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La pneumonie, ajoutée à la guerre, fait fléchir le tourisme au Vietnam

L'épidémie de pneumonie atypique qui sévit en Asie du sud-est, ajoutée à la guerre en Irak, a sérieusement perturbé l'industrie du tourisme au Vietnam, dans un brusque marasme depuis quinze jours après une année 2002 florissante.

Le secteur subit pour une part les conséquences du conflit en Irak, qui perturbe le trafic aérien. Mais il paye surtout le prix d'une maladie qui a fait quatre morts à Hanoi et s'est étalée dans les journaux du monde entier depuis deux semaines. "Comme les autres compagnies aériennes, nous souffrons un peu", admet Duong Chi Thanh, directeur marketing passagers de Vietnam Airlines. "Nous maintenons tous nos vols. Mais (la situation) va affecter les chiffres à la fin de l'année".

Une compagnie étrangère reconnaît elle aussi enregistrer des annulations au départ de l'Europe. "C'est pour tout le monde pareil", estime un responsable sous couvert de l'anonymat, admettant tout juste que ses appareils "arrivent à Hanoi avec beaucoup moins de passagers que d'habitude". L'hôtellerie n'est guère plus protégée. "On a enregistré 2.000 annulations en l'espace d'une semaine. On est passé de 90% d'occupation estimée à 68%", admet Franck Lafourcade, à la tête du Sofitel Métropole à Hanoi, qui incrimine essentiellement l'épidémie. "Si elle bien gérée, les choses vont se tasser" espère-t-il pourtant, en indiquant que certaines réservations n'étaient que retardées.

Par ricochet, Ho Chi Minh-Ville est elle aussi touchée, alors qu'officiellement un seul cas suspect de pneumonie a été découvert dans la capitale économique du sud. Les agences de tourisme ont reçu courriers électroniques et coups de fil en série au sujet de l'épidémie de SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère). "Nous n'avons pas fait de statistiques sur (ses) conséquences car la maladie est sous contrôle", récite Pham Tu, directeur adjoint de Vietnam Tourism, au diapason d'un discours officiel soucieux de ne pas ralentir la manne de devises que représente le tourisme dans le pays.

Mais la réalité est moins simple. "J'ai enregistré 848 annulations sur 1530 réservations les deux dernières semaines de mars", indique Denis Colonna, un des cofondateurs de l'agence Exotissimo. "La seule chose qui puisse faire repartir les affaires sera un communiqué des autorités médicales indiquant qu'on peut soigner la maladie et qu'il n'y a plus de danger", ajoute-t-il. Ce week-end, l'industrie touristique de la région se réunit à Hanoi sous l'égide de la Pacific Asia Travel association (PATA), une réunion réorientée sur l'urgence du moment.

"Nous devons remettre un peu d'objectivité dans le débat" sur le SRAS, estime John Koldowski, manager général de PATA, qui estime que l'organisation mondiale de la santé (OMS) a été "très rapide et très professionnelle" dans sa gestion de la crise. L'OMS n'a jamais recommandé de restreindre les voyages. Mais plusieurs chancelleries ont conseillé à leurs ressortissants d'éviter le Vietnam. A terme, John Koldowski se veut pourtant optimiste.

L'industrie du tourisme au Vietnam a connu une année exceptionnelle en 2002, grâce notamment à son climat de sécurité très supérieur à celui des autres pays de la région. Plus de 2,63 millions de touristes ont visité le pays, soit une augmentation de 13% par rapport à 2001.

Par Didier Lauras - Agence France Presse - 26 mars 2003