~ Le Viêt Nam, aujourd'hui. ~
Le portail de l'actualité vietnamienne

Année :      [2004]      [2003]      [2002]      [2001]      [2000]      [1999]      [1998]      [1997]

La France place dix Airbus au Vietnam

La part de marché de l'Hexagone ne représente que 1,9% du total

HANOI - La visite d'Etat de Jacques Chirac au Vietnam – en marge du cinquième sommet Europe-Asie qui débute demain soir à Hanoï – relancera-t-elle les investissements français dans ce pays ? Plusieurs dossiers ont en tout cas été poussés par ce voyage, dont un protocole d'accord pour l'achat de 10 Airbus A 321, arraché pour la somme de 450 millions d'euros (750 millions de dollars au prix catalogue !). A cet engagement, qui devra être confirmé d'ici à la fin octobre, s'ajoutent 250 millions d'euros de contrats, avec principalement la construction d'un tramway à Hanoï (Alstom) et la modernisation d'une ligne ferroviaire.

«Il y a eu très peu d'investissements français au Vietnam depuis trois ans, pas plus de huit ou neuf projets par an», se désole Jacques Rostaing, le président de la chambre de commerce française au Vietnam, avant d'ajouter : «Les Français sont arrivés ici en 1994, un peu trop tôt, comme ils arrivent maintenant un peu trop tard en Chine. Beaucoup sont repartis vers 1998, à contretemps, parce que, aujourd'hui, l'investissement est beaucoup plus facile au Vietnam qu'en Chine !»

De plus en plus, le Sud du pays attire les investissements internationaux et français (80% d'entre eux), et cela se retrouve dans la localisation de nos compatriotes : 75% des 3 000 expatriés français au Vietnam vivent et travaillent à Saïgon. Sur les 200 entreprises hexagonales représentées, les deux tiers sont des PME-PMI et un tiers d'entre elles sont de simples bureaux de représentation. EDF, France Télécom, le groupe Bourbon ou Casino sont les exceptions, en terme de chiffre d'affaires. «Aucune entreprise française n'a délocalisé sa production ici, explique Rostaing, mais un groupe comme André, par exemple, achète 8 millions de paires de souliers par an dans le pays, sans en produire une seule.»

Cela explique que les exportations françaises au Vietnam (385 millions d'euros en 2004) ne couvrent que le tiers des importations de produits vietnamiens en France (844 millions d'euros) et que la part de marché de la France au Vietnam ne dépasse pas 1,9%. La faiblesse de la France au Vietnam reflète celle de notre pays dans toute l'Asie. Le Vietnam demeure la chasse gardée des pays asiatiques (Taïwan, Corée, Japon) dont les entreprises choisissent Saïgon et ses grandes banlieues pour «diversifier leur risque chinois».

La faiblesse du pays est son système financier, qui demeure archaïque (800 000 comptes bancaires pour 82 millions d'habitants) et qui ne draine donc pas l'épargne des ménages, celle-ci alimentant une spéculation immobilière effrénée. «Pour le Parti communiste, c'est une tendance naturelle de vouloir garder la main sur la caisse, pour des raisons politiques, mais également personnelles», explique un banquier international à Hanoï, «mais le résultat est lamentable : le secteur public des grandes entreprises qui ne génèrent pas de richesses est en concurrence, pour les crédits, avec des PMI privées très dynamiques. Les décisions d'attribution de ces crédits ne sont jamais prises sur des bases économiques». Au Vietnam, le communisme a encore de beaux restes.

Par François Hauter - Le Figaro - 7 Octobre 2004


A l'occasion de la visite de Jacques Chirac, le Vietnam confirme son intention d'acheter dix Airbus A321

HANOI - "Pan sur Boeing !" A l'annonce de la signature d'un accord entre la France et le Vietnam pour la vente de dix Airbus A321, mercredi 6 octobre à Hanoï, Jérôme Monod n'a pas caché sa satisfaction de voir l'Europe remporter ce marché d'environ 450 millions d'euros, face aux Américains.

Le conseiller de Jacques Chirac a néanmoins fait sa remarque à voix basse, dans la salle très protocolaire du palais présidentiel. Le directeur de la compagnie aérienne nationale, Nguyen Xuan Hien, a, de son côté, précisé à l'agence Reuters que le contrat sera signé à la fin du mois.

La visite d'Etat que M. Chirac effectue pendant deux jours et demi au Vietnam, avant de se rendre en Chine, a commencé sous les auspices prévus. Plusieurs autres accords ont scellé le "partenariat historique et exemplaire", selon M. Chirac, entre les deux pays : signature d'un accord de coopération et de financement sur le tramway de Hanoï, reconnaissance de diplômes universitaires, contrats culturels, accord sur la sécurité routière sous la responsabilité de Marc Gentilini, président de la Croix-Rouge française, contrats de téléphonie et même un projet de coopération trilatérale entre la France, le Vietnam et le Burkina-Faso, sur la malnutrition infantile.

A voir les milliers de Vietnamiens qui circulent en vélos, mobylettes ou scooters dans la ville, on se demande comment le tramway trouvera sa place. Mais les entreprises françaises sont optimistes. Eric Jean, patron d'une PME de 450 personnes, Ascom SA, spécialisée dans la billetterie des transports, croit à ce projet. "Bien sûr que ce genre de voyage et d'accord sont utiles !" se récrie ce chef d'entreprise, interrogé sur ce déplacement en compagnie du président. Pour l'instant, c'est surtout la France qui met la main au portefeuille, en accordant un financement de 165 millions d'euros pour la fourniture d'équipements et de services, nécessaires à la réalisation du tramway. Le président de la Croix-Rouge aura en tous cas du travail. Dans l'intense circulation, pratiquement aucun conducteur de deux roues ne porte de casque...

Jacques Chirac s'est félicité du "dialogue constant" entre les deux pays. Il a rappelé que la France soutenait la candidature de Hanoï pour un poste de membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unies pour la période 2008-2009, ainsi que son entrée dans l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Il a estimé qu'en s'ouvrant au monde extérieur, le Vietnam "imprimera un rythme nouveau aux réformes" en cours, évoquant à ce sujet "la poursuite des nécessaires réformes démocratiques et le renforcement de la protection des droits de l'homme".

Par Béatrice Gurrey - Le Monde - 7 Octobre 2004