A moins d'un mois du Sommet de la francophonie prévu à
Hanoï, le compte à rebours donne parfois des sueurs froides aux diplomates
ou aux opérateurs associés aux préparatifs de la première manifestation
internationale jamais organisée au Vietnam.
Des questions de logistique ne sont toujours pas réglées en raison de la
pesante bureaucratie vietnamienne et de l'inexpérience totale de Hanoï pour
ce genre d'opération.
Sur les 49 pays de la francophonie, 28 seulement ont confirmé leur
participation au Sommet (14-16 novembre), selon le Comité national
d'organisation vietnamien, qui précise toutefois que les confirmations
arrivent généralement tard.
Signe tangible de l'accélération des préparatifs, des centaines d'ouvriers
refont des kilomètres de trottoirs dans le centre de la capitale
vietnamienne, des édifices coloniaux sont repeints à la hâte et le chantier
de restauration de l'Opéra, l'un des sites du Sommet, sera livré à la fin du
mois.
Mais c'est la logistique qui suscite l'inquiétude. En tête des
interrogations figure la capacité du Vietnam à organiser un cortège de près
de 50 chefs d'Etat ou de gouvernement pour lequel aucune répétition générale
n'a encore eu lieu. "Un cortège c'est difficile à régler, il y aura 800
véhicules à gérer", remarque M. Serge Degallaix, ambassadeur de France,
premier pays contributeur du Sommet avec environ 12 millions de dollars.
Hanoï, qui compte encore peu de voitures, offre fréquemment le spectacle de
gros embouteillages de motos, et aussi de buffles qui traversent
nonchalamment la route reliant l'aéroport au centre.
C'est sur le tarmac du modeste aéroport Noi Bai que vont arriver du monde
entier les avions des chefs d'Etat et "les circuits sont assez complexes
dans Hanoï où le Sommet est éclaté sur plusieurs sites", remarque un
fonctionnaire français.
La question de l'hébergement a aussi montré les limites de la capacité
hôtellière de Hanoï. Des hôtels devant être achevés avant le Sommet
n'ouvriront pas à temps et la capitale ne compte que deux quatre étoiles.
Des négociations sont en cours pour combler le déficit de chambres pour les
délégations (2.000 personnes) et les journalistes (600), dont certains se
retouveront dans des hôtels bas de gamme.
Malgré la formation linguistique de 2.000 Vietnamiens (chauffeurs, guides,
sécurité, hôtellerie), "très peu sauront capter les besoins" des délégués
francophones, estime un enseignant pour qui "300 à 600 heures seulement de
français, c'était une mission impossible". Le Vietnam, même s'il accueille
ce Sommet, compte moins d'un demi-million de francophones, dont seulement
50.000 ont une pratique courante.
Enfin des tonnes de matériel devant être rapidement installés dans les
differents sites sont encore bloquées par les douanes et la délivrance de
visa pour les délégations s'est révélée complexe alors que Hanoï
n'entretient pas de relations diplomatiques avec certains pays francophones.
"C'est la bureaucratie qui nous aura posé le plus de problèmes", explique le
fonctionnaire français, "la complexité de la prise de décision au Vietnam,
l'absence de communication transversale entre les administrations ou le fait
qu'il faut passer par quatre administrations différentes pour dédouaner du
matériel".
Mais les partenaires du Vietnam comptent sur le fait que "tout finit
toujours par se débloquer ici miraculeusement à la dernière minute", comme
le dit l'un d'eux, pour espérer que ce Sommet, qui sera axé sur la
cooperation économique, se déroulera sans heurt.