~ Le Viêt Nam, aujourd'hui. ~
Le portail de l'actualité vietnamienne

Année :      [2005]      [2004]      [2003]      [2002]      [2001]      [2000]      [1999]      [1998]      [1997]

Vietnam - États-Unis : Regard vers l'avenir

Le Vietnam et les États-Unis fêtent, en ce mois de juillet, le 10e anniversaire de l'établissement de leurs relations diplomatiques. Nous publions ci-dessous de larges extraits de l'interview du ministre des Affaires étrangères, Nguyên Dy Niên, dans le journal Vietnam Economic Times (Thoi báo kinh tê Viêt Nam).

Pendant une décennie, grâce aux efforts des deux parties, les relations bilatérales ont pu se développer. Dans le futur, ces relations s'élargiront, prendront plus d'ampleur dans l'intérêt commun des deux pays. Il y a dix ans, suite à la décision de l'ancien président américain B.Clinton de normaliser les relations américaines avec le Vietnam, l'ancien Premier ministre Vo Van Kiêt avait déclaré : "Le gouvernement et le peuple vietnamiens se félicitent de la décision du président Clinton. Nous sommes prêts à dresser, de concert avec le gouvernement américain, un nouveau cadre pour nos relations bilatérales sur la base de l'égalité, du respect de l'indépendance, de la souveraineté, de la non-ingérence dans les affaires d'autrui, dans l'intérêt commun, conformément à la loi internationale". Ces dernières années, les traits principaux de ce cadre ont été, pas à pas, dessinés.

Avec la devise "Mettre à côté le passé pour se tourner vers l'avenir", les relations bilatérales se sont patiemment construites et développées dans différents domaines : politique, économie, commerce, défense, culture, santé, éducation, technique, coopération humanitaire, etc. Au sujet de la coopération politique, les deux pays ont créé des canaux de dialogue constructifs et francs à tous les échelons, entre secteurs, associations, organisations. Outre les visites de délégations politiques, économiques, commerciales, les dirigeants des deux pays se rencontrent aussi lors des forums internationaux et régionaux. Ce processus réaffirme nos souhaits, notre détermination commune d'établir des relations stables et durables.

Coopération tous azimuts

Concernant les relations économiques et commerciales, nous avons mis en oeuvre depuis décembre 2001, l'accord commercial bilatéral. Grâce à quoi, les échanges commerciaux sont passés de 1,4 milliard de dollars en 2001 à 6,4 milliards de dollars en 2004. Désormais, les États-Unis constituent un des plus grands marchés pour les exportations vietnamiennes. "Mais il ne s'agit que des premiers pas car nos potentiels commerciaux sont très grands", affirme M. Niên. D'autre part, les investissements américains au Vietnam restent encore modestes et ne reflètent pas la puissance financière de ce pays. Outre l'accord commercial, les deux pays ont également conclu d'autres conventions, mémorandums de coopération économique.

D'autre part, les questions relatives à la guerre ont fait l'objet d'une attention particulière. Le gouvernement et le peuple vietnamiens font de leur mieux pour assister les Américains à résoudre le problème des MIA (Missing in actions). Pour leur part, les États-Unis ont engagé des mesures pour régler les effets de la guerre : déminage, désintoxication, coopération dans la recherche sur les effets de la dioxine sur l'homme et l'environnement, résolution des conséquences des catastrophes naturelles, épidémies, informations sur les soldats vietnamiens disparus pendant la guerre.

Les relations de coopération dans les autres domaines (science, technique, éducation, formation, santé, travail, culture...) ont connu des avancées positives. Les relations bilatérales dans la défense et la sécurité se sont aussi normalisées. Les deux ministres de la Défense ont effectué des visites en 2000 et 2003. De même, des navires militaires américains ont mouillé dans certains ports vietnamiens. Les deux armées ont coopéré efficacement dans le déminage, la désintoxication... De plus, les deux pays s'échangent des informations concernant la lutte contre le terrorisme. "Cela montre que les relations bilatérales se développement progressivement dans toutes les directions", remarque M. Niên.

Des désaccords persistent

Cependant, tout n'est pas si rose et des désaccords continuent d'émailler les relations, comme les questions de démocratie, droit de l'homme, religion ainsi que des litiges commerciaux. Pourtant, M. Niên affirme que cela est normal, la culture, le régime politique, le niveau de développement et le facteur historique sont autant de différences que les deux parties doivent apprendre à surmonter. L'important est qu'elles établissent un mécanisme de dialogue pour la compréhension réciproque. Enfin, nous avons constaté une grande évolution au sein de la communauté des Viêt kiêu des États-Unis. Retourner dans leur pays d'origine est de plus en plus une chose normale. De nombreux Vietnamiens contribuent à édifier le pays à travers leurs projets d'investissement, programmes humanitaires, transfert de savoir-faire.

"En se basant sur ce qui a été entrepris depuis une décennie, de belles perspectives s'ouvrent aux relations bilatérales. Je suis convaincu que grâce aux efforts constructifs des deux parties, les relations Vietnam - États-Unis seront encore plus solides pour les dix prochaines années, plus amicales, stables, durables sur tous les aspects, conformément aux intérêts légitimes des deux peuples ainsi que ceux de la région d'Asie et du monde", conclut le chef de la diplomatie vietnamienne.

Par Viêt Anh - Le Courrier du Vietnam - 10 Juillet 2005


L'"américanologie", une discipline en essor au Vietnam

La section d'"américanologie" de l'Université des sciences sociales et humaines de Hanoi prend de l'ampleur au fur et à mesure du développement des relations bilatérales.

"Cette année, nous célébrons le 10e anniversaire de la naissance de notre section d'américanologie qui a coïncidé avec l'établissement des relations diplomatiques vietnamo-américaines en 1995", explique Duong Hông Anh, professeur à la Faculté des études internationales de l'Université des sciences sociales et humaines de Hanoi (Université nationale du Vietnam).

Selon Mme Duong Hông Anh, l'"américanologie" est une discipline relativement jeune, enseignée au niveau universitaire aux États-Unis depuis environ six ou sept décennies. Elle a fait son entrée en Europe occidentale à la fin des années 1960. Pour les Vietnamiens, les États-Unis ne sont pas une terra incognita, loin de là. Les deux pays furent ennemis pendant plusieurs décennies, ne l'oublions pas, ce qui les a poussés à s'étudier mutuellement en profondeur. De nos jours, à l'heure de l'ouverture économique, les journaux vietnamiens rapportent les nouvelles concernant la politique extérieure des États-Unis, la vie de leurs stars ou les dernières créations de l'industrie cinématographique hollywoodienne, très prisées par la jeune génération vietnamienne. Mais ce ne sont que des informations partielles qui sont loin de fournir aux lecteurs vietnamiens une vision globale et juste du pays de l'Oncle Sam.

Les Écoles normales supérieures ou l'Université des sciences sociales se sont limitées jusqu'à ce jour à présenter à leurs étudiants des connaissances plus ou moins générales de la littérature et de l'histoire contemporaine des États-Unis. "La guerre est finie depuis trente ans. Une étude intégrale sur les États-Unis s'impose parce que ce pays est devenu un partenaire économique et commercial du Vietnam. La coopération bilatérale se développe d'ailleurs également dans la culture, l'éducation...", explique dans un anglais impeccable Mme Duong Hông Anh, qui travaille depuis dix ans dans ladite section.

Mme Duong Hông Anh précise que la section d'"américanologie" est née de la section d'histoire de la même Université. Son envergure est encore modeste, ce qui n'empêche pourtant pas son influence de croître au fil des jours. "Les étudiants en dernière année de la section des relations internationales ont 45 heures de cours par semaine. C'est beaucoup par rapport aux autres disciplines. Le programme d'enseignement englobe l'histoire, les systèmes institutionnels et politiques, l'économie, la politique extérieure américaine, y compris celle des pays d'Amérique latine... Les cours sont donnés en vietnamien mais le seront aussi en anglais pour les étudiants parlant couramment cette langue", précise-t-elle, ajoutant que sous la houlette du directeur de la Section, le professeur Lê Thê Quê, le contenu de l'enseignement ne cesse d'être enrichi. Un livre relatant la décennie d'existence de la section va être publié à l'occasion du 10e anniversaire de celle-ci. Sous le patronage de l'Université des Sciences sociales et humaines, trois symposiums ont été organisés dans les années 1997 - 2003, témoignant du développement des études universitaires sur les États-Unis et de l'intérêt croissant des chercheurs et sociologues. "Le 3e séminaire, organisé en 2003, a réuni 150 scientifiques vietnamiens, américains et du sud-est asiatique. Nous ne pouvons que nous féliciter de l'assistance enthousiaste de l'ambassade des États-Unis à Hanoi, de la direction du Programme Fullbright, du Fonds d'Asie, ou de la Ford Foundation", s'enthousiasme Duong Hông Anh. Le Fonds d'Asie finance un projet de recherche et de formation en "américanologie" s'échelonnant sur trois ans, jusqu'à 2007. "Pour la documentation et les archives, nous comptons beaucoup sur la coopération du Service de l'information et de la culture de l'ambassade américaine".

La section d'"américanologie" de l'Université des sciences sociales et humaines de Hanoi a adhéré à l'Union des "américanologues" des États-Unis qui regroupe aussi des spécialistes internationaux. "Nous entretenons des relations avec des établissements universitaires de plusieurs pays, notamment de la région Asie. Ce créneau se développe fortement en Thaïlande, à Singapour et en Chine", indique le docteur Lê Thê Quê, convaincu que sa section a un bel avenir devant elle. "Nous préconisons à nos étudiants de se doter d'un bon background sur la société américaine, de diversifier leurs recherches. Une bonne partie du programme d'enseignement sera réservée dans l'immédiat à la politique extérieure américaine, notamment vis-à-vis du Vietnam", souligne-t-il.

Par Phùng Minh Trang - Le Courrier du Vietnam - 10 Juillet 2005