Décès de Pham Van Dong, grand homme d'Etat du Vietnam
HANOI - Pham Van Dong, l'un des plus grands hommes politiques du Vietnam au XXe siècle, est
décédé, a-t-on déclaré de source diplomatique à Hanoï.
Agé d'environ 95 ans, il s'est éteint samedi, alors que le pays fêtait le 25e anniversaire de la victoire du Nord
communiste dans la guerre du Vietnam. La stature morale de cet intellectuel est égale à celle du général Vo
Nguyen Giap.
La radio, qui diffuse de la musique funèbre, a déclaré que Pham Van Dong, qui était hospitalisé depuis plus de
six mois, avait succombé à une grave maladie. L'annonce de sa mort a probablement été retardée pour ne pas assombrir les
cérémonies.
Elle a précisé que son corps serait exposé vendredi pour permettre à la population de lui rendre hommage. Les obsèques
auront lieu samedi au cimetière des environs de Hanoï où sont enterrés les héros révolutionnaires.
Pham Van Dong, que l'on disait proche collaborateur de Ho Chi Minh, fut l'un des membres fondateurs de l'armée du
Viet-minh et milita dans le mouvement communiste dès 1925. Comme nombre de futurs dirigeants vietnamiens, il connut les
prisons coloniales françaises d'Indochine, où il passa sept ans de 1929 à 1936. A sa libération, il reprit ses activités
révolutionnaires.
C'est en 1954 qu'il fut placé sous les feux de l'actualité, en tant que négociateur communiste à la Conférence de Genève, qui
marqua la fin de l'ère coloniale française.
Un dirigeant mesuré
Tout d'abord Premier ministre du Nord-Vietnam, de 1955 à 1976, il est devenu chef du gouvernement de l'ensemble du
Vietnam après la réunification, jusqu'en 1986. Il avait été parallèlement vice-président du Conseil national de défense à partir
de 1976.
Sa date de naissance officielle est le 1er mars 1906; mais en privé, il maintenait qu'il était né trois ans plus tôt, dans une famille
de mandarins de la province de Quang Ngai (centre du Vietnam).
Malgré sa cécité et sa fragilité, ces dernières années, Pham Van Dong était apparu quelques fois en public, avec ses célèbres
tenues crème et ses lunettes à verres fumés. Il passait son temps à rédiger des essais politiques et ne ménageait pas ses conseils
aux actuels dirigeants.
Tout comme pour Ho Chi Minh, les observateurs se sont longtemps demandés dans quelle mesure Pham Van Dong était un
véritable communiste de coeur ou si celui qui dominait en lui n'était pas un nationaliste qui aurait été débordé par l'expérience
socialiste qu'il avait contribué à mettre en route.
Dans sa dernière interview aux médias étrangers, accordée au début de 1999 à Reuters Télévision, Dong était apparu non pas
tant marqué du sceau de l'idéologie qu'animé d'une foi inébranlable dans son peuple.
Les Vietnamiens, dans leur ensemble, voyaient en lui un homme mesuré.
Par Dean Yates - Reuters, le 2 Mai 2000.
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