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L'école dans la rue, à Hà Nôi

Thu Lé Zoo. les buttes-chaumonts à Hà Nôi. Verdure, lac artificiel, pont de bois, jeunes gens amoureux, vieux joueurs de mah-jong accroupis dans les allées paisibles. Au fond du parc, dans la cour d'un temple hors du temps, une douzaine d'enfants écrivent avec application sur des tables en plein air dans la moiteur de ce début d'aprés midi.

C'est l'heure où les petits mendiants de la ville prennent un peu de repos, car les rues sont vides. Ceux-là, une dizaine, viennent passer ces deux heures creuses, cinq jours par semaines, dans la cour de ce temple, pour apprendre à lire et à écrire. Phuong, treize ans, orphelin, vit seul dans la rue. Il gagne sa vie en cirant les chaussures. Linh, huit ans, abandonnée par ses parents séparés, mendie avec sa grand-mère. Elles sont là, ponctuelles et studieuses, chaque après-midi. Deux heures de répit pour retrouver un peu de dignité.

Cette école de rue, comme plusieurs autres à Hà Nôi, a été ouverte récemment grâce à une ONG "Plan International", en collaboration avec le gouvernement. On dénombre environ 7000 enfants seuls à Hà Nôi. Les plus nombreux ont entre neuf et onze ans. Le programme de "Plan International", qui fonctionne grâce à des dons hors parrainage, n'en touche que 8%. Il ont quitté leur province aux alentours de Hà Nôi et font survivre leur famille, resté là-bas.
Ils n'ont aucune habitude de la ville et de ses dangers, sont confrontés à la prostitution, au trafic de drogue, à la violence. Ils ont besoin de conseils et de soutien, pour tenir et, peut-être un jour, pour rentrer chez eux avec un avenir.

Comme Hoa, douze ans. Petite fleur en blouse de nylon rose, elle vend des livres depuis deux ans dans les rues. Elle vit à Hà Nôi avec son grand frère, depuis qque son père a quitté la famille et que sa mère a perdu la tête. Elle est perché, minuscule, sur une chaise dans le local de "Plan International", en plein centre ville, où elle vient reprendre souffle, parler avec les éducatrices de rue, faire un dessin, une partie badminton. C'est une enfant et elle se sent responsable de sa famille. Elle pleure doucement, incosolable.
Pourtant le soir même, Hoa prendra part à la classe du soir, organisée dans le local. "Regardez ses dessins, dit Lien, responsable du programme. Des maisons et des écoles. Le principal désir de ces enfants est d'étudier."

Des formations de réparateurs de cycles pour les garçons plus agés ont été mises en place grâce à la complicité de petits garagistes du quartier. En fait, tout un réseau d'adultes sensibilisés à la vie des enfants des rues a été créé ces deux dernières années. Même les logeurs qui leur louent pour quelques dongs une place dans un dortoir, au rez-de-chaussée de leur maison, ont été mis dans le coup. Ils préviennent les éducateurs quaand un enfant va mal et acceptent que des cours du soir soient organisés sous leur propre toit.

C'est ainsi que le soir, au fond d'un entrelelacs de ruelles et de passages dans les quartiers les plus pauvres de Hà Nôi, des couloirs sont transformés en classes de fortunes, avant d'héberger les rêves d'enfants perdus. Par Dominique Fonlupt - La Vie - le 27 Janvier 2000.