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Au 18ème siècle, un rebelle avait tenu Dien Bien Phu pendant plus de 30 ans

Le Vietnam s'apprête à célébrer le cinquantième anniversaire de la "grande" bataille de Dien Bien Phu, en 1954, mais la cuvette avait connu des combats deux siècles auparavant, lorsqu'un rebelle au pouvoir de Hanoï avait tenu la vallée face aux troupes impériales pendant plus de 30 ans.

En 1739, Trinh Doanh, le nouveau shogun ou maire du palais, prend possession d'un royaume gangrené par une quarantaine de rebellions qu'il entend mater. Mais deux hommes lui résistent, dont Hoang Cong Chat, installé dans la vallée de Muong Thanh, qui prendra en 1775 le nom de préfecture de Dien Bien (Dien Bien Phu), et que Philippe Le Failler, de l'Ecole française d'extrême-orient (EFEO), s'applique aujourd'hui à exhumer de l'histoire. Le choix du site par le rebelle n'était pas fortuit.

"C'est une constante de l'histoire du Vietnam : les montagnes constituent un refuge contre le pouvoir des Kinhs (l'ethnie majoritaire au Vietnam, ndlr) car les troupes impériales n'y vont presque jamais", explique l'historien. Les minorités ethniques, le froid, la malaria, la jungle effraient le peuple des plaines.

Il faudra attendre 1769 pour que Trinh Sam, fils de Doanh, attaque le "camp des 10.000 gerbes" de Chat, situé au sud de l'actuelle ville de Dien Bien Phu. Comme en 1954, armement et ravitaillement seront essentiels. "Ce qui importe à l'époque, rappelle le chercheur, ce sont les divisions blindées, à savoir les éléphants. Chat en avait sur place, habitués au terrain. Ceux des troupes impériales étaient plus des animaux d'apparat". Lorsque la vallée tombe aux mains du shogun, Chat est déjà mort et enterré.

Mais les habitants locaux n'ont pas oublié. "Il existe aujourd'hui un petit autel qui lui est dédié à Dien Bien Phu. Les populations locales, dominées par les Thai noirs, l'ont toujours vénéré notamment parce qu'il les a protégés de l'arrivée d'autres ethnies", souligne l'historien.

Agence France Presse - 11 Mars 2004.