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Au Vietnam, une poignée de rhinocéros risque de disparaître à jamais

Sont-ils six, sept ou huit ? Difficile à dire avec certitude. Les quelques rhinocéros de Java qui vivent aujourd'hui dans un parc du sud du Vietnam sont en tout cas les derniers d'une sous-espèce qui menace de disparaître à jamais. Le 30 juin s'est achevé un programme de six ans du Fonds mondial pour la nature (WWF) destiné à développer le parc national de Cat Tien, au sein duquel survit cette petite colonie de mammifères sans jamais ou presque se montrer aux humains. Ces rhinocéros à une corne ("Rhinoceros sondaicus annamiticus") sont légèrement plus petits que leurs cousins indonésiens ("Rhinoceros sondaicus sondaicus"), qui seraient entre 40 et 60 sur l'île de Java.

"Ils sont les derniers individus de cette sous-espèce", affirme Gert Polet, directeur technique du projet pour la WWF.Après les pertes subies par l'espèce notamment pendant la guerre entre le Vietnam et les Etats-Unis, qui s'est achevée en 1975, les scientifiques étrangers pensaient qu'ils avaient disparu.Mais leur existence a été découverte il y a un peu plus de quinze ans. "Certains scientifiques vietnamiens savaient que les rhinocéros existaient encore parce qu'ils en avaient parlé avec les minorités ethniques des environs", explique David Murphy, un biologiste de la WWF.A la fin des années 80, une étude étrangère a confirmé l'information des villageois.

Et en 1999, l'organisation a lancé son programme avec, outre le gouvernement vietnamien, la participation des experts de l'Union mondiale pour la nature (World Conservation Union) et de l'International Rhino Foundation.Au total, 6,5 millions de dollars ont été dépensés dans le projet du Parc national de Cat Tien, incluant des travaux de conservation biologique, la promotion du tourisme, l'éducation des populations, la sécurité des animaux. Sur l'ensemble, selon Gert Polet, environ 300.000 dollars ont été dédiés aux seuls rhinocéros. Les experts ont dû s'armer de patience: loin de l'image d'épinal du rhinocéros furieux qui charge sur le premier venu, l'animal est craintif et s'éloigne au moindre bruit. La première photo n'a été prise qu'en 1999. Les équipes se contentent la plupart du temps de chercher des traces de pas. Et la seule information sur la composition du groupe est qu'il y a au moins une femelle et pas de petit. Des analyses ADN d'excréments effectuées par un laboratoire américain ont pu déterminer entre cinq et huit compositions génétiques différentes. "Notre seule certitude c'est qu'ils ne sont pas assez nombreux", résume Gert Polet.

Aujourd'hui, la WWF lance un cri d'alarme pour sauver l'espèce. Faute d'espace suffisant, face aux paysans qui grignotent leur espace vital, les rhinocéros de Cat Tien ne se reproduisent pas. "La dernière naissance était en 1997. Il nous reste dix ans, peut être vingt", assure Gert Polet. La WWF a déjà acheté des terres pour protéger les animaux contre la progression des espaces cultivables. "La sécurisation de l'habitat et la limitation des perturbations est la clé du problème", résume David Murphy.A Hanoï, les autorités promettent de ne pas laisser tomber. "Nous voulons poursuivre les recherches et les activités de préservation avec les agences internationales compétentes", a indiqué le Dr. Nguyen Xuan Dang, de l'Institut de l'écologie et des ressources biologiques de la capitale. A terme, même si le processus est lent, sensible et compliqué, l'homme pourrait céder de l'espace à la bête. "Nous réfléchissons à déplacer quatre ou cinq villages d'ici 2010", a ajouté le responsable.

Agence France Presse - 4 Juillet 2004.