Le premier projet de raffinerie au Vietnam une nouvelle fois retardé
HANOI - La construction de l'immense
raffinerie de pétrole de Dung Quat, au centre
du Vietnam, essentielle pour son
indépendance énergétique et dans les cartons
depuis plus de dix ans, est une nouvelle fois
retardée après le retrait du projet mercredi par
la compagnie russe Zaroubejneft.
La compagnie pétrolière publique russe a officiellement jeté l'éponge
dans ce projet qui représente un investissement de plus de 1,3
milliard de dollars (l'équivalent en euros), après plusieurs mois de
désaccord avec son partenaire vietnamien.
Zaroubejneft demeure dans la société mixte qu'elle avait créée en 1999 avec PetroVietnam et
entend continuer à s'impliquer dans certains aspects du complexe à venir. Mais elle abandonne
la construction de la raffinerie elle-même, s'ajoutant ainsi à une longue liste d'entreprises
étrangères intéressées par la raffinerie et découragées les unes après les autres.
En 1995, après plusieurs années de travail, Total (aujourd'hui TotalFinaElf) s'était retiré de
l'opération.
Le groupe français, qui entendait construire la première raffinerie vietnamienne dans le complexe
pétrolier de Ba Ria-Vung Tau, proche à la fois des gisements off-shore et du poumon
économique du pays, Ho Chi Minh-Ville (sud), s'était vu imposer le site de Dung Quat, près de
Da Nang (centre).
Un choix notamment motivé côté vietnamien par la volonté de relancer un pôle industriel dans le
Centre, mais que la société française avait jugé économiquement incohérent.
Pendant quelques années, le Vietnam avait alors entrepris des négociations avec plusieurs
groupes américains (Conoco Inc. et Stone and Webster) et asiatiques (le sud-coréen LG, le
malaisien Petroliam Nasional Bhd, le taïwanais China Development Corp.). En vain.
Zaroubejneft semblait enfin être le bon partenaire. En avril dernier, un consortium dirigé par une
société française, Technip-Coflexip, avait remporté un contrat de 720 millions de dollars pour
construire une partie de l'ouvrage, destiné à produire 130.000 barils de pétrole raffiné par jour.
Mais les divergences entre les parties sur les détails de la construction ont semble-t-il été
rédhibitoires. La décision a été prise mercredi, au terme d'une visite au Vietnam d'une
délégation russe composée notamment du vice-Premier ministre Viktor Khristenko.
"La compagnie se retire du projet principal de construction", a déclaré à l'AFP jeudi Vladimir
Tokmakov, premier secrétaire de l'ambassade de Russie à Hanoi, sans autre commentaire.
"Les deux parties ont convenu de changer la forme de participation de la Russie. Elles se sont
mises d'accord sur la participation de la Russie à la construction de certaines parties de
l'ouvrage. Le seul investisseur est le Vietnam", indiquait jeudi le vice-Premier ministre
vietnamien Vu Khoan dans un quotidien local.
Interrogés par l'AFP jeudi, les responsables de PetroVietnam n'ont pas souhaité s'exprimer.
Initialement prévu pour commencer à produire en 2002 puis 2003, Dung Quat est actuellement
renvoyée à 2005. Un délai qui repousse d'autant l'indépendance énergétique du pays.
Le Vietnam a produit 16,9 millions de tonnes de brut en 2001, soit 4,8% de plus que l'année
précédente. Mais faute d'installations adéquates, il doit toujours importer la totalité de ses
produits raffinés, laissant en route de précieuses devises.
"Ce délai entraîne un énorme gâchis. Des dizaines de millions de dollars", avait reconnu le
président de PetroVietnam, Pham Quang Du, lorsque avait émergé en novembre l'hypothèse
d'un retrait russe.
Agence France Presse - 26 Décembre 2002.
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