''A la verticale de l'été'': les trois soeurs
PARIS - Il avait filmé ''Cyclo'' à Saïgon, c'est à Hanoï que Tran Anh Hung a situé l'action d'''A
la verticale de l'été'', son troisième film, qui sort mercredi dans les salles après sa présentation la
semaine dernière au Festival de Cannes dans la section parallèle hors-compétition Un Certain Regard.
Le jeune réalisateur franco-vietnamien, qui avait obtenu à Cannes la Caméra d'Or en 1993 pour son
premier film ''L'odeur de la papaye verte'', dresse dans son nouveau film le portrait de trois soeurs,
trois jeunes femmes complices qui partagent tout, qui se disent tout mais qui, chacune, garde caché un
petit secret.
Lien, 23 ans, travaille comme serveuse dans le café qui appartient à sa soeur aînée Suong et partage
son appartement avec son grand frère Hai, qui est acteur. Ils dorment dans deux lits côté à côté, font
leur gymnastique matinale ensemble, un tendre amour fraternel les unit et parfois les gens les prennent pour un couple.
A l'occasion de l'anniversaire de la mort de leur mère, Lien, Hai et la soeur cadette Khanh se retrouvent chez Suong pour
célébrer l'événement. Leur entente et leur complicité sont évidentes, mais les trois soeurs se doutent-elles qu'elles ne savent pas
tout?
Le mari de Suong, photographe, parcourt le pays pour la Société botanique de Hanoï et ses absences répétées déstabilisent le
couple et cachent un secret.
Le mari de Khanh, écrivain qui travaille à la maison, part faire un voyage à Saïgon et cet éloignement va là aussi mettre en péril
leur union, alors que Khanh est enceinte.
Lien, elle, n'a pas encore de mari mais est en pleine histoire sentimentale qui s'enlise dans l'indécision, ne sachant dire oui à
quelqu'un à qui elle ne trouve pas toutes les qualités de son frère.
Tentations, déceptions, aveux, malentendus, soupçons, séparations, retrouvailles: les trois soeurs vont se rapprocher davantage
encore, dans cette atmosphère d'amour familial que la pudeur n'empêche pas d'être très fort.
''Hanoï est le seul lieu que je connaisse qui me donne la sensation que les relations entre les hommes et les femmes peuvent
profiter d'une réelle nonchalance'', explique Tran Anh Hung. ''Je devais un film à cette ville''.
Tout en délicatesse, cultivant le goût des non-dits pudiques, de la sieste et de l'immobilité du temps, du culte des ancêtres et de
la force d'âme féminine, le réalisateur restitue l'ambiance particulière de ses deux précédents films, avec cependant quelques
longueurs et facilités esthétiques qui empêchent cette ''Verticale de l'été'' d'être une totale réussite.
Par Jean Michel Comte - Associated Press - le 22 Mai 2000.
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