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Le Vietnam sur le pied de guerre face à la menace extérieure de l'épidémie

HANOI - Le Vietnam, qui semble avoir maîtrisé l'épidémie de pneumonie atypique à l'intérieur de ses frontières, reste toutefois mobilisé face à la menace d'une nouvelle contamination venue de ses voisins.

A Hanoi, où a été identifié le premier malade il y a plus d'un mois, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a enregistré 62 cas, quatre morts et à ce jour 45 guéris. Mais la maladie ne cesse d'enfler en Chine voisine et menace de déborder les hôpitaux à Hong Kong. Le danger, manifestement, vient de l'extérieur. "Les risques de contamination existent toujours", prévient le professeur Le Dang Ha, directeur de l'Institut des maladies tropicales de l'hôpital Bach Mai de Hanoi. Mardi, un séminaire de formation des professions du tourisme à Hanoi a rappelé que quelques milliers d'étrangers entraient au Vietnam chaque jour. Environ trente pour cent d'entre eux viennent de Chine et de Hong Kong. "Quand on voit le nombre de gens qui voyagent, on est étonné que (l'épidémie) ne flambe pas", souligne le Dr Yves Nicolaï, directeur de l'hôpital français de Hanoi qui a accueilli le premier malade fin février.

"Je ne suis pas sûr qu'on puisse éviter qu'un nouveau cas entre dans le pays, pas plus ici qu'ailleurs. Un sujet infecté en phase d'incubation est indétectable. Il prend l'avion à Hong Kong et se réveille le lendemain ailleurs, avec 38 de fièvre et une forte toux". Face à cette menace invisible, le Vietnam s'est organisé. Plutôt bien, selon les observateurs. Le front unique a été déplacé à l'hôpital Bach Mai. Les autorités ont mis en place des chambres d'isolement aux aéroports et dans les hôpitaux de province. Des "groupes de choc" sont prêts pour le traitement des cas éventuels, selon la presse, qui précise que l'effort du gouvernement a atteint les deux millions de dollars. Mais quelques points faibles demeurent: les marchés frontaliers, les 1.130 kilomètres de frontières terrestres avec la Chine, les contrebandiers. "La maladie pourrait faire son retour si de fermes mesures de quarantaine ne sont pas appliquées dans les aéroports et les frontières du pays. Et jusqu'à présent, ces mesures n'ont été renforcées que dans les grandes villes et les frontières du nord", admet Le Dang Ha.

Chaque matin revient la même question : combien de cas nouveaux ? "On attend l'ennemi éternellement", relève Yves Nicolaï. Après plus de dix jours sans cas supplémentaire, le pays a connu une petite flambée la semaine dernière dans la province de Ninh Binh, au sud de Hanoi. Mais elle semble limitée (quatre cas avérés seulement) et reste liée au premier cas qui a importé la maladie dans le pays. Source de satisfaction unanime, la collaboration des autorités avec les organisations internationales ne faiblit pas. Le phénomène peut surprendre quand on observe combien la Chine voisine s'est enfermée dans l'opacité. Les autorités vietnamiennes ont même plutôt tendance à diffuser des chiffres supérieurs à ceux validés par l'OMS. "Les deux pays n'ont pas le même intérêt. La Chine gère une maladie qui vient de chez elle et fait tout pour la masquer. Le Vietnam combat un virus qui vient de l'extérieur et a tout à gagner à coopérer", analyse un diplomate étranger. Le Vietnam, pour une fois, ne minimise pas la situation. Le Dang Ha le rappelle jour après jour: "nous avons maîtrisé cette maladie mais on ne peut pas dire que nous l'ayons totalement éliminée".

Agence France Presse - 10 Avril 2003.