Le Vietnam offre un semblant d'embellie au robusta
Une raréfaction momentanée du robusta vietnamien sur le
marché tire les cours vers le haut. Tous les experts estiment la
hausse momentanée, car l'offre sur la prochaine récolte
s'annonce pléthorique.
Les cours du robusta à Londres se reprennent. Hier, dans un
marché relativement étoffé, les cours du café d'Afrique et d'Asie
ont bondi de 4 % pour s'afficher à 381 dollars la tonne. Cette
hausse, qui est la bienvenue pour tous les producteurs de cette
qualité de café, ne doit pas faire oublier, qu'en trois mois, les
cours sont passés de 500 dollars début août à un plus-bas de
361 dollars à la mi-octobre. Les raisons du rebond sont
multiples. A ce niveau de prix c'est quasiment un cours à la
casse -, cette qualité est bon marché pour les torréfacteurs,
lorsqu'ils en trouvent sur le marché. Et c'est bien parce que le
robusta manque temporairement sur le marché que son cours
se redresse. Cette « pénurie » s'explique en partie par une
baisse de production dans les régions traditionnellement
productrices de robusta, l'Afrique et l'archipel indonésien. Même
converti en devises locales, le cours de la cerise justifie à peine
son ramassage. Mais la principale raison du rebond est à
rechercher du côté du premier producteur mondial de robusta, le
Vietnam.
Avec une récolte de l'ordre de 900.000 tonnes, ce pays a
littéralement inondé le marché mondial de sa production. En
stock, il lui reste encore entre 30.000 et 70.000 tonnes de
l'ancienne récolte.
900.000 tonnes. Mais avec les inondations qui ravagent la
péninsule indochinoise, les embarquements sur la vieille récolte
s'avèrent difficiles. Surtout, le café vietnamien est en
intersaison. La nouvelle récolte devrait débuter dans quelques
jours, voire quelques semaines. Et tous les experts s'accordent à
reconnaître que si les 900.000 tonnes de la récolte précédente
ne seront peut-être pas atteintes, le tonnage à engranger ne
devrait être guère éloigné. Dans son dernier bulletin, le
statisticien F-O Licht réduit à néant les derniers espoirs des
traders qui croyaient que des bas prix étaient dissuasifs pour
que des producteurs entretiennent leurs plantations. La récolte
vietnamienne 2001-2002 devrait s'inscrire dans une fourchette
allant de 810.000 à 900.000 tonnes.
La perspective de voir à nouveau débouler sur le marché une
récolte de cette ampleur limite les perspectives d'une reprise
des cours sur les marchés à terme. Les torréfacteurs se frottent
à l'avance les mains. Dans quelques semaines, lorsque la
nouvelle récolte vietnamienne arrivera dans les ports européens,
la torréfaction sera assurée de continuer ses achats à bon
compte.
Au Vietnam, les autorités ont conscience de la crise, mais leur
réponse obéit à une rationalité sociale et politique au détriment
de la rationalité économique. La banque centrale a demandé
aux banques commerciales de prolonger de trois ans les délais
de remboursement des planteurs. Du coup, les effets de la
chute des cours sur le marché mondial deviennent indolores
pour le planteur vietnamien qui ne voit pas de raison à faire
autre chose que du café.
Par Guy André Kieffer - La Tribune - le 24 Octobre 2001.
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