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Le Vietnam veut relancer au plus vite sa filière avicole

HANOI - Le Vietnam envisage de relancer dans les prochains mois sa filière avicole, mais se heurte aux experts des Nations unies qui jugent cette ambition prématurée et significative d'un manque de réalisme face à l'épidémie de grippe du poulet. Plus de 35 millions de volailles ont été détruites depuis le début officiel de l'épidémie dans le pays, fin décembre. Leur vente et leur transport sont interdits depuis le 5 février.

Mais tout en affirmant être prêt à abattre autant de volailles que nécessaire, les autorités de Hanoï commencent à réfléchir à l'après-épidémie. Des responsables vietnamiens ont déposé au ministère de l'Agriculture une proposition visant à autoriser la vente de viande de poulets dans les zones non contaminées. Vendredi, le vice-ministre de l'Agriculture et du Développement rural Bui Ba Bong, avait jugé prématurée la levée immédiate de l'interdiction de la vente. "Mais j'espère que le commerce de poulets pourra reprendre début mars", a-t-il affirmé dans le quotidien de son ministère, le Nong Thon Ngay Nay. Après la reprise de la consommation viendrait en principe celle de la production.

"Nous avons déjà commencé à travailler sur un plan de restauration de l'élevage, plutôt que d'attendre de stopper l'épidémie pour le faire", explique Truong Van Dung, directeur de l'Institut national de recherche vétérinaire. "Nous faisons le maximum pour arrêter l'épidémie en février et recommencer l'élevage dans les prochains mois. La Banque mondiale et la FAO ont promis de nous aider à construire un meilleur système vétérinaire", ajoute-t-il.

Aux Nations unies cependant, ces déclarations sont considérées comme un nouveau signe que le gouvernement a du mal à admettre la réalité. Beaucoup estiment que le virus peut rester vivant dans l'atmosphère pendant plusieurs semaines. Reprendre l'activité trop vite serait prendre le risque de voir l'épidémie resurgir. "C'est un peu tôt", estime samedi Maria Cheng, porte-parole de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à Hanoï. "Nous pensons que l'épidémie ne sera pas contenue avant des mois, sinon des années".

Vendredi, la Banque mondiale avait indiqué qu'elle était prête à dégager un prêt de 10 millions de dollars au Vietnam, notamment pour reconstruire "un système pour s'assurer que, si (une nouvelle épidémie) devait resurgir, il pourrait apporter une meilleure réponse". Mais l'Organisation pour l'agriculture et l'alimentation (FAO) souligne que cette aide "à moyen-terme" ne permettra que de mettre en place la phase initiale de la reprise de la production. "Nous sommes actuellement seulement en train de démarrer la machine pour contrôler l'épidémie", martèle Anton Rychener, représentant de la FAO à Hanoï. "Le gouvernement ne sait même pas qui sont ceux qui ont perdu leurs poulets. Nous travaillons actuellement à l'établissement d'une base de données pour voir ce que l'on peut faire en termes de compensations", ajoute-t-il.

A la volonté du gouvernement de montrer son efficacité s'oppose le souci des Nations unies de ne pas laisser le pouvoir baisser la garde. "Ces déclarations qui parlent de contrôle de l'épidémie sont politiques", estime un observateur. Il est encore trop tôt pour chiffrer les pertes provoquées par l'épidémie. Mais elles seront, à coup sûr, très élevées. "Si 35 millions de poulets ont été détruits, on parle déjà de 100 millions de dollars de pertes directes, sans compter les pertes induites", ajoute Anton Rychener.

Agence France Presse - 15 Février 2004.