Le Vietnam nouveau grand du caoutchouc
Après le café et le poivre, le caoutchouc. Voilà un troisième grand marché agricole international auquel le Vietnam s’attaque. Hanoï le claironne à l’envie. Le pays est devenu l’an dernier le quatrième exportateur mondial de caoutchouc naturel. Jusqu’à présent, il y avait trois grands exportateurs mondiaux, la Thaïlande, l’Indonésie et la Malaisie. A eux trois, ces pays fournissent 85% de la demande mondiale.
Mais la Malaisie est en train de quitter ce club prestigieux. Dans les années 1950/1960, les malaisiens étaient apparus comme de grands producteurs et exportateurs de caoutchouc. Peu à peu, ils ont cessé d’exporter pour transformer eux-mêmes cette matière première, ce qui a en partie fondé leur développement. Aujourd’hui, avec la croissance du niveau de vie et l’augmentation du coût de la main d’œuvre, les Malaisiens ne sont plus compétitifs sur les marchés internationaux du caoutchouc qu’ils désertent progressivement.
Désormais, quatrième exportateurs mondiaux, les Vietnamiens ont donc l’ambition de passer devant les Malaisiens, de grignoter une place de plus. Depuis une dizaine d’année, ils multiplient les plantations d’hévéas. Comme il faut six à sept ans entre le moment où l’on plante l’arbre et la première goutte de latex, il a fallu attendre un peu pour voir les premiers résultats. Mais les résultats sont là. Entre 2003 et 2004, la production de latex a fait un bon de 53%. Les exportations approchent des 600 000 tonnes. Cette croissance phénoménale s’explique d’abord par l’appel d’air chinois. En raison des gros besoins de la Chine, comme pour toutes les matières premières, le marché du caoutchouc s’est retrouvé quasi incapable de répondre à la demande. Les Vietnamiens ont trouvé un débouché évident, à des prix records puisque, résultat de la tension des approvisionnements, les cours mondiaux du caoutchouc ont viré l’an dernier au rouge incandescent. Cela ne peut que les inciter à accroître encore les superficies consacrées à l’hévéa.
Par Jean Pierre Boris - Radio France Internationale - 14 Janvier 2005.
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