Les Etats-Unis et le Vietnam vont enfin commercer
librement
WASHINGTON - Les Etats-Unis et le Vietnam, 25 ans après la fin de la guerre, sont
sur le point de signer un accord pour libéraliser leurs échanges commerciaux, cinq ans après le rétablissement de relations
diplomatiques.
De source officielle américaine, on a confirmé que le président Bill Clinton devait annoncer jeudi après-midi à la Maison
Blanche que les Etats-Unis ont conclu un accord commercial historique avec le Vietnam.
Ce sera la conclusion à dix jours de discussions entre le ministre vietnamien du Commerce Vu Khoan et la représentante
américaine au Commerce Charlene Barshefsky, et à quatre ans de négociations.
La partie vietnamienne souhaitait la présence de Bill Clinton, qui préside actuellement aux négociations israélo-palestiniennes de
Camp David, lors de cette signature. Bill Clinton avait annoncé la normalisation des relations diplomatiques entre les deux pays
il y a presque cinq ans, le 11 juillet 1995.
L'accord va faciliter les échanges commerciaux et le retour des investissements au Vietnam, et ouvrir la voie à son intégration
dans l'Organisation mondiale du commerce.
La baisse des barrières douanières américaines à l'importation permettrait notamment au Vietnam de concurrencer les autres
pays asiatiques pour les chaussures, les textiles et l'électronique. Le Vietnam a exporté pour seulement 609 millions de dollars
de marchandises aux Etats-Unis l'an dernier.
"Ils ont réalisé que sans accès au marché américain ils auraient de grandes difficultés à croître aussi rapidement qu'ils le
souhaitent", a estimé le professeur David Dapice, économiste du Harvard Vietnam Project.
Une tentative de signature avait échoué en septembre dernier, à la suite, selon les observateurs, de la vive opposition d'une
fraction conservatrice au sein du parti communiste vietnamien au pouvoir.
La facilitation des échanges entraînerait en effet une libéralisation du système économique. "Ils sont simplement arrivés à la
conclusion que le coût d'ouverture des services bancaires et de téléphone pour cinq à dix ans, avec des possibilités d'exception,
n'était pas si dangereux au regard des bénéfices", a estimé David Dapice.
Un accord renouvellerait les espoirs d'une ouverture favorable du marché vietnamien aux investissements étrangers. Ils sont
tombés de 8 milliards de dollars en 1996 à 1,5 milliard l'an dernier.
"Avec le temps, et 75 à 80 millions d'habitants, le marché grandira", a considéré le professeur Dapice.
Il ne faut pas en attendre de "gros bénéfice économique immédiat", a-t-il cependant précisé. En revanche "le bénéfice
diplomatique serait considérable", dans une région marquée récemment par l'instabilité en Indonésie.
L'accord n'entrera en fonction qu'après sa ratification par les législateurs des deux pays, et restera soumis à une révision
annuelle de sa bonne application par le Congrès américain.
Il ouvrira aussi la voie à l'admission du Vietnam à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). "C'est la première fois que le
Vietnam s'engage à ouvrir ses marchés de biens et services en accord avec les règles de l'OMC", avait indiqué le principal
négociateur vietnamien, Nguyen Dinh Luong, à la veille de son départ pour Washington.
Agence France Presse, le 13 Juillet 2000.
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