Les Vietnamiens tiennent le marché du poivre
«Les Vietnamiens seront bien forcés de baisser le prix de leur poivre». Voilà la conviction des grandes compagnies, essentiellement hollandaises, qui sont au cœur du marché mondial du poivre. Une tonne de poivre noir de qualité très moyenne vaut en ce moment entre 1400 et 1500 dollars. C’est beaucoup jugent les négociants hollandais.
Mais les Vietnamiens sont en position de force. Depuis deux ans, ce sont les premiers producteurs et exportateurs mondiaux. L’Inde jadis numéro un mondial n’exporte quasiment plus et deviendra bientôt un gros importateur. Voilà pourquoi, ces dernières semaines, les producteurs vietnamiens ont pu s’asseoir sur leurs stocks de poivre, pour faire monter les cours. L’opération a réussi. En quelques semaines, les prix ont gagné environ 250 dollars. Les Vietnamiens ont été incités à mener cette politique commerciale agressive par ce qui s’est passé au mois de juin. Alors que le début de l’année avait été plutôt calme, en juin, les ordres d’achats ont afflué. Deux fois plus qu’en juin 2002. «On a paniqué, explique un trader hollandais. Les stocks européens étaient très bas. On s’est précipité pour acheter ». Habiles commerçants, les Vietnamiens ont tout de suite compris que la situation pouvait tourner à leur avantage. Pour faire monter les cours, ils ont bloqué les ventes. Mais aujourd’hui, les acheteurs européens jugent le poivre vietnamien trop cher. Ils refusent d’acheter. L’objectif, c’est bien sûr de faire baisser les cours.
Ce face à face ne durera pas éternellement. Pour forcer la main des Vietnamiens, les Européens comptent sur les Brésiliens dont la récolte commence en ce moment à arriver sur le marché. Mais rien ne dit que les brésiliens joueront le jeu des importateurs de Rotterdam et qu’ils ne s’aligneront pas sur les niveaux de prix du Vietnam.
Par Jean Pierre Boris - Radio France Internationale - 6 Août 2003.
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