le Têt lui aussi victime de la crise asiatique
HANOI- Le Vietnam s'apprête à fêter à partir de dimanche et pour
cinq jours le Nouvel An lunaire. Mais les contrecoups de la crise asiatique
viennent d'ores et déjà ternir ce Têt, malgré l'arrivée -toujours massive à
cette occasion- des ``Viet Kieu'', les Vietnamiens de la diaspora.
Selon Nguyen Ngoc Ha, responsable à Ho Chi Minh-Ville des ressortissants
d'origine vietnamienne résidant à l'étranger, plus de 100.000 ``Viet Kieu''
sont attendus cette année pour les vacances du Têt, contre 80.000 l'an
dernier. Depuis plusieurs semaines, 3.000 en moyenne arrivent chaque jour à
l'aéroport international de l'ex-Saïgon, où le trafic est
traditionnellement chargé en cette période de fêtes.
``Les Vietnamiens de l'étranger entretiennent des liens plus proches avec
leur pays natal et ils s'y sentent maintenant plus à l'aise'', explique M.
Ha. La situation est tout autre pour la population vietnamienne, frappée de
plein fouet par la crise économique et la hausse de 10% de la taxe sur la
valeur ajoutée. Faire la fête n'est donc pas à la portée de tous dans ce
pays où le revenu annuel par tête reste inférieur à 2.000FF.
Dans les principales artères de Hanoï et de Ho Chi Minh-Ville, les
commerces d'ordinaire pris d'assaut dans les semaines précédant le Têt
n'enregistrent pas l'affluence habituelle. Si on croise encore les
inévitables motos chargées de kumquats, l'arbre traditionnel du Nouvel An,
l'excitation n'est pas au rendez-vous: à l'évidence, les Vietnamiens se
serrent la ceinture.
Dans ce pays communiste au secteur public tentaculaire, bon nombre des
fonctionnaires ne savent toujours pas s'ils percevront leur rituelle prime
de Têt, équivalent d'un mois de salaire. Certains affirment toutefois que,
crise oblige, il leur faudra s'en passer cette année.
Cette austérité entraîne une très nette baisse de la consommation. Une
enquête réalisée dans les deux principales villes du pays par l'Associated
Press et l'agence Dow Jones a permis d'évaluer le recul des ventes au
détail entre 20% et 50% par rapport à l'an dernier. Chez les grossistes, la
chute oscillerait entre 50% et 80%.
``Nos ventes sont mauvaises parce que nous sortons d'une année difficile et
que les gens ont moins d'argent à dépenser'', résume le propriétaire d'une
boutique de T-shirts dans le centre de Ho Chi Minh-Ville. Même sentiment à
Hanoï, où, faute de clients, de nombreux commerces restent fermés au marché
de gros de Dong Xuan, le plus important de la capitale.
Les restrictions concernent également le pouvoir. Le numéro un du Parti
communiste vietnamien, Le Kha Phieu, a récemment adressé un courrier aux
organismes d'Etat et aux autorités provinciales leur demandant de n'envoyer
ni délégation ni cadeaux au siège du PC à l'occasion du Têt.
Associate Press, le 10 février 1999.
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