Quand les américains chiffrent la récolte vietnamienne de café
«Buvez du café !». Cette invitation faite aux
consommateurs vietnamiens, c'est une des
idées qu'on a eu à Hanoï pour éponger l'énorme
surplus de la production de café robusta dont le
Vietnam est devenu le premier producteur
mondial. Car l'an dernier on a tourné autour des
neuf cent mille tonnes de café. «Tourner
autour», l'expression est juste car comme le dit un négociant
parisien qui connaît bien ce pays, à cent mille tonnes près, on ne
sait pas ce qui est sorti des plantations vietnamiennes. Et on ne
sait pas ce qui va en sortir pour la prochaine récolte.
Cependant, dans un rapport qui vient d'être rendu public, le
représentant du ministère américain de l'agriculture à Hanoi
constate que le plan d'abattage de cent mille hectares de
plantations voulu par le gouvernement a échoué. Malgré la ruine
financière dans laquelle les a plongé l'effondrement des cours
internationaux du café, les tout petits producteurs vietnamiens,
ceux qui ont moins d'un hectare, gardent leurs arbres et
attendent une éventuelle remontée des cours pour faire la
cueillette des cerises. Ce qui conduit les experts américains,
dont les rapports sont toujours très attendus sur le marché
mondial à prévoir une récolte 2001 2002, celle qui vient de
commencer, d'environ huit cent mille tonnes.
Mais prévoir est un art très difficile. Il faut, photos aériennes et
ballades sur le terrain à l'appui, suivre pendant des mois la
floraison des arbres, l'émergence des fruits et leur
développement. Il faut surtout avoir de longues années de
statistiques pour pouvoir comparer. Autant dire qu'au Vietnam ce
n'est pas le cas et que malgré son image de sérieux, l'USDA
prend le risque de voir son chiffrage sérieusement démenti.
Et puis en bref, notez que le Vietnam a décidé de suspendre ses
exportations de riz jusqu’au mois de février prochain. Le second
exportateur mondial est en rupture de stock. Les exportations
vers l’Irak, l’Iran, les Philippines ou l’Indonésie ont drainé une
énorme partie de la récolte. Tellement que sur le marché mondial,
selon un trader, «depuis un mois et demi, le riz vietnamien est
trop cher». Conséquence, la petite récolte du mois de décembre
sera consacrée à satisfaire les besoins intérieurs et pas à la
demande extérieure.
Par Jean Pierre Boris - Radio France Internationale , le 23 Novembre 2001.
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