Un membre d'une ethnie minoritaire accèdera pour la première fois à la tête du Vietnam
HANOI - Le président de l'Assemblée nationale vietnamienne, M.
Nong Duc Manh, deviendra le premier membre d'une ethnie minoritaire à accéder au
poste de numéro un vietnamien après avoir accepté au dernier jour du "près-congrès"
du Parti communiste vietnamien (PCV), de succéder au secrétaire général du parti Le
Kha Phieu.
M. Manh, 61 ans, membre de l'ethnie Tai du nord du Vietnam, dont le nom avait été cité à plusieurs reprises
au cours des dernières semaines, mais qui avait jusqu'alors refusé le poste de secrétaire général du PCV, selon
des sources au sein du PCV, a finalement été élu mardi lors de la dernière séance du "prés-congrès" du Parti
qui avait débuté le 12 avril.
Ce "pré-congrès" à huis-clos, qui précède le 9ème congrès quinquennal du PCV qui débutera jeudi, réunissait
les 170 membres du Comité central et près d'un millier de délégués de toutes les organisations du Parti.
Un dernier vote des déléguès, avant la fin de la réunion mardi en milieu de journée, a désigné M. Manh au
poste de sécrétaire général du PCV, et M. Manh a accepté cette nomination, a-t-on ajouté de même source.
M. Manh avait jusqu'alors refusé d'accepter ce poste et un premier vote du prè-congrès lundi avait fait état du
"choix" du chef du Comité d'organisation du PCV Nguyen Van An, un candidat de compromis entre les clans
conservateurs et réformistes, pour succéder à Le Kha Phieu, avaient indiqué des sources au sein du Parti.
Les responsables du Parti avaient initialement accepté le refus de M. Manh, mais les délégués ont été informés
mardi qu'il avait changé d'avis en considérant les intérêts du Parti.
M. Manh, qui aurait finalement été convaincu d'accepter la direction du Parti par les responsables du comité
central, sera le premier membre d'une ethnie minoritaire à accéder à la tête du Vietnam communiste depuis la
fondation du PCV il y a 71 ans.
Sa nomination devrait être entérinée au cours du congrès du parti, considéré comme une simple "chambre
d'enregistrement", mais pendant lequel les décisions du "pré-congrès" sont approuvées à bulletin secret.
Les manifestations des minorités ethniques dans les Hauts-Plateaux du centre du Vietnam au cours de derniers
mois auraient joué un rôle important dans le choix final de M. Manh.
Le limogeage du chef conservateur du Parti Le Kha Phieu avait été réclamé par le comité central du PCV car
son action à la tête du pays était considérée comme trop terne.
Mais M. Phieu avait tenté de regrouper ses partisans et de mettre en échec les décisions du comité central du
PCV lors du "pré-congrès".
Le général Le Kha Phieu avait notamment tenté de s'assurer le soutien des clans conservateurs, des services de
sécurité et de l'armée pour conserver son poste en faisant valoir qu'il représentait un gage de stabilité pour le
Vietnam, agité par des troubles au cours des derniers mois.
Le Kha Phieu aurait également tenté de convaincre de revenir sur leur décision de le limoger les deux hommes
forts du PCV, l'ancien Secrétaire général Do Muoi et l'ancien président Le Duc Anh, qui avait contribué à son
accession au pouvoir, a précisé le responsable du PCV.
Mais les principaux mentors du Parti, Do Muoi, Le Duc Anh et l'ancien Premier ministre Vo Van Kiet, avaient
maintenu leur position.
M. Le Kha Phieu ne figure pas parmi les membres du nouveau comité central du Parti choisis par le
"près-congrès", selon ce responsable.
Agence France Presse, le 17 Avril 2001.
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