Les périls du riz vietnamien
C’est un paradoxe vietnamien. Le Vietnam est le deuxième exportateur de riz au monde après la Thaïlande. Ce positionnement fait partie d’une politique commerciale très agressive sur les marché internationaux qui met le pays aux avants postes pour le riz mais aussi pour le café ou le poivre. Pourtant, Hanoi vient d’annoncer que jusqu’à nouvel ordre, il n’y aurait plus de nouveaux contrats d’exportation pour le riz. Officiellement, le pays a déjà vendu ce qui était prévu et ne fera pas plus pour la saison en cours, trois millions et demi de tonnes dont 900 000 tonnes encore à expédier.
On pourrait se réjouir pour les paysans et les exportateurs vietnamiens, pour l’économie vietnamienne de cette réussite. Mais on serait loin de la réalité. Les dirigeants vietnamiens expliquent que les conditions climatiques difficiles réduisent la production de riz. Les besoins de la population priment donc. C’est logique. Mais derrière ces explications, se dissimulent à la fois des difficultés logistiques et des pratiques commerciales douteuses. Dans le delta du Mékong, les grandes sociétés vietnamiennes exportatrices de riz, des entreprises publiques, ont de grandes difficultés à assumer l’expédition rapide des énormes quantités qu’elles se sont engagées à livrer. De plus confie un trader parisien, « les Vietnamiens vendent deux fois leur marchandise. Le premier arrivé est le premier servi. » Conséquence, ceux qui arrivent un peu en retard n’ont que leurs yeux pour pleurer sur une marchandise qu’ils n’auront jamais. Au cours des dernières années, Hanoi a souvent recouvert cela d’un voile pudique, la suspension des exportations. Ce qui pousse certains acheteurs internationaux à dorénavant éviter le Vietnam qualifié d’origine « un peu périlleuse ». Ce qui est un peu un euphémisme.
Par Jean Pierre Boris - Radio France Internationale - 29 Juillet 2004
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