~ Le Viêt Nam, aujourd'hui. ~
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Vietnam : le pari du secteur privé

Le Vietnam a au moins un sujet de satisfaction. Contrairement aux démocraties occidentales, il n’est pas confronté à des records d’abstention. Les élections législatives qui se sont déroulées dimanche dernier ont donné lieu à une participation de 98,85%, voire de 100%. Dans ce pays de 78 millions d’habitants, il est en effet très mal vu de ne pas se rendre aux urnes, de ne pas suivre la ligne tracée par le parti communiste. Signe de cette très grande continuité vietnamienne: ces élections ont coïncidé avec les célébrations 112e anniversaire de la naissance de Ho Chi Minh, le père de l’indépendance et du communisme vietnamien. Une conjonction qui aurait rempli de joie l’électeur vietnamien, si l’on en croit Nhân Dân, le journal du parti unique.

On vote au Vietnam, mais les changements se font à dose homéopathique. Ainsi sur quelques sept cents candidats, seuls vingt appartiennent au secteur privé, soit tout de même deux fois plus qu’il y a cinq ans! A son habitude, le Vietnam s’inspire des réformes chinoises. Avec cinq ans de retard, le secteur privé est ainsi réhabilité. Depuis l’année dernière, la constitution vietnamienne le place sur un pied d’égalité avec le secteur public. Et comble d’audace: en mars dernier, le comité central du parti vietnamien lui a consacré pour la première fois un plénum, une de ses grandes réunions.

En dépit de ses frilosités, de ses hésitations, le Vietnam va son petit bonhomme de chemin. Cette année, la Banque Mondiale le crédite d’une croissance de 5%. Le Vietnam est classé numéro deux mondial des pays exportateurs de riz; derrière la Thaïlande. Le nombre d’entreprises privées a doublé ces deux dernières années, depuis le vote d’une loi facilitant leur création. Et les investissements étrangers, provenant pour plus de la moitié de pays d’Asie, ont repris, sans atteindre toutefois les seuils antérieurs à la crise financière asiatique. A contrario, les gros points noirs demeurent le sous-emploi estimé à 40% de la population active et la fragilité des banques, alourdies de créances douteuses.

Comme le régime fait donc le pari du secteur privé, il accepte la retransmission à la télévision de débats au parlement, un certain renouvellement des députés. Mais son souci de modernité, ses réformes entamées en 1986, sont freinés par la détermination du parti communiste à se maintenir au pouvoir coûte que coûte.

Par Hélène Da Costa - Radio France Internationale , le 21 Mai 2002.