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Epidémie de SRAS: le Vietnam livre ses recettes

HANOI - Alors que Hong Kong, Singapour ou encore le Canada se battent sans résultat probant contre l'épidémie de syndrome respiratoitre atypique sévère (SRAS) et continuent de compter leurs morts, le Vietnam, petit pays pauvre, annonce en être venu à bout.

Transparence du gouvernement, mises en quarantaine immédiates et un peu de chance, voilà la recette, selon les autorités sanitaires. "Je crois que nous pouvons apprendre du Vietnam", confirme Pascale Brudon, représentante à Hanoï de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Ce pays de quelque 80 millions d'habitants et qui dispose de ressources médicales limitées peut se féliciter de ne pas avoir enregistré de nouveau cas de SRAS depuis le 8 avril. A cela, plusieurs raisons, selon Pascale Brudon: l'épidémie a démarré en février dernier lorsqu'un homme d'affaires sino-américain est tombé malade à Hanoï à son retour de Hong Kong. Johnny Chen est allé à l'hôpital français de la capitale, le seul établissement international et le mieux équipé. Là, il a exposé des dizaines de personnels hospitaliers à ce qui sera plus tard connu sous l'acronyme de SRAS. Après que les médecins eurent suspecté quelque chose d'inhabituel, ils ont fait venir le Dr Carlo Urbani, un expert de l'OMS spécialiste des maladies infectieuses et basé à Hanoï.

Carlo Urbani s'est vite rendu compte que le petit hôpital abritait une maladie dangereuse. Brandon et lui ont rapidement réuni les officiels vietnamiens qu'ils n'ont pas eu de mal à convaincre. Infecté par le SRAS, Urbani est mort à Bangkok, en Thaïlande. "Nous avons incité le gouvernement à agir très vite", explique Pascale Brudon. "Mais si le cas s'était déclaré dans un endroit plus éloigné, cela aurait sans doute été plus difficile." Au contraire de leurs homologues chinoises, les autorités vietnamiennes ont joué la transparence et réagi avec rapidité. Elles ont accueilli une équipe d'experts internationaux de l'OMS et ont lancé une campagne très agressive pour expliquer au public comment se protéger et quoi faire dès l'apparition des premiers symptômes.

De surcroît, le Vietnam a fermé l'hôpital français le 11 mars et mis tous les résidents en quarantaine. Une mesure qui, selon Mme Brudon, a joué un rôle essentiel dans la maîtrise de l'épidémie. "Ce n'est pas de la science-fiction. C'est juste ce qui doit être fait dans le cas d'une maladie contagieuse typique. On dépiste les personnes contaminées et on les isole des autres." Des proches des patients de l'hôpital français contaminés par la suite ont été admis à Bach Mai, l'autre hôpital de la ville. Un établissement tellement sous-équipé en personnels que les familles étaient invitées à prodiguer eux-mêmes les soins. Or, aujourd'hui, aucune de ces personnes n'est atteinte de façon aussi grave que les patients hospitalisés.

La chance a été que Chen, le premier malade du SRAS, a été le seul cas "importé". Les 63 cas répertoriés dans le pays et les cinq morts peuvent lui être rattachés. Hong Kong, où la maladie a débuté au même moment qu'au Vietnam, compte plus de 130 morts. Le Canada et Singapour en recensent plus de 20. Au Vietnam, seuls cinq patients infectés par le SARS restent à Bach Mai et espèrent pouvoir sortir au plus tard la semaine prochaine. L'hôpital français a été décontaminé et devrait prochainement rouvrir ses portes.

Cela ne signifie pas pour autant un retour à la normale: toujours vigilant, le Vietnam surveille de près sa frontière avec la Chine. "Nous avons été capables de maitriser l'épidémie", se félicite Pascale Brudon. "Mais cette maladie reste grave dans de nombreux pays situés autour du Vietnam."

The Associated Press - 29 Avril 2003.


Le SRAS totalement contrôlé, une prouesse du Vietnam

Le ministère de la Santé du Vietnam et l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ont annoncé, le 28 avril à Hanoi, que le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) est "totalement contrôlé au Vietnam". Lors d'une conférence de presse tenue le 28 avril à Hanoi, la ministre de la Santé, Trân Thi Trung Chiên, a affirmé : "grâce à une grande concentration et mobilisation des ressources du gouvernement, à la coopération stricte avec l'OMS, à la coordination efficace entre les autorités locales, les ministères et les secteurs concernés, le SRAS est sous contrôle total au Vietnam. À partir du jour où le dernier patient a été hospitalisé (le 8 avril) jusqu'à aujourd'hui (le 28 avril), se sont écoulés 20 jours sans que le Vietnam n'enregistre aucun nouveau malade".

Ce laps de temps est le double de celui nécessaire à la maladie pour se déclarer chez une personne touchée par le virus. La représentante de l'OMS au Vietnam, Pascale Brudon, a félicité le Vietnam, "le premier pays dans le monde ayant jugulé le SRAS. Ce succès résulte de plusieurs facteurs, dont la réaction rapide et la transparence du gouvernement. Afin de circonscrire le SRAS, il faut découvrir tôt et mettre immédiatement en quarantaine les malades, pour qu'ils ne puissent pas infecter d'autres personnes. Le Vietnam a bien réalisé ces travaux".

Le ministère de la Santé a pourtant mis l'accent sur le risque de propagation du SRAS à travers les échanges internationaux. Il a demandé aux Directions de prévention du SRAS dans les villes et provinces de renforcer leurs activités de lutte. Les provinces chinoises du GuangDong, Guangxi et Yunnan, limitrophes du Nord-Vietnam, constituent maintenant "les points chauds" de l'épidémie. Le secteur sanitaire doit continuer à appliquer des mesures sévères de surveillance dans les zones frontalières, afin de détecter et mettre en quarantaine les cas suspects avant leur entrée dans le pays ou leur départ du Vietnam. L'important est de trouver tôt les nouveaux patients. "Une ambulance spéciale est toujours disponible pour conduire dans des hôpitaux précis les malades du SRAS, et ce, où qu'ils soient détectés", a souligné Trân Thi Trung Chiên. Pourtant, la pénurie en équipements et en cadres sanitaires aux postes frontaliers comptent parmi les plus grandes difficultés auxquelles le Vietnam doit faire face actuellement.

Récemment, l'Institut central d'hygiène et d'épidémie du Vietnam a déclaré son succès quant à la détection du virus du SRAS dans un laps de temps très court : six heures d'analyse. Il s'agit du résultat de plus d'un mois de recherches d'un groupe de scientifiques vietnamiens, sous la houlette du professeur Hoàng Thuy Nguyên, un des meilleurs spécialistes du SRAS au Vietnam. Au 28 avril, les cinq derniers patients soignés à l'Institut clinique des maladies tropicales sont dans un état satisfaisant et pourraient rentrer chez eux cette semaine.

Selon des données de l'OMS du 26 avril, le nombre de malades du SRAS dans le monde s'est élevé à 4.836, et ce, dans 26 pays. Sur ce total, 293 personnes sont décédées et 2.239 guéries. Au Vietnam, le SRAS a tué 5 personnes (3 médecins et 2 infirmières de l'hôpital franco-vietnamien) parmi le total de 68 patients.

Par Linh Huong - Le courrier du Vietnam - 29 Avril 2003.