Le "Requiem" d'Ea Sola: danse et chant d'un Vietnam d'aujourd'hui
PARIS - Ea Sola, danseuse et chorégraphe vietnamienne
de naissance, formée en France mais récemment retournée au
pays, termine avec son "Requiem", présenté depuis le 9 mai à
Paris au Théâtre de la Ville, un cycle sur la recherche du
"mystère de ses origines" (jusqu'au 12 mai).
Elle a ouvert ce cycle en 1995 avec l'émouvant "Sécheresse et
pluie", dansé par de très vieilles dames. Puis ce fut "Il a été une
fois" et "Voilà Voilà" dans une démarche éloignée d'un folklore de
pacotille.
Pour "Requiem" interprété par vingt-deux danseurs, musiciens et
chanteurs vietnamiens, Ea Sola a composé l'argument, la
chorégraphie, mais aussi la partie sonore, contrairement à ses
précédents spectacles. Il y a moins de thèmes empruntés à des
musiques anciennes du Vietnam. La partition est en revanche
semée de percussions disposées des deux côtés du plateau. Les
rythmes en sont insistants, prenants. S'y mêlent des bruits de
cordes grattées, des rumeurs d'instruments à vent et d'échos de
la ville.
En dépit du titre, il y a de l'espoir dans "Requiem", cela se veut
un "chant d'aujourd'hui", une "esthétique du renouveau". Les
costumes sont ceux de la vie de tous les jours au Vietnam. Les
interprètes murmurent sans doute dans leur langue maternelle la
comptine "Il y a longtemps que je t'aime jamais je ne t'oublierai".
Tout dans leurs gestes témoigne qu'ils font l'apprentissage de la
liberté.
Ea Sola affirme que "Requiem" veut rendre compte d'un désir
"d'aspirations individuelles à l'intimité, à la subjectivité et
l'autonomie". Des énergies individuelles se révèlent dans cette
chorégraphie. Le groupe se recompose aussi çà et là, toujours
face un vieil homme assis dos au public, chapeau sur la tête,
canne entre les jambes, sorte de "veilleur" qui assiste muet aux
élans nouveaux de ses compatriotes et cadets.
Agence France Presse, le 10 Mai 2001.
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