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Les pays de l'ASEAN élaborent à Hanoï une stratégie de lutte contre le Sida

HANOI - Les experts des pays membres de l'Association des nations du sud-est asiatique (ASEAN) ont entamé mercredi à Hanoï une réunion de 4 jours destinée à élaborer une stratégie commune de lutte contre le SIDA. Bien que l'épidémie de SIDA ait touché le sud-est asiatique plus tard que l'Afrique, l'Europe ou l'Amérique du nord, elle connait actuellement "une croissance rapide" dans la région, a indiqué le ministre vietnamien de la Santé Do Nguyen Phuong à l'ouverture de la réunion.

Le partage d'informations et une surveillance conjointe de l'évolution de l'épidémie par les pays de l'ASEAN est vital si la région veut "réussir à prévenir la transmission de la pandémie SIDA-VIH", a ajouté M. Phuong. Les ministères de la Santé des pays de l'ASEAN ont noté que les taux d'infections par le virus du SIDA restent faibles dans la population générale de leurs pays mais que les taux d'infection élevés relevés chez les prostituées et les toxicomanes demandent une action déterminée. L'absence d'utilisation des préservatifs et le partage des seringues par les groupes à risques fait que l'épidémie risque de se répandre dans le reste de la population, selon les experts.

Au Vietnam, le nombre officiel des séropositifs s'est établi à 24.473, selon un bilan publié fin octobre par le Comité national anti-Sida. Ces statistiques officielles ne représenteraient que 10% du nombre total des personnes contaminées car le Vietnam manque dramatiquement de moyens financiers et du personnel médical spécialisés dans le dépistage virus VIH Le Vietnam préside actuellement l'ASEAN qui regroupe la Birmanie, Brunei, le Cambodge, l'Indonésie, le Laos, la Malaisie, les Philippines, Singapour, la Thaïlande et le Vietnam, soit les dix pays de la région.

Agence France Presse, le 8 Novembre 2000.


Vitesse de propagation alarmante du Sida au Cambodge, selon un chercheur

PHNOM PENH - Le Cambodge est de loin le pays d'Asie le plus affecté par le VIH/SIDA, déplore un spécialiste international, le médecin et chercheur français Jean-Yves Follézou, en réclamant l'introduction massive et urgente de la thérapeutique anti-rétrovirale.

"Le Cambodge est aujourd'hui le pays où l'infection du VIH est la plus importante dans les pays d'Asie-Pacifique Ouest. En matière de SIDA, il est malheureusement largement en tête", constate-t-il dans un entretien publié samedi par le quotidien francophone Cambodge-Soir. "Il faut introduire massivement et urgemment la thérapeutique anti-rétrovirale (TAR), pour diminuer la charge virale des individus infectés, et par la même, celle du pays dans son ensemble", plaide-t-il. "Si l'on réduit l'infectivité individuelle, on réduit la charge virale collective. C'est un aspect pragmatique, et un devoir moral", souligne le chercheur. "Le problème est que le coût de la TAR est beaucoup trop élevé par rapport au budget de la santé au Cambodge, qui n'est que de trois dollars par an et par habitant", reconnaît M. Follézou. Un traitement tri-thérapie pour un individu revient jusqu'à 10 000 dollars par an.

Chercheur sur le SIDA depuis une quinzaine d'années, M. Follézou, 52 ans, est professeur en hématologie et cancérologie à la faculté de médecine de la Pitié-Salpêtrière à Paris et l'un des coordinateurs du site Asie du Sud-Est de l'Agence Nationale de Recherche sur le SIDA (ANRS). En décembre 1999, les statistiques faisaient état de 170.000 infections du VIH au Cambodge et une incidence SIDA de 10.000 malades dans la tranche d'âge des 15-49 ans. "D'ici deux ou trois ans, le pays comptera sans doute quelque 50.000 cas de SIDA déclarés", affirme le chercheur. A titre de comparaison, au Vietnam il y aurait environ 100.000 séropositifs (officiellement quatre fois moins) et 3.700 malades du SIDA alors que la population vietnamienne est nettement plus nombreuse (près de 80 millions d'habitants contre 12 millions au Cambodge).

Au Cambodge, la transmission du virus est sexuelle à 100%. Au Vietnam, elle est sexuelle à 40%, les 60% restants étant une contamination par injection de drogues intraveineuses. "Sur les dix ans de l'épidémie dans ces pays, la vitesse de propagation sexuelle est 34 fois plus élevée au Cambodge qu'au Vietnam", précise le professeur Follézou. Les chercheurs attribuent la diffusion du VIH au Cambodge à la présence au début des années 1990 d'un fort contingent de l'ONU (l'APRONUC: Autorité provisoire des Nations unies au Cambodge). L'APRONUC et ses 28.000 fonctionnaires, dont 22.000 soldats, a attiré des milliers de prostituées étrangères, la plupart thaïlandaises et vietnamiennes, au Cambodge. "Le VIH que l'on trouve au Cambodge est d'ailleurs de sous-type E, le même qu'en Thaïlande", relève le professeur Follézou.

Le médecin ajoute que les conditions de développement du VIH ont été favorisées par "la forte tradition de prostitution" dans le pays, mais également par les moyens limités de la politique de prévention. "Il faut notamment responsabiliser l'ONU, qui est responsable directement de l'épidémie, et le Fonds de solidarité thérapeutique international (FSTI) doit être également sensibilisé", tout comme les firmes pharmaceutiques qui ont promis de réduire le coût des médicaments, afin d'introduire "massivement et le plus vite possible" les traitements appropriés au Cambodge, conclut le chercheur.

Agence France Presse, le 4 Novembre 2000.