Mondial-2002 : le travail et la vie quotidienne affectés
HANOI - La presse vietnamienne a exprimé mardi son inquiétude sur les
répercussions du Mondial 2002 de football, en Corée du Sud et au Japon,
sur
le travail des fonctionnaires et étudiants vietnamiens, qui regardent
assidûment les retransmissions télévisées pendant leurs heures de
travail.
"C'est la première fois que les Vietnamiens ne doivent pas veiller pour
suivre la Coupe du monde. Mais la plupart des matches se déroulent
pendant
les heures de travail", titre le journal des Sports (The Thao).
Selon le journal, plusieurs chefs d'entreprises ou de services étatiques
ont
dû autoriser leurs employés à regarder les matches au bureau afin qu'ils
ne
quittent pas leur lieu de travail pour aller regarder les
retransmissions
ailleurs.
"Tout pour le football", a estimé le journal en expliquant que deux à
quatre
matches par jour entraînent une inertie générale de production dans le
secteur public et poussent les travailleurs vietnamiens à régler
rapidement
leurs affaires dans la matinée pour pouvoir passer le reste de la
journée
devant la télévision.
Le journal anglophone "Vietnam Investment Review" s'est demandé
également
cette semaine "combien d'employés de bureaux et d'entreprises arrêtent
de
travailler pour regarder les matches et combien cela coûte à la
productivité
et à l'économie nationale."
Le journal Tien Phong (Avant-Garde) a de son côté tiré mardi la sonnette
d'alarme sur l'abandon des études dans les universités pendant le mois
de la
Coupe du monde en citant Tat Thanh Cang, président de l'Association des
étudiants d'Ho Chi Minh-Ville (sud).
Déjà trois morts
Depuis le début du Mondial asiatique, "les étudiants vont visiblement
moins
à l'école et cela affecte la qualité de leur formation. Ils participent
également à des paris clandestins sur le football", a déploré M. Cang.
La Coupe du monde 2002 est une occasion en or pour les parieurs
clandestins
d'assouvir leur passion et 75 parieurs ont déjà été interpellés.
Les jeux d'argent sont officiellement interdits au Vietnam, mais les
paris
sur les matches du premier Mondial organisé en Asie ne cessent de
s'amplifier au niveau national.
Le quotidien du Parti communiste Nhan Dan a dû réclamer dimanche des
"sanctions sévères" pour combattre le "fléau des paris" sur la Coupe du
monde de football, notamment à Hanoï et dans l'ex-Saïgon, ayant "affecté
profondément l'ordre social et entraîné d'innombrables autres délits
sociaux."
La semaine dernière, deux personnes avaient été tuées dans des courses
de
motos illégales organisées après un match du Mondial par des milliers de
jeunes à Ho Chi Minh-Ville, et une autre avait été tuée à coups de
couteau
lors d'une dispute liée à un pari dans la province voisine de Dong Thap.
Par ailleurs, une mère de famille de 20 ans a fait une tentative de
suicide
jeudi dernier dans la province de Ha Tay (nord) en buvant de la
mort-aux-rats, car son mari "abandonnait ses affaires familiales pour
rester
toute la journée devant la télévision", selon la police.
La Coupe du monde a enfin provoqué une baisse de 25 à 30% du tourisme
domestique depuis son début et les stations balnéaires restent
inhabituellement peu fréquentées en pleine saison des vacances d'été des
Vietnamiens.
Agence France Presse - 11 Juin 2002
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