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Internet, porte-voix des dissidents vietnamiens et bête noire du régime

HANOI - C'est parce qu'il s'apprêtait à envoyer des documents sur internet qu'un des principaux dissidents d'avec le régime vietnamien a été arrêté à Ho Chi Minh-Ville (sud), manifestation parmi d'autres de la crainte de Hanoi de voir la toile échapper à son contrôle. Le docteur Nguyen Dan Que, aiguillon du Parti communiste vietnamien (PCV) depuis 25 ans, était libre depuis 1998 après près de vingt ans de détention. Il a été arrêté le 17 mars.

Nguyen Dan Que "a été pris dans un café internet en flagrant délit de divulgation de documents critiquant (le régime) à l'organisation américaine la +Grande vague du mouvement humaniste+", selon l'agence officielle Vietnam News (VNA). Les faits d'armes de l'endocrinologiste remontent aux premières années du Vietnam réunifié. Selon plusieurs sources, ce cofondateur de l'hôpital Cho Ray de l'ex-Saïgon avait été détenu sans procès entre 1978 et 1988 après avoir critiqué la politique sanitaire du pays. A sa libération, il avait fondé la "Grande vague du mouvement humaniste", avant d'être de nouveau condamné à vingt ans d'emprisonnement.

Selon le Comité vietnam pour la défense des droits de l'homme, dont le siège est à Paris, il avait été relâché en 1998 à condition qu'il s'exile aux Etats-Unis. Mais il avait refusé de partir. "Ce genre de personnage est étroitement surveillé. S'il ne fait rien, ça va. Mais s'il sort de chez lui, rencontre des gens ou éveille la suspicion, il est arrêté", relève un diplomate étranger. Nguyen Dan Que s'ajoute à une longue liste d'activistes muselés par le régime ces derniers mois.

Tran Dung Tien, ex-garde du corps de Ho Chi Minh, est détenu depuis le 22 janvier. Il avait réclamé la libération de l'ancien colonel Pham Que Duong et de l'historien militaire Tran Khue, tous deux emprisonnés depuis fin décembre. Fin 2002, Nguyen Khac Toan, 47 ans, ex-officier de l'armée nord-vietnamienne, avait été condamné à 12 ans d'emprisonnement après son arrestation dans un café internet. Le 8 novembre, le "cyber-dissident" Le Chi Quang avait écopé pour sa part de quatre ans de prison dans des circonstances semblables.

Environ un million de Vietnamiens ont régulièrement accès à internet, selon des estimations occidentales, mais de nombreux sites jugés dangereux sont protégés. Le gouvernement est tiraillé entre plusieurs logiques. En octobre dernier, le ministère de l'Information et de la Culture obligeait tous les sites du Vietnam à lui soumettre leur contenu avant leur mise en ligne. Peu après, le ministre des Postes et télécommunications indiquait que 2003 serait l'année du "e-business" (commerce sur internet).

De nombreux diplomates estiment que le passage du Vietnam à l'internet haut débit est inévitable et jugent illusoires les efforts de contrôle du régime. "N'importe quel étudiant un peu compétent (...) accède aux sites qu'il veut. Les autorités le savent", assure un expert. Mais si Hanoi ne peut prévenir les accès aux sites, il peut surveiller les connections, et punir ceux qui sont suspectés de "mettre en danger l'unité nationale".

Agence France Presse - 23 Mars 2003.