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Hanoï compte sur la visite de Poutine pour resserrer ses liens avec Moscou

HANOI - Le Vietnam entend donner un éclat particulier à la visite officielle du président russe Vladimir Poutine, attendu mercredi soir à Hanoï, et espère qu'elle permettra de resserrer ses liens économiques et stratégiques avec la Russie, mis à mal depuis l'effondrement de l'URSS. Vladimir Poutine, qui ira à Hanoï après une visite en Corée du Sud, sera le premier chef de l'Etat russe à se rendre au Vietnam, ancien allié privilégié de l'ex-Union soviétique, et sa visite a été présentée par les responsables vietnamiens comme un événement d'une portée historique.

L'amélioration des échanges commerciaux, qui s'élèvent à moins de 400 millions de dollars par an, les modalités de règlement de la dette du Vietnam envers la Russie, et l'achat d'armements russes par Hanoï, figurent parmi les grands dossiers que les dirigeants Vietnamiens souhaitent voir progresser durant cette visite. L'avenir de la base aéronavale dans la baie de Cam Ranh, louée par la Russie dans le sud du Vietnam, et la relance d'une alliance stratégique entre les deux anciens alliés idéologiques, seront également au menu des entretiens de Vladimir Poutine avec les dirigeants vietnamiens. M. Poutine, qui répond à une invitation du président vietnamien Tran Duc Luong, sera notamment reçu par le numéro un vietnamien, le secrétaire général du Parti communiste Le Kha Phieu, et par le Premier ministre Phan Van Khai.

"Tant Vladimir Poutine que les dirigeants vietnamiens veulent donner un nouvel élan à leurs relations bilatérales et Moscou souhaite faire contrepoids à la Chine et aux Etats-Unis dans la région", a indiqué à l'AFP un diplomate occidental en poste à Hanoï. "Le Vietnam donnera sans doute plus d'éclat à cette visite qu'à celle effectuée en novembre par le président américain Bill Clinton que Hanoï avait pratiquement passée sous silence", a-t-il ajouté. "Ce n'est pas par hasard non plus que Moscou avait annoncé la visite de Poutine au Vietnam au moment où Bill Clinton arrivait au Vietnam", selon ce diplomate. Les discussions sur l'avenir de la base de la baie de Cam Ranh feront donc figure de test sur l'évolution des relations bilatérales.

Depuis 1998, la Russie cherche à renégocier à la baisse le bail de cette ancienne base américaine de la guerre du Vietnam, qui prend fin en 2004, et qui, selon les experts des services de renseignements, est le principal centre de surveillance stratégique de la Russie en Asie du sud-est. Le Vietnam souhaite continuer à louer cette base à la Russie et réclame un loyer annuel de 300 à 400 millions de dollars, mais Moscou n'aurait offert que 40 millions de dollars, selon des experts. Ces discussions restent pour Hanoï un sujet sensible car elles peuvent avoir des implications sur les relations du Vietnam avec la Chine, les Etats-Unis et les partenaires du Vietnam au sein de l'Association des nations du sud-est asiatique (Asean) qui se montrent méfiants face à la diplomatie régionale de la Russie et à sa présence militaire.

Afin de réaffirmer leur partenariat stratégique et faire part de leur vision commune en Asie du sud-est, les deux pays ont prévu la signature par Vladimir Poutine et les dirigeants vietnamiens d'une "Déclaration politique de Hanoï". Une dizaine d'accords de coopération bilatérale dans les domaines militaire, du commerce, des investissements, des sciences, de la technologie et de la formation seront signés pendant la visite du chef de l'Etat russe. Les deux parties devraient aussi se pencher sur les modalités de règlement de la dette du Vietnam à l'égard de la Russie, dont le montant avait été fixé à 1,7 milliard de dollars par un accord bilatéral signé par le Premier ministre vietnamien Phan Van Khai à Moscou en septembre dernier.

Vladimir Poutine prononcera enfin un discours devant des cadres et chercheurs vietnamiens ayant fait des études ou ayant été formés dans l'ex-URSS et en Russie, qui sera retransmis en direct à la télévision nationale, devenant ainsi le deuxième chef d'Etat étranger après Bill Clinton à s'adresser à la population du pays.

Agence France Presse, le 26 Février 2001.