Le Premier ministre dresse le constat des carences économiques
Le Premier ministre Phan Van Khai a dressé vendredi le
constat de tous les problèmes de l'économie vietnamienne dans un long
discours d'ouverture de la session de l'Assemblée nationale, sans pour
autant apporter d'idées concrètes sur la manière de les résoudre.
M. Khai, placé à la tête du gouvernement depuis seulement deux mois, a sans
détour évoqué devant les 450 députés qui entamaient leur dernière session de
l'année les carences de l'économie constatées cette année: décélération de
la croissance, baisse de l'investissement étranger, manque de compétitivité,
piètres performances du secteur public, insuffisance des recettes fiscales
et faiblesse de l'épargne.
Il a aussi évoqué les "problèmes sociaux très graves", comme le chômage, la
hausse de la criminalité et de la consommation de drogue, ainsi que "l'écart
qui se creuse entre couches sociales et régions".
"La transition vers l'économie de marché demande encore des efforts
considérables. Il faut que le Vietnam regarde la réalité en face pour s'en
sortir et obtenir un développement durable", a estimé M. Khai, ajoutant
qu"'en 1998 il faudra un tournant décisif dans la modernisation" du pays.
Toutefois le Premier ministre n'a apporté ni un souffle nouveau, ni de
solutions concrètes, se contentant de généralités dans un discours de plus
d'une heure prononcé à l'ouverture de cette session d'environ trois
semaines.
"L'Etat doit prendre des mesures concrètes pour encourager l'investissement
dans tous les secteurs", s'est-il borné à déclarer, "il faut prendre les
mesures adéquates pour améliorer la compétitivité", "assainir le secteur
fnancier", "définir la responsabilité des entreprises publiques" ou "faire
un pas important dans la lutte contre la contrebande".
M. Khai a souhaité que le déficit budgétaire passe l'an prochain sous la
barre des 4 % (contre 4,8%) du Produit National brut, sans préciser les
moyens d'atteindre ce but.
L'objectif de croissance pour 1998 est de 9 % comme pour cette année, et de
6 à 7 % pour l'inflation.
Jeudi, la Banque mondiale, dans un nouvel avertissement au Vietnam, avait
estimé que la croissance pourrait chuter à 5 % l'an prochain si Hanoï
n'arrivait pas à accélérer urgemment ses réformes économiques. Les
institutions internationales comme les investisseures étrangers pressent le
Vietnam de plus en plus fermement à accentuer des réformes enlisées depuis
plus d'un an.
Les députés vietnamiens se retrouvaient au grand complet pour une session
qui devrait voir l'adoption de deux lois bancaires depuis des mois sur le
chantier, l'une sur la Banque centrale et l'autre sur les institutions de
crédit (publiques et privées), l'examen du budget et des grandes
orientations économiques de 1998.
Cette session sera suivie en décembre d'un plénum du Comité central du Parti
communiste qui devrait logiquement donner un signal en matière
d'orientations macroéconomiques, a-t-on indiqué de source informée.