Le Vietnam lutte contre la montre pour lancer son premier satellite
Le Vietnam est engagé dans une course contre la montre pour
lancer dans l'espace avant début 2006 son premier satellite de
télécommunications, dont le constructeur étranger pourrait être désigné
avant la fin de l'année.
Initié en 1995, le projet n'a été approuvé par le gouvernement qu'en 2002.
Mais la rapidité des progrès du dossier, dans un pays où les projets de
cette ampleur sont soumis à de multiples signatures, montre que le temps
presse.
"Les Vietnamiens travaillent jour et nuit. S'ils n'ont pas lancé leur
satellite en février 2006, ils perdent leurs droits", explique un expert
étranger.
Confrontée à des lancements de plus en plus nombreux dans l'espace,
l'International Telecommunication Union (ITU), basée à Genève, demande aux
opérateurs qui réservent un espace orbital de l'utiliser dans un délai
préalablement défini.
"Si un pays annonce qu'il lancera un satellite sur une position donnée, et
qu'il ne l'a pas fait au delà de cette limite, l'espace redevient libre",
explique Gary Fowlie, porte-parole de l'ITU.
Une règlementation liée aux besoins de coordination des fréquences et
destinée à éviter qu'un satellite ne provoque "des interférences
dommageables pour d'autres services".
Hanoi devra donc faire vite.
Vinasat doit servir les transmissions des télévisions et des radios, ainsi
que l'aviation civile. Il est aussi censé améliorer la couverture des
communications des régions isolées du pays.
"Nous avons de nombreux problèmes techniques et administratifs à régler, en
particulier les fréquences, le financement, l'évaluation des intérêts
économiques, la coordination des services concernés", a indiqué à l'AFP un
responsable vietnamien du comité en charge du projet, sous couvert de
l'anonymat.
"C'est un sujet sensible", ajoute-t-il. "Mais je pense que ce délai peut
être respecté si nous intensifions nos efforts".
Le Vietnam a demandé un satellite clé en main.
L'entreprise d'Etat russe NPOPM, le consortium franco-européen Astrium
(EADS)-Alcatel Espace, l'Américain Lockheed-Martin, et le consortium
américano-japonais Nec-Toshiba-Orbital Science Corporation (OSC) se sont
succédé entre le 6 et le 9 septembre devant une commission ad hoc.
Les entreprises ont en principe rendu depuis une offre révisée et un rapport
sera déposé sur le bureau du Premier ministre dans les prochaines semaines.
"L'entreprise choisie devra tout réaliser, la fabrication du satellite et
son lancement, ainsi que la gestion en orbite", expliquait en août dans le
quotidien Lao Dong Robert F.Young, le directeur général de Lockheed Martin
en Asie-Pacifique.
"Un satellite est un outil de souveraineté. Un opérateur veut toujours être
autonome. Mais le contrat comprendra certainement une assistance technique
de plusieurs mois au moins", ajoute l'expert étranger.
Les ambitions du Vietnam sont modestes: Vinasat sera de taille moyenne, avec
entre 20 et 28 modules de communications diffusant chacun quatre à six
chaînes de télévision. Sa durée de vie n'excèdera pas les 15 ans.
Il devrait couvrir le Vietnam et d'autres nations asiatiques, en particulier
le Japon et la péninsule coréenne.
Les prétendants ont inclus dans leur dossier un projet de financement. Selon
l'expert étranger, le budget devrait dépasser les 200 millions de dollars.
"Nous choisirons l'entreprise qui répondra à notre demande et le prix sera
négocié ensuite", a indiqué le Dr. Luu Van Luong, consultant pour la Vietnam
Post and Telecommunication (VNPT).
Agence France Presse - 17 Septembre 2003.
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