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Le Vietnam, aux plaisirs du swing

Le pays compte déjà une dizaine de parcours et dix-neuf autres sont en projet, notamment dans le Nord.

HANOI - Les visiteurs sont de retour. Oubliées les épidémies de Sras et de grippe aviaire qui ont ébranlé le secteur du tourisme au Vietnam. Au cours des dix premiers mois de l'année, le nombre des touristes a bondi de près de 40% pour atteindre 1 260 000, dont environ 80 000 Français, selon le site Internet de l'Administration nationale du tourisme.

Ce qu'ils visitent : Hanoï, ses anciennes demeures coloniales et la vieille ville. Ho Chi Minh-Ville (ex-Saïgon), sa cathédrale Notre-Dame, sa poste et les marchés populaires. La baie d'Along, où des centaines de pitons rocheux percés de grottes, émergent de la mer. Dalat et ses élégantes villas coloniales... Mais dans les bagages des voyageurs, il n'est pas rare de trouver également des sacs de golf. «Parmi notre clientèle, on compte environ 40% de joueurs, venant principalement des pays voisins d'Asie et d'Europe», indique Antoine Sirot, directeur du Sofitel Dalat Palace de Da Lat. Car les amoureux de la petite balle blanche peuvent facilement combiner visite du pays et plaisirs du swing.

Étonnamment, le golf est apparu au Vietnam il y a plus de 70 ans. En effet, au début des années 30, de retour d'un voyage en France où il avait découvert les greens, l'empereur Bao Daï fit construire à Dalat, station située dans les montagnes du sud du Vietnam, un parcours de 9 trous. Mais les guerres d'Indochine et du Vietnam jetèrent un grand voile noir sur le pays. Et il fallut attendre le début des années 90 pour que soient dessinés de nouveaux parcours, le plus souvent à l'initiative d'investisseurs étrangers, coréens, japonais, singapouriens, taïwanais... et même suédois.

Aujourd'hui, le pays compte neuf golfs : deux dans la région de Hanoï (King's Island et Chi Linh Star) ; un à Dalat (version agrandie et redessinée du parcours de l'empereur, il a été classé l'an dernier n° 1 du Vietnam par Golf Digest) ; un autre près de la station balnéaire de Phan Thiet (Ocean Dunes, dont l'architecte est Nick Faldo) ; quatre autour de Ho Chi Minh-Ville (Vietnam Golf and Country Club, Song Be, Bo Chang Dong Nai, Long Thanh) ; enfin un en bord de mer à Vung Tau (Paradise), au sud-est d'Hanoi. Accueil souriant, fairways impeccables et greens manucurés (la main-d'oeuvre est bon marché), club-houses luxueux, restauration de qualité, practice, putting-green, parfois même salle de fitness, piscine, tennis... tout est fait pour satisfaire, à des prix abordables (75 €, en moyenne, le green-fee), la clientèle étrangère. «Elle est composée en majorité de Coréens et de Japonais», précise Robert Bicknell, directeur général du golf de King'Island, situé à environ une heure en voiture de Hanoï.

Cet américain moustachu a débarqué au Vietnam il y a une douzaine d'années pour participer à la réalisation, dans le cadre d'un joint-venture, du premier golf dans le nord du pays. Une île de 350 hectares, au milieu du lac Dong Mo, avec en toile de fond la montagne Ba Vi : le site est superbe. Surtout au coucher du soleil. Ce sont de jeunes Vietnamiennes qui accueillent l'amateur à son arrivée au débarcadère. Car ici, comme dans la plupart des golfs, les cadets (il faut généralement en prendre un pour jouer) sont le plus souvent des cadettes. Pantalons, polo à manches longues, gants, casquettes, foulard enveloppant le visage et ne laissant entrevoir que les yeux : le bronzage n'appartenant pas aux moeurs vietnamiennes, la protection contre les ardeurs du soleil est impérative. Quant aux joueurs, ils utilisent de grands parapluies.

Dessiné par l'architecte américain Robert McFarlahd, le parcours de King's Island, baptisé Lakeside, porte bien son nom. Court (5 898 m, par 72), technique, il comporte en effet beaucoup d'obstacles d'eau. En raison du succès rencontré, un deuxième parcours, Mountainview (6 489 m, par 72), est en cours de construction, ainsi qu'un hôtel de cinquante chambres (une école de golf et un second club-house sont en projet). Les neuf premiers trous ont été ouverts il y a deux mois et les neuf derniers le seront en janvier prochain. Boisé (palmiers, eucalyptus et 5 500 jeunes pins), très vallonné, lui aussi joue avec l'eau. «Chaque mois, nous récupérons environ 2 000 balles dans les neuf lacs du domaine», note en souriant Robert Bicknell. Avec ses greens très rapides et ses bunkers bien placés, le Mountainview s'annonce encore plus exigeant que le Lakeside.

Situé à une vingtaine de kilomètres du centre de Ho Chi Minh-Ville, le parcours du Song Be Golf Resort (6 272 m, par 72), inauguré en 1994, présente une autre physionomie. En effet, il est assez plat. Mais on retrouve là aussi de nombreux obstacles d'eau fleuris de nénuphars et, juste en bordure des fairways, des palmiers, des arbres fruitiers et autres massifs de bambous en abondance. Au trou n° 13, trois de ces massifs coupent le fairway et si la balle tombe dedans, impossible d'en sortir. Le trou-signature est le n° 17, un par 4 de 353 m, avec un «dog-leg» à droite. Un lac longe le fairway jusqu'au green situé sur une demi-île. Après le premier coup, il faut attaquer le green, qui est en pente, avec un fer 7 ou 8, en passant au-dessus de l'eau. Mais attention à ne pas le dépasser car il est défendu, sur la gauche, par des bunkers et des arbres ainsi, qu'au fond, par des plantes qui ont vite fait de faire disparaître les balles. «C'est un parcours très technique, sur lequel il faut bien réfléchir avant de jouer mais où les joueurs ayant un handicap de 18, ou moins, prendront beaucoup de plaisir», souligne le directeur du golf, Ray Chan.

Toujours à proximité de Saïgon, le Vietnam Golf and Country club, ouvert en 1994, dispose de deux 18 trous : le East Course (6 326 m, par 72) et le West Course (6 247 m, par 72), tous deux vallonnés et boisés, mais pour le reste assez différents l'un de l'autre. Le premier, dessiné par le champion américain Lee Trevino, comporte de larges fairways bordés d'arbres, de nombreux bunkers bien placés et des obstacles d'eau. Et sur ses greens ondulés, le putting devient une véritable science. Le second, que l'on doit à l'architecte taïwanais Chen King Shih, présente des fairways étroits et des greens rapides, le tout, au milieu de centaines de cocotiers. Il a définitivement acquis ses lettres de noblesse en accueillant l'Asian Tour en 1996 et 1997.Avec du talent, mais aussi un peu de chance, le joueur pourra peut-être rejoindre le panneau, situé dans le très beau club-house, où figurent sur des plaques dorées, les noms de ceux qui ont réussi un trou en un...

Si la clientèle de ces golfs est constituée en grande majorité de joueurs étrangers, des «businessmen» et des hommes politiques vietnamiens viennent aussi fouler les fairways. Mais la discrétion étant de mise, le curieux n'en saura pas plus. En tout cas, le pays n'entend pas s'arrêter en si bon chemin. Une association vietnamienne de golf est en cours de création. Et, mettant de côté toute considération idéologique, les autorités de Hanoï ont parfaitement compris l'intérêt du développement de ce loisir, qui fait entrer des devises et crée de nombreux emplois. Le gouvernement a ainsi accordé dix-neuf nouvelles licences pour la création de parcours, dont onze dans le nord du pays. Dans le sud, l'ouverture d'un deuxième 18 trous à Dalat est prévue fin 2 006.

Par Bertrand Le Balc'h - Le Figaro - 22 Décembre 2004