Le Vietnam fête le Têt sous le signe de la crise économique
HANOI - Dépenser moins, mais faire la fête quand même: les
vietnamiens se préparent à célébrer à partir de lundi le Têt, le nouvel an
lunaire, et l'arrivée de l'année du Chat, avec moins de fastes que les
années précédentes en raison de la crise économique qui frappe la région
asiatique.
Les grandes villes, et notamment la capitale Hanoï, vivent dans
l'atmosphère euphorique qui précède chaque Têt, mais les habitants ne se
livrent pas cette année à la frénésie d'achats qui était devenue une
habitude depuis le début il y a dix ans du "Doi Moi", l'ouverture
économique du pays.
Les appels des dirigeants du pays, notamment du secrétaire général du Parti
communiste vietnamien (PCV), Le Kha Phieu, qui a demandé à la population de
fêter le Têt de manière "joyeuse mais économe", semblent avoir été
entendus.
Mais la vraie raison de cette attitude économe tient sans doute aussi à
l'entrée en vigueur le 1er janvier d'une TVA de 10% sur les biens de
consommation et à la réduction des primes que les entreprises et
administrations versent à leur employés à l'occasion de la fin de l'année
lunaire.
"Même si le gouvernement ne nous avait pas demandé de faire des économies
pendant le Têt, notre famille aurait réduit fortement ses dépenses car 1998
a été une année très difficile et je pense que cette année le sera encore
plus", estime Nguyen Thi Toan, une commerçante du marché de Hang Da, au
centre de Hanoï.
Le Vietnam n'a pas connu début 1999 de boom de la consommation, ni de
flambée phénoménale des prix à l'approche du nouvel an lunaire. Alors que
la consommation augmentait d'environ 10% chaque année au mois de janvier,
les ventes de détail ont chuté cette année en janvier de 2,8% par rapport à
décembre, selon des chiffres du Département général des statistiques.
Ainsi Mme Thi Hoa, une enseignante mère de famille compte dépenser cette
année "1,5 million de dongs seulement (100 dollars) alors que les années
précédentes, j'avais dépensé entre 2 et 2,5 millions de dongs",
Mais ces restrictions ont été contrebalancées par une décision qui devrait
redonner un côté plus festif aux célébrations du Têt. Les feux d'artifice,
interdits depuis 4 ans au Vietnam à la suite d'accidents mortels provoqués
par les explosions, vont être à nouveau autorisés.
Dans les trois grandes villes du pays, Hanoï, Hué (centre) et Ho Chi
Minh-Ville (sud), des feux d'artifice organisés par le ministère de la
Défense et les Comités populaires seront tirés à minuit le 15 février. Ils
ne devront cependant pas pas durer plus d'un quart d'heure et les pétards
restent interdits.
La dernière semaine de l'année lunaire a également été l'occasion pour les
habitants de se conformer aux traditions, parfois empruntes de
superstition, et tolérées par les autorités de l'un des derniers pays
communistes.
Les enfants ont relâché dans les lacs et rivières des carpes chargées de
porter des messages des "génies de la cuisine" à l'Empereur de Jade dans
son palais céleste, les adultes ont fait provision de branches de pruniers
en fleur achetées aux vendeurs qui parcourent les villes en vélo.
Les maisons ont été nettoyées de fond en comble ou repeintes, les autels
familiaux ont été remis à neuf, les brûle-parfums de cuivre ont été polis
et des millions de Vietnamiens se sont rendus dans les temples et les
pagodes pour s'attirer les bonnes grâces du Ciel.
Les dernières heures de l'année du Tigre, lundi soir, seront consacrées à
préparer le festin familial de nouvel an et à espérer que les premiers
visiteurs de l'année du Chat ne soient pas des natifs du signe du Rat, du
Cheval ou du Coq, ce qui ne manquerait pas, selon les astrologues, de faire
débuter l'année sous un jour néfaste.
AFP, le 13 février 1999.
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