Ho-Chi-Minh-Ville se donne 5 ans pour éradiquer la
pollution
HO-CHI-MINH-VILLE - Des canaux
et rivières aux eaux noires, un air rendu difficilement
respirable par les émissions de fumées: l'ancienne Saïgon est malade de la
pollution mais la mégapole du sud du Vietnam fait le pari d'éradiquer le
fléau en cinq ans.
Des milliers d'entreprises industrielles, installées autrefois à la
périphérie de la ville sont désormais englobées dans l'agglomération de
Ho-Chi-Minh-Ville, qui compte aujourd'hui près de 7 millions d'habitants.
L'expansion rapide de la ville depuis l'ouverture économique du Vietnam
communiste à la fin des années 1980 est allée de pair avec l'accroissement
de la pollution.
"Environ 1.500 grosses sociétés industrielles et plus de 32.000 petites
industries sont installées à Ho-Chi-Minh-Ville", indique M. Nguyen Thien
Nhan, directeur du Départment de l'Environnement du Comité populaire de la
ville.
"Ces entreprises des secteurs de la chimie, des textiles et de
l'agro-alimentaire ne disposent pas de systèmes d'épuration de leurs rejets
et toute la ville en souffre", ajoute-t-il.
Malgré l'adoption en 1994 d'une loi sur l'environnement, le problème
paraissait insoluble. Les entreprises polluantes n'ont pas les moyens de se
déplacer hors de la ville et leur fermeture n'est pas envisageable du fait
de leur rôle dans l'emploi.
Le département de l'Environnement de l'ex-Saïgon a donc établi un Plan de
protection de l'environnement sur 5 ans qui doit permettre aux entreprises
polluantes de s'adapter progressivement à de nouvelles normes.
Ce plan doit être approuvé début novembre par le premier ministre
vietnamien, Phan Van Khai.
"Le problème de la pollution atmosphérique sera le plus délicat car le
contrôle des véhicules ne dépend pas de la ville mais de l'Etat, reconnait
M. Nhan.
"Nous avons mis en place à la mi-septembre un fonds d'aide aux industriels,
doté d'un million de dollars par an, destiné à des missions de formation
aux nouvelles technologies de lutte contre la pollution", précise M. Nhan.
De leur côté 100 grandes sociétés étatiques ont signé récemment un accord
avec la ville pour réduire de 50% d'ici la fin de l'année prochaine la
pollution qu'elles provoquent.
La Banque Asiatique de Développement (BAD) apportera quand à elle 2,5
millions de dollars à ce programme pour l'an 2000 et prêtera un total de 70
millions de dollars à la ville pour améliorer d'ici 2003 le traitement des
ordures ménagères, le recyclage des déchets hospitaliers et installer un
système de contrôle de la qualité de l'air.
"Après cette phase d'incitation, les sociétés qui ne respecteront pas les
normes seront traduites en justice et devront payer de lourdes amendes et
nous estimons que dans 5 ans la pollution aura pratiquement disparu",
affirme M. Nhan.
Mais pour les habitants de la ville, peu informés des projets de la ville,
l'espoir d'une amélioration de leurs conditions de vie semble encore
lointaine.
"Je m'inquiète pour la santé de mes enfants, qui attrapent régulièrement
des maladies respiratoires et digestives. Notre vie est un véritable
enfer", affirme Nguyen Ut Hai, un conducteur de cyclo-pousse, âgé de 46 ans
et père de trois enfants qui habite au bord du canal de Nhiêu Lôc, l'un des
plus pollués de la ville.
"Nous respirons une odeur terrible venue de ce canal dans lequel ni les
poissons, ni même les moustiques ne peuvent survivre et pour nous l'avenir
est aussi noir que l'eau du canal", ajoute Tran Thi Tâm, une vendeuse de
fruits et légumes
AFP, le 19 Octobre 1999.
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