La tension reste perceptible dans les villages des Hauts-Plateaux
BAN DON - Des avis de recherches emplissent les
panneaux de ce village touristique proche du parc national de Yak Don, six semaines
après que les autorités communistes aient dû envoyer des troupes dans la région pour
mettre fin à une vague d'agitation des minorités ethniques.
Les villageois dans leurs boutiques et stands de thé aujourd'hui vides semblent effrayés par les mesures de
sécurité qui ont tari le flot de touristes qui assurait leur subsistance.
Aucun militaire n'est visible dans la région des Hauts-Plateaux du centre du Vietnam où la presse étrangère a pu
se rendre jeudi pour la première fois depuis la fin des manifestations des minorités dans les villes de ces
provinces, début février.
Mais les villageois affirment que des patrouilles maintiennent une étroite surveillance sur les villages des minorités
depuis le début des troubles.
"Personne dans notre village n'a manifesté, mais les autorités ne nous font pas confiance", se plaignait une femme.
"Nous avons tous eu très peur de la présence des forces de sécurité et nous voulons seulement que l'on nous
laisse tranquilles", ajoutait-elle en regardant avec inquiétudes le groupe d'officiels accompagnant les journalistes.
Les avis de recherches révèlent l'intensité de la répression lancée par les autorités, en dépit de leurs efforts pour
minimiser la portée des troubles.
Un dizaine d'habitants des districts de deux provinces de Dac Lac et Gia Lai sont recherchés pour leur
participation aux manifestations. Ils sont accusés de destruction de propriétés ou de troubles de l'ordre public.
Trois des avis de recherche ont été émis il y a quelques jours, un mois après des manifestations que les autorités
qualifient de mineures.
A Buon Me Thuot, capitale de la province de Dac lac, des résidents affirment que les autorités craignent toujours
que le mécontentement dans les campagnes entraine de nouvelles manifestations dans les rues de la ville.
Samedi dernier, les autorités n'ont pas célébré l'anniversaire de la chute de la ville aux mains des forces
communistes il y a 26 ans, fêté d'habitude avec éclat, dans la crainte de manifestations, a précisé un habitant.
Mais les responsables de la province de Dac Lac nient malgré tout que des problèmes existent.
Le directeur du parc national, Ha Dinh Nhat insiste sur le fait que les autorités n'ont jamais interdit aux étrangers
de visiter la région ou le parc, contredisant les villageaois et les témoignages indépendants.
Le vice-président du Comité populaire de la province, Nguyen Van Lang, affirme qu'une seule manifestation de
200 personnes a eu lieu le 3 février à Buon Me Thuot.
Certaines personnes ont été blessées par des pierres lancées par les manifestants et des attaques ont été lancées
contre des maisons de responsables locaux le lendemain, ajoute-t-il.
La manifestation a été provoquée par des disputes foncières dans les districts ruraux de Ea Sup et Ea Hleo, qui
ont été réglées depuis, selon M. Lang.
Il nie que le mécontentement des minorités ethniques soit lié à la confiscation de leurs terres ancestrales par le
gouvernement pour y installer des plantations de café, mais reconnait que 50.000 hectares de la province de Dac
Lac ont été convertis en plantations de café au cours des quatre dernières années.
Aucun des villages des minorités des districts de Ea Sup et de Ea Hleo n'ont été déplacés pour planter du café,
précise M. Lang.
Mais il ajoute que les autorités ont des projets de développement à Ea Sup qui pourraient poser des problèmes
dans ce district qui n'a pas été trop affecté jusqu'à présent par l'afflux de colons de l'ethnie majoritaire kinh qui a
modifié la démographie de la province au cours des 25 dernières années.
Le mois prochain, les autorités entameront les travaux d'un projet d'irrigation qui augmentera les surfaces
cultivables du district de près de 40%, permettant l'installation de colons, en majorité des kinh, qui viendront
d'autre parties surpeuplées de la province.
Agence France Presse, le 16 Mars 2001.
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