanskrit".

L'exposition se termine comme elle se commence, par l'évocation des archéologues de l'Ecole française d'extrême-Orient (EFEO) qui ont commencé la mise au jour des vestiges au début du siècle. Des photographies anciennes, des dessins, un film des années 20 évoquent leurs premiers travaux. L'EFEO continue d'ailleurs à travailler sur le Champa, par le biais d'un atelier de restauration mis sur pied en 2002 au musée de Da Nang avec le Musée Guimet.

Trésors d'art du Champa, la sculpture du Vietnam, Musée national des arts asiatiques, 6 place d'Iena 75016 PARIS. Ouvert tous les jours sauf le mardi de 10h00 à 18h00

Agence France Presse - 11 Octobre 2005