Vietnam : les producteurs de café s'assagissent
Les producteurs vietnamiens de café sont en train de rentrer dans le rang. Pour la deuxième année consécutive, leur production a
reculé. Moins 16% selon les chiffres du ministère américain de l’agriculture, à 615 000 tonnes. A la fin des années 90, les
Vietnamiens avaient totalement bouleversé le marché mondial en récoltant 900 000 tonnes de robusta et en devenant les seconds
producteurs mondiaux. C’était l’aboutissement d’une longue route. Les Vietnamiens se sont en effet vraiment lancés dans l’industrie
du café à la fin des années 80. Cela correspondait à la volonté de fixer les populations paysannes dans les campagnes, de limiter
aux maximum l’émigration rurale. C’était aussi le début de l’ouverture économique sur le monde extérieur.
Sous l’impulsion vigoureuse du gouvernement, les plantations succèdent alors aux plantations sur les hauts plateaux du centre du
pays. Sans ménagement, on chasse les tribus jugées inaptes au travail de la terre. A l’extérieur, l’accord international sur le café
qui régulait les échanges mondiaux, a disparu. Les prix s’effondrent. Partout, les surfaces consacrées au café se réduisent comme
peau de chagrin. Au début des années 90, seuls les Vietnamiens continuent à planter des arbustes à café.
Tant et si bien qu’en 1995, quand le gel s’abat sur les plantations brésiliennes et que les cours du café explosent sur le marché
mondial, les Vietnamiens sont déjà là pour en profiter. L’aubaine les incite à pousser encore la vapeur. Début des années 2000, les
paysans vietnamiens assomment le marché mondial sous la masse de leur production. Les Brésiliens font la même chose. Les
cours s’effondrent. Hanoi s’engage à éradiquer des dizaines de milliers d’hectares. Cela ne sera pas vraiment fait. Mais la baisse
des prix réduit les possibilités financières des paysans. Ils achètent moins d’engrais, irriguent moins leurs plantations.
Conséquence, la production baisse. Comme l’expliquent les spécialistes de la maison de négoce Bouvery à Paris, les Vietnamiens
avaient dépassé la mesure. Ils ont maintenant trouvé leur rythme de croisière.
Par Jean Pierre Boris - Radio France Internationale - 11 Juin 2003
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