~ Le Viêt Nam, aujourd'hui. ~
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Wallonie - Vietnam: du chocolat aux incinérateurs

Plusieurs entreprises wallonnes se sont déjà risquées au Vietnam

HO CHI MINH VILLE - Le marché vietnamien est en phase d'ouverture. Ils proposent aux entreprises étrangères plusieurs formes d'implantations. Le bureau de représentation d'abord, qui est un simple pied-à-terre dans la place, mais qui permet de développer des relations commerciales intéressantes. L'entreprise mixte ensuite, associant capitaux étrangers et vietnamiens (souvent de proches ou de membres influents du parti) et enfin l'entreprise privée pure, désormais autorisée. Dans les faits, il faut souvent passer par les deux premiers stades avant d'arriver à racheter les parts vietnamiennes et de créer une entreprise au capital 100% étranger.

Plusieurs sociétés wallonnes s'y sont risquées. Certaines se sont contentées de décrocher un contrat, puis de l'honorer c'est le cas de la société ERI Basse-Sambre, qui a construit le seul incinérateur de déchets du Vietnam. Il traite en fait une partie infime des déchets hospitaliers d'Ho Chi Minh Ville (6,5 millions d'habitants). Quant aux déchets ménagers, absolument tout est à faire.

Une autre société, celle des Liégeois de Spacebel, a créé une société mixte avec les Vietnamiens de Saïgon Postel, afin de développer au Vietnam des logiciels haut de gamme. Enfin, les frères Safarian, Liégeois d'origine, ont été au bout du processus et ont implanté dans un parc industriel ultra-moderne leur propre usine de... chocolat. Du chocolat belge, commercialisé sous la marque Grand-Place à destination du marché local ou de l'industrie.

On le voit, les opportunités existent et devraient encore se multiplier dans les prochaines années.

Par Bernard Barbieux - La Dernière Heure (.be) - 24 Novembre 2002


Good morning, Vietnam !

Van Cau à Hanoï comme porte-drapeau de la coopération wallonne au développement

HANOÏ - Dans la foulée du commerce extérieur et parce que ses implications se rapportent de plus en plus souvent à des compétences dévolues aux régions, la coopération au développement sera régionalisée au 1er janvier 2004. Et même si le secrétaire d'Etat Eddy Boutmans, qui évolue de fait dans le giron du ministère des Affaires étrangères de Louis Michel est toujours compétent aujourd'hui, les régions et plus précisément la Wallonie multiplient les contacts et les accords bilatéraux au niveau international.

C'est ainsi qu'il y a quelques jours, Jean-Claude Van Cauwenberghe, qui n'a laissé a personne d'autre le soin de prendre en charge cette matière, débarquait au Vietnam pour y finaliser des accords de coopération initiés fin septembre avec le Premier ministre vietnamien en visite à Bruxelles.

`Avec les moyens qui sont les nôtres, nous ne pouvons bien entendu pas nous multiplier sur la scène internationale´, reconnaît le ministre-président. `C'est pourquoi nous avons décidé de concentrer nos actions sur les pays de l'Est, futurs partenaires au sein de l'Union européenne, sur les pays de la francophonie, dont fait partie le Vietnam et sur le Congo, qui reste un pays incontournable au coeur de l'Afrique et avec lequel la Belgique et demain la Wallonie doivent conserver des liens privilégiés´.

Dans plusieurs de ces pays, et notamment ceux de la Francophonie, la Communauté française et la Cocof travailleront de concert avec la région wallonne. C'est ainsi qu'au Vietnam, Van Cau portait également la casquette de représentant de la Communauté française. Et si la visite du ministre-président ouvrait la voie à une nouvelle ère, la coopération bilatérale entre la Wallonie et le Vietnam existe depuis dix ans déjà, ce qui fait de la Belgique un des pays occidentaux les mieux implanté sur place.

Une coopération embryonnaire certes, limitée à quelques projets APEFE et à une représentation très dynamique de l'Awex. Mais une coopération qui devrait rapidement s'intensifier grâce à la ratification d'un nouveau protocole d'accords. Soutien à l'économie de marché, au développement touristique - avec notamment des formations et un échange d'expérience dans le domaine des gîtes ruraux -, en agriculture, au niveau de la coopération universitaire, des classes bilingues ou de la culture, avec la mise sur pieds d'un festival de jazz, ainsi que des cours dispensés par Luc Dardenne aux candidats cinéastes vietnamiens.

La visite d'un chef de gouvernement a, semble-t-il, impressionné les autorités vietnamiennes et Jean-Claude Van Cauwenberghe a ainsi pu rencontrer de nombreux membres du gouvernement et notamment le vice-premier ministre N'Guyen Tan Dung. Un programme chargé qui a permis au ministre-président de la Région wallonne de faire étal de ses qualités (naissantes?) de diplomate, en se pliant au protocole particulièrement formel en vigueur dans la république socialiste, tout ne manquant pas de glisser une phrase en faveur du multipartisme et de la démocratie...

Par Bernard Barbieux - La Dernière Heure (.be) - 24 Novembre 2002


La Wallonie a pris de l'avance

Un des derniers bastions communistes s'ouvre à l'économie de marché

HO CHI MINH VILLE - Minuit. Le saxophoniste susurre le Wonderful World d'Armstrong tandis que je termine ma Carlsberg. Le petit bar en face du lac est plein à craquer. Dans le fond de la salle, deux types jouent au billard. Difficile d'imaginer qu'on est en plein centre de Hanoï, la capitale du nord du Vietnam. Flash. À deux mille kilomètres de là. Au sud. Encore une bière, cette fois sur la terrasse de l'hôtel Continental à Saïgon (pardon Ho Chi Minh Ville). C'est là, face au QG des GI's, que nos confrères suivaient le conflit vietnamien, que l'on appelle ici de façon assez révélatrice: la guerre des Américains.

Pas grand-chose n'a dû changer depuis. Saïgon a gardé cette atmosphère coloniale un peu vieille France. L'image que l'on a du Vietnam, ce sont les films de guerre (Good Morning Vietnam, Apocalypse Now, Platoon) ou ces images irréelles de beauté de Catherine Deneuve dans Indochine. Des images qui se sont arrêtées en 1975. La république socialiste du Vietnam tirait le rideau de la super-production hollywoodienne pour remettre un peu d'ordre dans toute cette propagande contre-révolutionnaire.

Aujourd'hui, à l'image du grand frère chinois, le Vietnam s'ouvre à nouveau. Au tourisme d'abord, avec 2,5 millions de visiteurs chaque année, à l'économie de marché ensuite, avec la signature d'accords bilatéraux particulièrement contraignants avec... les Etats-Unis. Et cette ouverture permet au visiteur de tirer plusieurs constats. D'abord, le Vietnam n'a pas fondamentalement changé. Bien sûr, avec ses 80 millions d'habitants, il est devenu un pôle incontournable du sud-est asiatique. Mais les lieux, les atmosphères, sont telles qu'on se les imaginait. Et le parti dominant reste relativement discret. Aux yeux de l'étranger du moins, car chaque vietnamien vous dira à quel point il est omniprésent dans sa vie de tous les jours. Et près de 30 ans d'efforts n'ont pas vraiment permis non plus d'unifier le Nord et le Sud, qui restent fondamentalement différents (et qui cultivent cette différence).

Mais de façon plus pragmatique, le Vietnam, c'est aussi un formidable marché pour nos entreprises. Un marché ou il faut se soumettre à la bureaucratie et à un contrôle de l'état qui se déserre doucement, mais un marché réel. Car on manque de beaucoup de chose au Vietnam. Notamment en matières d'infrastructures et de services. Un marché enfin, qui a, mais surtout qui aura des moyens considérables. Car le Vietnam dispose de richesses pétrolières importantes offshore. Des richesses encore mal exploitées (puisque le pétrole brut est exporté pour être raffiné, puis réimporté à grand frais), mais ce n'est qu'une question de temps. Et plusieurs entreprises wallonnes ont déjà compris l'enjeu de cet énorme marché.

Un des derniers dinosaures du bloc communiste, mais aussi pays émergeant avec une croissance annuelle de plus de 10%, tel est le paradoxe d'un Vietnam où tous, demain, voudront être présents, et où la Wallonie, présente depuis 10 ans, a déjà pris une longueur d'avance.

Par Bernard Barbieux - La Dernière Heure (.be) - 24 Novembre 2002